964 PINOCCHIO (« ピノキオ[ルート]964) de Fukui Shozin (1991)

964 PINOCCHIO

Titre original : Pinokio Ruuto 964 – « ピノキオ[ルート]964
1991 – Japon
Genre : Cyber Punk
Durée : 1h37
Réalisation : Fukuo Shozin
Musique : Nagashima Hiroyuki
Scénario :  Fukui Shozin

Avec Suzuki Hage, Chan Onn, Hara Kyoko et Kita Kôji

Synopsis : Un savant fou confectionne en secret des androïde afin de satisfaire de vieilles femmes riches n’ayant pas pu obtenir ce qu’elles voulaient sexuellement. L’androïde 964 Pinocchio, défaillant, est jeté à la rue, et récupéré par Himiki, une sans abri aux personnalités diverses, tantôt généreuse, tantôt folle. Elle va lui apprendre à parler et à aimer tandis que les créateurs de l’androïde le recherchent dans toute la ville.

Tourné en 1991, peu de temps après Tetsuo, 964 Pinocchio reste une oeuvre peu connue du grand public, et assez rare, seul un zone 1 existe pour le moment, grâce à un éditeur se débrouillant pour nous sortir sans arrêt des perles (Nails, Visions of suffering, Red Room, les Guinea Pig, ou encore Killer pussy). Si 964 Pinocchio reste une oeuvre excellente, par moment hystérique, mettant parfois mal à l’aise, il ne parvient jamais à atteindre le choc provoqué par la vision de Tetsuo. Mais il ne faut pas chercher à trop comparer les deux oeuvres, car bien heureusement, elles différent sur bien des plans. Le film commence sur quelques plans noir et blanc du plus bel effet, avant de passer en couleur. Dans un premier temps, le réalisateur et également scénariste du film va mettre en place de manière très (trop ?) lente l’amitié qui va grandir jusqu’à atteindre un autre niveau, entre l’androïde, Pinocchio, et une sans abri, Himiki. Ils vont se rencontrer totalement par hasard dans la rue, et elle va le prendre immédiatement avec lui, sous son aile. Elle va le nourrir au supermarché, en se servant directement parmi les articles, et surtout, elle va tenter de le faire parler. Bien que très longues, ces séquences mettent dans une ambiance qui sera faussée par la suite, mais qui a le grand mérite d’intéresser, et même par moment, d’attendrir. Seule ombre au tableau, cette première intrigue est entrecoupée d’une autre intrigue, où le créateur des androïdes, créer dans le but d’assouvir les besoins sexuelles de riches femmes, va tenter de retrouver Pinocchio après sa disparition.

Ces scènes comptent parmi les moins réussies du film, mais heureusement, leur durée n’est pas vraiment conséquente… au départ. La belle histoire entre Himiki et Pinocchio va rapidement évoluer, et atteindra son apothéose après que Pinocchio ai disparut dans le métro. Himiki va le chercher partout, et ils vont finalement se retrouver. Une scène magnifique, qui ne laisse en rien présager ce qui va suivre. L’hystérie va peu à peu gagner le récit, et le réalisateur laisser libre cour à différentes expérimentations, des plus réussies… aux plus ratées, malheureusement, faisant ainsi de la deuxième partie du récit, pourtant plus intéressante et moins classique, une toute petite déception. Kimiki va se réveiller, et trouver Pinocchio en train de… « fondre », de sang rouge et jaune sortant de son corps. C’est son tour également de se « vider », ce qu’elle fera, en arpentant les différents couloirs d’une gare, vomissant à tout va, partout. Une scène dégoûtante, mais en même temps magnifique, qui met mal à l’aise, où la musique et les bruitages ont une place importante, créant le malaise. Si certains aspects déçoivent, on peut dire que le réalisateur s’est donné à 100% au niveau de la réalisation et de la mise en place sonore de son film. Une ambiance totalement dérangeante, rare, est instaurée. Mais après cette scène, sorte de coup de génie dans le film, le climat retombe progressivement. Kimiki semble avoir changée littéralement de personnalité, allant jusqu’à maltraiter Pinocchio, qui bien entendu, ne comprendra pas ce qui lui arrive. L’ambiance légère et classique de la première partie est définitivement détruite, comme si, en vomissant dans la gare, Kimiki s’était également débarrassée de son amour, de ses sentiments, remplacée par une personne beaucoup plus folle. L’histoire jouera à merveille sur ce tableau, dans un premier temps.

Seulement rapidement, les passages les moins bons du film, concernant le créateur de l’androïde, vont commencer à prendre de l’importance, et l’intrigue va se fixer sur cela. Le film va alors baisser en qualité, et dans son ambiance, tout en gardant un ton hystérique approprié, où les acteurs font de leur mieux, et n’hésiteront pas à crier jusqu’à en perdre leur voix, et énerver le spectateur, dans le bon sens du terme cependant. Le final, amplement décevant, pourra faire penser à Tetsuo, alors que la direction prise auparavant nous avait rapidement fait oublier tout cela, mais la plus grosse déception du film n’est point là. Alors que certaines scènes semblaient longues, mais justifiées dans une grande partie du récit, le final renverse la balance, nous donnant l’occasion de voir des scènes à la durée vraiment interminables, notamment lorsque Pinocchio va courir dans les rues, enchaîné. La scène s’étire, et on se demande si le but n’était pas uniquement d’allonger la durée du récit, mais devant la sincérité et la maîtrise du reste, on pensera plutôt qu’il ne s’agit que d’une erreur. Cependant, malgré ses quelques défauts, 964 Pinocchio reste une oeuvre hautement recommandable pour qui cherche du cinéma différent.

Les plus

Vraiment prenant

Très expérimental

De belles images

Une bande son qui dépote

Les moins

Un final pas fameux

Quelques longueurs parfois

En bref : Souffrant de quelques défauts et longueurs, 964 Pinocchio reste bien en dessous de son prédécesseur, Tetsuo, mais reste tout de même un film expérimental ancré dans la mouvance cyber punk des plus passionnant et dérangeant.

8 réflexions sur « 964 PINOCCHIO (« ピノキオ[ルート]964) de Fukui Shozin (1991) »

  1. Ayant vu ce film il y a 1 mois environ, j’en garde un excellent souvenir !
    Etant donné que je regarde les 3/4 de mes films avec un casque, avec la bande son, je suis ressorti totalement épuisé à la fin du film mais heureux ! J’adore ce film, il joue beaucoup sur le côté sensoriel. Comme la musique industrielle des années 80/90 que j’apprécie énormément.

    Sur le dvd de 964 pinocchio, il y a également un court métrage de Shozin Fukui. Il s’appelle « Caterpillar » et c’est encore plus expérimentale que le film. ^^ Personnellement, j’adore !

    Par contre, je ne l’ai pas vu sur ton blog mais je te conseille vivement l’autre film de Shozin Fukui : Rubber’s lover. C’est une pseudo suite à 964 pinocchio mais il est vraiment bien. (peut-être un peu moins bien de celui-ci)

    En tout cas, j’aime bien ta critique.

    1. Je l’ai Rubber’s Lover, mais toujours pas eu le temps de me pencher dessus, comme tu peux t’en douter avec tout ce que j’ai déjà critiqué, j’ai encore beaucoup de trucs à voir et à critiquer… ça prend du temps. Je vais déjà tenter de me pencher sur le court métrage qui est sur le dvd que je n’avais même pas pensé à voir 🙂 Merci de ton avis 🙂

      1. En effet, n’ayant pas de blog, j’oublie le côté rédaction de la critique + se relire etc … ! :p Ça doit être du taff de tenir un blog.
        Excuse me !

        1. Le plus long c’est finalement de trouver le temps de regarder tous ces films… Et quand tu trouves le temps, tu enchaines, et après t’as 40 critiques à écrire d’un coup (mon soucis actuellement, et comme je veux pas en mettre 40 d’un coup en ligne… haha)

  2. Ah oui c’est clair ! Au compte gouttes, c’est mieux ! Parce que 40, ça va en faire des commentaires à écrire pour moi aussi !!! :p surtout que tu réponds souvent (ce qui est cool !) donc on est mal barré !!!

    1. Oui, j’essaye de jamais mettre plus de 3 par jours lol (je dis 40, nouvelles, mais j’en ai encore 300 anciennes à poster ici…. Pour ça qu’il n’y a quasi rien après la lettre R)
      J’aime bien parler de ma passion, et tout le monde ne connait pas 964 PINOCCHIO, donc forcément, je suis content mdr

      1. Énorme !!!! 300 !!! (This is Spartaaaaaaaa oh oh oh ;p)

        C’est cool car tu n’es pas prêt de ne plus mettre à jour ton blog.

        Hormis avec toi ou Oli, dans la vraie vie, je ne peux pas parler de cette passion car personne ne s’y intéresse !
        Donc comme tu as dis, quand je parle avec quelqu’un qui connait des films que j’ai apprécié, c’est juste le top du top !!

        Je ne te dérange pas plus pour ce soir car je vais justement regarder un film puis quelques épisodes de Kamen rider mais demain je réponds à la suite de tes commentaires !
        PS : Excuse moi d’avoir était H.S. sur quelques commentaires. Si cela te gêne, n’hésite pas à me le dire, je comprendrais !!

        1. Blague facile détectée :p
          Oui c’est ça, surtout que certains jours je ne peux pas le mettre à jour, donc y a du temps encore 🙂
          Pareil, si je parle de certains films autour de moi, soit on me prend pour un fou, soit personne ne connaît… Donc j’ai arrêté d’essayer!

          Pas de soucis, tu ne me déranges pas de toute façon, même si je m’apprêtais à aller faire de même (pour être sûr d’avoir plus de critiques à mettre en ligne haha).
          Et pas de soucis pour les H.S, ça reste dans le ton du sujet, donc aucun soucis 😉 Bonne soirée à toi.

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