BABY CART : LE SABRE DE LA VENGEANCE (子連れ狼 子を貸し腕貸しつかまつる) de Misumi Kenji (1972)

BABY CART: LE SABRE DE LA VENGEANCE

Titre original : Kozure Ôkami : Kowokashi Udekashi Tsukamatsuru – 子連れ狼 子を貸し腕貸しつかまつる
1972 – Japon
Genre : Chanbara
Durée : 1h24
Réalisation : Misumi Kenji
Musique : Sakurai Hideaki
Scénario : Koike Kazuo et Kojima Goseki

Avec Wakayama Tomisaburo, Tomikawa Akihiro, Mayama Tomoko, Watanabe Fumio et Fujita Keiko

Synopsis : Ogami Itto est le seul autorisé à décapiter les seigneurs féodaux. Tout bascule suite à un conflit avec le clan Yagyu, lorsqu’il est accusé de complot contre le Seigneur du Shogun. Il fuit alors avec son fils Daigoro.

Véritable saga culte parmi les sagas cultes du cinéma Japonais des années 70, Baby Cart est l’adaptation d’un manga, culte également, des années 60. Coécrit par l’auteur du manga lui-même, Le Sabre de la Vengeance est le premier opus d’une saga de six films, dont les premiers sont réalisés par Misumi Kenji, qui tentera de se surpasser à chaque fois (le second opus sera encore plus abouti, plus violent et plus expérimental que le premier). Misumi Kenji n’est d’ailleurs pas un manchot, il aura œuvré sur la saga Zatoichi avant de se lancer dans celle des Baby Cart, et a donc une grande connaissance du genre pour mener cette adaptation à bien. Au vu du premier film, on peut l’admettre rapidement, c’était là le choix parfait. Car dans Baby Cart, mais encore plus dans sa première suite, on trouve un grand respect du manga, du genre cinématographique Japonais chanbara, mais également des influences purement italiennes venant du western spaghetti, ainsi que quelques expérimentations visuelles ou auditives totalement bienvenues, faisant de Baby Cart une œuvre à part totalement jouissive et finalement, immersive. Et ce dès sa scène d’ouverture, au propos quelque peu choquant, puisque l’on peut y voir un enfant devoir se faire hara-kiri. Une entrée en la matière proprement hallucinante qui montre bel et bien la liberté que l’on pouvait avoir à l’époque. Le réalisateur en profite dès cette scène pour montrer que son film ne sera comme nul autre, par ses choix de couleurs, de rythme, de son. Cette scène d’ouverture est surexposée au maximum, baignant dans une ambiance blanche surréaliste. Lenteur des plans, silence de la bande son, tout fonctionne à merveille.

Le réalisateur prend ensuite le temps de nous présenter l’univers dans lequel il va faire évoluer ses personnages principaux, que sont Ogami Itto et son fils, Daigoro, tous les deux en fuite, alors que Itto est accusé de trahison envers le Shogun. Posant forcément les bases de l’univers et des personnages, et commençant donc plus doucement que les opus suivants, Baby Cart n’en reste pas moins un film intéressant à tout point de vue, notamment au niveau de son personnage principal, qui nous est présenté au départ comme un simple exécuteur dénué d’émotions humaines. C’est lorsqu’il devient pourchassé par tous et qu’il va errer, comme dans les opus suivants, que la représentation du personnage et donc de la violence du métrage va changement totalement, et devenir moins froide, mais plus visuelle. Le réalisateur ira jusqu’à supprimer tous les sons de sa bande son (chutes d’eaux, pluie), pour se focaliser uniquement sur la représentation de la violence, en ne laissant que quelques rares sons de sabres qui se percutent, et en repeignant ses décors de couleur rouge après de vives geysers de sang. Et le film, tout comme son histoire et ses deux personnages principaux, trouve une puissance rare dans cette représentation de la violence visuelle face à laquelle tous les autres éléments dits cinématographiques s’effacent doucement.

Après la première vraie scène d’action se déroulant sur une chute d’eau, nous ne faisons que suivre la fuite, ou plutôt, la quête de Ogami Itto, transportant son enfant dans un landau en permanence, et le rythme s’accélère au fur et à mesure des rencontres, volontaires ou non, mais toujours vouées à se finir dans la violence visuelle la plus explicite. Ogami Itto voit son monde changer et sa vision de toute cette violence également, tandis que son fils lui, semble être né dans cette violence, et baigne immédiatement dedans vu son jeune âge. Itto le dit lui même, il a à présent quitté la vie des hommes pour prendre le chemin du démon, abandonnant toutes ces convictions derrière lui, et se lançant dans une quête qui se poursuivra de films en films. Sa vie n’est faite que de violence à présent, et son cœur n’est nourrit que par la vengeance. Ce premier opus pose toutes les bases nécessaires à un second opus encore meilleur, nous proposant une douce montée de la violence, brève mais très visuelle, et nous permet de nous accrocher à son personnage principal qui vit néanmoins, malgré son changement s’opérant au début du film et ses choix, selon des codes bien plus forts que les codes du samouraï : les codes d’un être humain.

Les plus

Violent et expérimental
Fidèle au manga
Thématique et personnages intéressants

Les moins

Un premier opus qui pose les bases sublimées par le second film

En bref : Baby Cart est le début d’une saga culte et intéressante, violente et pleine d’humanité, qui passionne dés les premiers instants.

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