LE DAHLIA NOIR (The Black Dahlia) de Brian De Palma (2006)

LE DAHLIA NOIR

Titre original : The Black Dahlia
2006 – Etats Unis
Genre : Polar
Durée : 2h01
Réalisation : Brian De Palma
Musique : Mark Isham
Scénario : Josh Friedman d’après James Ellroy

Avec Josh Hartnett, Aaron Eckhart, Scarlett Johansson, Hilary Swank, Mia Kirshner et Mike Starr

Synopsis: Dans les années 40, à Los Angeles, Bucky et Lee, deux inspecteurs, s’attaquent à une affaire de meurtre particulièrement difficile. Une starlette, Betty Ann Short, a été découverte atrocement mutilée. Ce crime tient en haleine tout le pays. Certains sont prêts à tout pour en tirer bénéfice… ou cacher leurs secrets. Quels étaient les liens de la victime avec la puissante famille Linscott ? Que vivait-elle dans son intimité, et avec qui ? Au-delà des apparences, l’enquête commence…

Le Dahlia Noir, roman culte de James Ellroy, devait être au départ adapté par David Fincher, qui quitta le projet, et fut remplacé par Brian De Palma. Bonne nouvelle que ça, De Palma, réalisateur des géniaux Phantom of the paradise, Snake eyes, Blow out et tant d’autres. Les critiques ont incendiées, en général, le film, autant critiques que public. Les raisons ? Livre trop condensé, interprétation mauvaise, obsessions de De Palma trop présentes. Qu’en est-il vraiment ? N’ayant pu lire encore le pavé de Ellroy, cette critique se concentrera sur le travail du film uniquement, et son fonctionnement (ou pas) indépendant.

Dés le départ, le récit nous plonge dans une sombre histoire de polar dans les années 1940 à Los Angeles. Les décors sont superbes, idem pour les costumes, l’illusion est parfaitement créée. Un bon point pour le film, au niveau de la reconstitution historique. La partition de Mark Isham aide aussi à l’immersion dans cet univers, tout comme la photographie, très belle, jouant sur différents niveaux selon les scènes (classique et chaude en générale, sombre et granuleuse dans certaines séquences, dont le début, très beau noir et blanc pour les auditions d’Elizabeth Short). Un très beau travail de mise en scène donc. L’histoire met en scène sans aucun doute de gros points du roman, comme, bien entendu, le meurtre du film, mais aussi les sujets de la corruption dans la police de Los Angeles, ce genre de choses, et les obsessions permanentes de ce génial réalisateur qu’est Brian De Palma. On retrouve donc les femmes fatales, le voyeurisme, la manipulation des différents personnages si chers à De Palma. Côté thème et réalisation, rien ne cloche. Surtout que De Palma signe ici de très belles séquences, on pense notamment à l’ouverture, au combat de boxe (reste de Snake Eyes), mais bien entendu, comme dans la plupart de ses films, le final, ou la séquence de l’escalier (sans landau cette fois). On peut ainsi y voir également des hommages à ses propres films. Un petit plaisir, qui cache pourtant de gros points noirs.

Mais il y a forcément donc les points noirs. L’interprétation varie énormément selon les acteurs. Josh Hartnett reste fidèle à lui-même : il joue mal. Ce n’est pas ce film qui changera la donne, loin de là. Il ne convient pas du tout au personnage. D’ailleurs, les personnages masculins en général ne sont vraiment pas très bien interprétés. Et pourtant, Josh Hartnett était rattaché au projet depuis bien longtemps, bien avant que le film ne se fasse véritablement. Les actrices s’en sortiront un poil mieux, même si elles ne se donnent jamais vraiment à fond : Scarlett Johanson est magnifique, mais ne retrouve jamais sa fraicheur et son talent de ses chef d’œuvres, comme par exemple le magnifique Lost in translation, ou encore Match Point et Scoop de Woody Allen. Hillary Swank, aperçue récemment dans Million dollar baby de Clint Eastwood, est également sublime, et c’est sans parler de la magnifique Mia Kirshner, jouant la défunte Elizabeth Short, qui étincelle dans le peu de scènes où elle apparaît. Une interprétation plutôt moyenne dans l’ensemble, faisant grandement baisser la qualité de l’entreprise. Brian De Palma lui-même ne se donnera pas à fond au niveau de la mise en scène. Si elle s’avère correcte et que l’on reconnaît son style, certains diront qu’il continue sa descente après Mission to mars et Femme fatale (pourtant agréable).  Mais l’autre gros défaut du film fait lui aussi son apparition.

L’intrigue. Prise d’après le roman de James Ellroy, on sent rapidement que l’histoire est condensée, à un tel point que l’on ne sait jamais vraiment dans quelle direction l’intrigue va partir, et que le rythme du film baisse grandement par moment, sans prévenir, nous sortant ainsi du métrage. Si cela ne pose pas réellement de problèmes en début de récit, qui pose les personnages et quelques intrigues secondaires (pourtant relativement mauvaises), la vraie histoire arrive assez tardivement donc, mais on sent qu’il manque des bouts, que tout va vite, alors qu’il ne se passe pas spécialement grand-chose de passionnant. Il arrive par moment que le récit soit assez confus, et que le spectateur soit un peu perdu. Pire, lors d’une très petite partie, il peut arriver que le spectateur décroche totalement de l’aventure, la faute à un manque d’action. Pire encore, le final arrivera un peu comme un cheveu dans la soupe, comme si De Palma aurait totalement délaissé son œuvre en cours de route. Cependant, il reste tout de même de bons moments dans ce film, quelques séquences d’anthologies, qui nous rappellent bien qu’il y a toujours de bonnes choses dans un film de De Palma, même mineur ou raté. C’est le cas avec Le Dahlia Noir.

Les plus
La scène des escaliers
Bonne reconstitution d’époque
Quelques beaux plans
Les moins
Des acteurs souvent à côté de la plaque
Un scénario confus
Un rythme inégal
Un final ridicule

En bref : Des qualités, des défauts, mais des moments d’anthologies et une bonne ambiance en général. Malgré tout, cela ne sauve pas le film de ton semi naufrage.

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