EVIL DEAD TRAP 3: BROKEN LOVE KILLER (ちぎれた愛の殺人) de Ikeda Toshiharu (1993)

EVIL DEAD TRAP 3: BROKEN LOVE FILLER

Titre original : Chigireta Ai No Satsujin – ちぎれた愛の殺人
1993 – Japon
Genre : Thriller
Durée : 1h41
Réalisation : Ikeda Toshiharu
Musique : Kira Tomohiko
Scénario : Ishii Takashi

Avec Sano Shirô, Yokoyama Megumi, Yo Kimiko, Yamada Tatsuyo et Imai Kenji

Synopsis: Une jeune femme de la police de Tokyo enquête sur ce qui ressemble à un suicide dans une école : une jeune femme se jette du toit, en laissant une note derrière elle. Elle serait apparemment enceinte de son professeur de sport. Cet incident réouvre le dossier d’une vielle enquête d’il y a cinq ans, concernant la disparition d’une jeune femme, soit disant enceinte du même professeur.

Evil dead trap 3 est un film à part, assez méconnu. En réalité, on pourrait plutôt dire totalement inconnu, et le nombre de spectateurs l’ayant vu hors du Japon doivent se compter sur les doigts d’une main, tant le film est rare. Réalisé en 1993 par l’équipe du premier film, absente du second épisode, le film n’est sortit qu’au Japon, à l’époque, et depuis, plus rien. Aucune sortie DVD, peu importe le continent, le film n’est jamais sorti. Pour le trouver, un seul moyen de nos jours : parvenir à mettre la main sur une VHS d’époque, japonaise bien entendue. Autant dire qu’un vrai mystère entoure le film, resté dans l’ombre depuis bientôt 20 ans maintenant, et sans doute malheureusement destiné à le rester. Malheureusement, car le film relève le niveau de la saga, tout en prenant une direction totalement différente. Après un premier épisode hommage au giallo, superbe, un second épisode verra le jour. Très sanglant, n’ayant rien à voir avec le précédent, ce second film était très décevant, était très banal, et ne contenait que peu d’intérêt, excepté dans son final, excellent. Réalisé par Ikeda Toshiharu, réalisateur du premier opus, ce dernier épisode tente de relever le niveau. Et il y parvient de manière plutôt surprenante, car ce film déçoit pour ce que l’on attendait de lui et surprend pour le reste. Le scénario est signé Ishii Takashi, déjà auteur de celui du premier opus, et réalisateur par la suite de l’excellent Freeze Me. En quelque sorte, on peut d’ailleurs trouver les prémices de Freeze Me dans Evil dead trap 3, dans le thème du froid et une certaine ambiguïté dans les personnages.

Le scénario s’avère dans un premier temps assez classique, et surtout, assez lent avant de démarrer, de se mettre en place. Ce que le spectateur attendra… n’arrivera jamais vraiment. Le premier opus parvenait à marier une superbe ambiance avec des meurtres brutaux et graphiques, dans une ambiance rappelant la période d’or du cinéma italien. Ici, le côté sanglant est totalement mit de côté. Ceux qui s’attendent à de nombreuses effusions de sang seront fortement déçus. L’histoire du film permettait quelques débordements, mais il n’en est rien.  Mais ce n’était pas ce qui motivait le réalisateur à faire cette fausse suite. Le film prendra l’allure d’une enquête policière, et s’y tiendra jusqu’au final. Après un plan d’ouverture promettant beaucoup, sur le bord d’une plage, entourée par les oiseaux, où gît un corps décapité et démembré, l’histoire se recadre directement sur le professeur Tetsuro Muraki dans un premier temps, nous faisant oublier l’introduction pendant une bonne partie du film. Nous nous retrouvons en face d’un professeur, classique, limite modèle en apparence. Dur travailleur, il enseigne l’histoire (de manière parfois sordide) et le kendo, ce sport de combat typiquement japonais. Le temps d’une scène, tout semble basculer. Notre professeur modèle ne semble pas l’être. Sur le toit de l’école, où il s’exile pour fumer, il discute avec une étudiante, qui lui dit être enceinte de lui. A peine quelques jours plus tard, la jeune femme se suicide, en se jetant du haut de l’école, et laissant une lettre. L’enquête est ouverte par la jeune Yoko, et si la cause de la mort est belle et bien le suicide, elle décide de fouiller plus loin, ce qui a pour action de rouvrir le dossier de la disparition d’une jeune femme cinq ans plus tôt, vraisemblablement enceinte elle aussi du même professeur, Tetsuro. Avec l’aide d’un autre policier, Yoko va surveiller le professeur et sa maison. Elle va sentir la présence de quelqu’un d’autre dans la maison, et suivre une mystérieuse voiture rouge sortant de là. Son enquête la mènera dans les bas fonds de la ville, dans des clubs lesbiens, puis dans un petit village près de Tokyo, Izumo. Village important dans la mythologie japonaise.

Rien de bien palpitant à première vue, mais la psychologie des différents personnages et la mise en scène valent le détour, et sauvent grandement le film, dont l’histoire met vraiment son temps avant de se dévoiler. Yoko finira par mettre en relation son enquête avec le drame qui se déroule dans le village de Izumo. C’est-à-dire les corps retrouvés démembrés. La curiosité de ses meurtres est que certaines parties des cadavres sont retrouvés congelés. Takashi Ishii, le scénariste, exploite déjà, quelques années avant Freeze me, le thème du froid, d’une manière assez similaire. Le réalisateur s’en donnera à cœur joie, éclairant ses décors de couleurs très froides, d’une légère brume, donnant une ambiance assez particulière à son métrage, ambiance soutenue par la magnifique musique de Tomohiko Kira, déjà responsable de celle du premier opus. Le thème est superbe et contient des notes assez obsédantes. Malgré la brutalité des crimes commit, le sang ne fusera pas dans le film, et sera même absent. Les scènes sanglantes seront plutôt mises en avant par l’éclairage du film, devenant alors beaucoup plus chaud, avec des teints orangés. Si dans le fond, le film reste très classique et ne s’envolera jamais vraiment, même chose au niveau du rythme, il nous fera passer un bon moment, qui jamais n’ennuie. L’enquête se révèle tout de même passionnante, jusqu’à la révélation finale, et on parvient à oublier quelque peu l’épisode intermédiaire. Dommage que Evil dead trap 3 reste dans l’ombre et reste surtout inconnu.

Les plus
Mise en scène solide
Bon thème musical
Acteurs bons
Les moins
Un peu classique et déjà vu
Rythme lent

En bref : Une réussite visuelle, aidée par des personnages intéressants. Rien de transcendant, rien de bien sanglant, mais ça se suit avec intérêt.

4 réflexions sur « EVIL DEAD TRAP 3: BROKEN LOVE KILLER (ちぎれた愛の殺人) de Ikeda Toshiharu (1993) »

  1. J’avais été très surpris par celui-ci aussi.

    Pas de quoi sauter au plafond, rien de bien extravagant ou novateur mais un film assez honnête en totale cohérence avec ses ambitions.

    J’avais vraiment adoré Evil Dead Trap en le découvrant, j’avais des attentes énormes pour la suite mais j’ai vite déchanté, quel changement de ton…

    Je n’ai pas revu la suite ni le (faux) troisième depuis l’époque, je ne sais pas si le fait d’avoir enchaîné les trois m’a fait apprécier celui-ci plus que de raison mais en effet, il gagnerait à être plus connu.

    Incompréhensible que le second épisode d’Hashimoto ait eu droit à une ressortie blu-ray (de fort bonne facture) mais pas celui-ci.

    1. Je me suis toujours juré de revoir ce EVIL DEAD TRAP 3, surtout maintenant que j’ai les deux premiers en blu-ray, mais la qualité VHS fait que… Surtout que je pensais l’avoir en bonne qualité, je l’avais acheté en dvd sur ebay, au final c’était évidemment un faux dvd contenant le film dans le format qu’on connait tous.
      Le premier EVIL DEAD TRAP est génial, et cette musique en plus ! Ce troisième est, quand on connait bien le réalisateur et le scénariste, tout à fait cohérent avec ce qu’ils font en général lors de ces années là (une des raisons pour laquelle je veux le revoir d’ailleurs). La première suite, j’avais détesté à l’époque, mais l’ayant en BR, je vais finir par lui redonner une chance, mais je m’étais pas mal ennuyé, et j’ai du coup beaucoup de craintes, je n’arrive pas à me motiver, surtout vu tout ce que je dois découvrir pour la première fois. En tout cas, le troisième n’étant sorti, légalement, qu’en VHS, je pense que le sortir en blu-ray demanderait un éditeur fou (pas un petit éditeur comme Le Chat qui Fume donc, un qui a les reins solides financièrement) car à mon avis il faudra financer soi-même la remasterisation à partir d’un master qui a dû vieillir et subir les années surtout, là où les précédents ont pu au fur et à mesure des années avoir droit à un peu d’amour et de restauration pour le résultat nickel qu’on a aujourd’hui.

      1. Des quelques souvenirs (douloureux) que j’ai du second, le revoir n’est pas dans mes prios non plus mais la ressortie blu-ray m’a intriguée à l’époque: c’est un beau résultat pour un film qui n’en méritait pas tant je trouve, mais bon, le travail de préservation est toujours très appréciable.

        Depuis quelques années on a quand même pas mal de chance sur les ressorties de films asiatiques, les gros classiques (et moins classiques) de CAT III ont été bien exhumés, ça change des DVD faits à l’arrache sur une capture de laserdisc aux sous-titres délirants (nostalgie quand même).

        Un peu moins d’engouement coté japonais quand même j’ai l’impression, mais progressivement de belles choses ressortent.

        Pour Evil Dead Trap III, en effet, hormis en VHS, aucun format officiel.
        Du coup j’avais fini par récupérer un rip en ligne assez « propre », en tout cas sans dommage visible, bien plus net que les captures de l’article (si elles viennent de ton DVD, en effet, c’est pas ouf !).

        1. Après il est possible que le détenteur des droits du premier film ne les vendait que si les droits du second étaient acheté avec, certains font ça et vendent en pack, donc ça ne m’étonne en réalité qu’à moitié. Je trouve ça juste dommage, même si fausse trilogie, que du coup le troisième reste sur le bas côté.
          Il y a un gros regain d’intérêt, en priorité pour le cinéma HK avec Spectrum Films, Carlotta qui s’y était mis aussi (faudra que je prenne THE MOON WARRIORS tiens) et Le Chat qui Fume qui en prépare de bien bons (UNE FLIC DE CHOC, LA SEPTIEME MALEDICTION, ce genre de belles choses). Le cinéma Japonais reste à la traine, il ne passionne plus autant le public qu’il y a 20 ans (nouveau public, plus tourné vers l’animation aussi, ça joue), mais certains éditeurs s’y mettent. On a eu de la chance d’avoir DOOR 1 et 2 chez Carlotta même si là aussi, laisser le 3 dans l’ombre alors que réalisé par Kurosawa, c’est étrange comme choix. Il y a aussi l’éditeur Roboto Films qui vient d’arriver et se focalise sur le cinéma Japonais, même si je me suis fais avoir, en rentrant en France, leur coffret GAMERA était déjà épuisé… Mais apparemment ils prévoient un repressage pour début 2025, bonne initiative de leur part.

          Mes captures ici proviennent en effet de mon DVD pirate, et c’est pas la joie comme tu le vois. A l’époque où j’avais écris dessus il y a bien 20 ans, j’étais sur un tout petit écran, donc on va dire que ça passait, mais aujourd’hui, ça doit bien piquer, surtout quand tu enchaines les films en 1080p, voire en 2060p.

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