Titre original : Ekusute エクステ
2007 – Japon
Genre : Fantastique
Durée : 1h48
Réalisation : Sono Sion
Musique : Asegawa Tomoki et Sono Sion
Scénario : Sono Sion, Adachi Masaki et Sanada Makoto
Avec Kuriyama Chiaki, Satô Megumi, Tsugumi, Satô Miku et Osugi Ren
Synopsis: Une jeune femme est découverte morte dans un énorme container ne contenant que des cheveux. Ramenée à la morgue par la police qui mène l’enquête, Yamazaki, qui travaille là bas, est un fétichiste des cheuveux, il récupère le corps et le ramène chez lui. En se rendant compte que les cheveux du cadavre continuent de pousser, il va les couper et les vendre à des instituts de coiffure en tant qu’extensions. Il passera par le salon de coiffure ou travaille Yuko, qui vient de récupérer sa nièce, laissée par sa peste de sœur.
Sono Sion est un réalisateur bien connu pour ses expérimentations narratives, et pour ses films géniaux. On lui doit les géniaux Suicide Club et sa fausse suite, Noriko Dinner’s Table. Il avait aussi signé Strange Circus, un de ses films les plus durs, avant de nous livrer un Love Exposure de 4h. Exte : Hair Extensions est vraiment son premier film commercial. Et donc, qu’est ce que ça donne quand il s’attaque à un film commercial sur des cheveux qui tuent ? Quelque chose heureusement de très différent de The Wig. Pour autant, il livre un métrage très étrange, où semblent se mélanger trois intrigues, et donc, trois tons totalement différents qui vont déséquilibrer le film et qui parfois vont discréditer les autres parties. Ce qui n’empêche pas Exte d’être un film plus qu’agréable. Explications. Le tout commence franchement très bien, avec la découverte d’un cadavre dans un gigantesque container. Outre le cadavre, ce container ne contient que des cheveux, pour des extensions, chose dont les japonaises raffolent, et venant la plupart du temps de Chine. La jeune femme a été la victime d’un trafic d’organes. Triste fin… Aussitôt ramené à la morgue, Yamazaki, qui travaille là bas, joué avec excentricité par un Osugi Ren (Crazy Lips, MPD Psycho, Postman Blues) possédé, fasciné par les cheveux, va capturer le corps de la demoiselle, qui possède un étrange pouvoir. Ses cheveux continuent de pousser, sortant par chaque plaies ou orifices : les yeux, les ongles, une plaie au ventre. La première intrigue du film tournera autour de Osugi Ren, qui va ramener le cadavre chez lui, et l’entretenir, couper ses cheveux, et les vendre à différents salons de coiffures. Cette partie mise beaucoup sur l’humour et l’excentricité de Osugi, et en tant que telle, elle fonctionne à merveille. Malheureusement, au sein même du film, à côté des deux autres intrigues, elle ne fonctionne pas vraiment et pire, retire son impact à certaines scènes qui auraient pu être bien flippantes.
A côté de ça, nous avons une intrigue, celle prenant le plus de place dans le métrage d’ailleurs, où nous faisons la connaissance de Yuko, jouée par Kuriyama Chiaki, bien connue du spectateur occidental pour avoir joué dans Battle Royale de Fukasaku Kinji, et bien entendu dans Kill Bill Volume 1 de Quentin Tarantino. Des films où elle jouait souvent des rôles assez durs. Ici, elle joue l’opposé, et dévoile donc une toute autre facette de son jeu, en nous montrant un côté plus… mignon et surtout beaucoup plus fragile. Elle est absolument convaincante dans son rôle, qui lui convient à merveille. On aurait même du mal à croire qu’il s’agît de la même actrice. Enfin, assez d’éloges, Yuko est une apprentie coiffeuse, qui travaille dur pour y arriver. Elle vît en colocation avec une amie. Sa vie est belle, mais tout va basculer, avec l’apparition dans son quotidien d’une horreur bien réelle, avec sa sœur. Personnage détestable au possible, qu’on a envie de baffer dés qu’elle apparaît à l’écran, personnage qui maltraite sa fille, Mami, et qui la confie à Yuko quand ça l’arrange. La grande réussite du métrage se situe dans cette partie, qui fera monter en nous une colère noire pour ce personnage. Mami, traumatisée par ce traitement, se révèle touchante, s’excusant sans arrêt, étant d’une extrême politesse, et étant souvent en larmes. Cette partie, refaisant surgir une partie du passé de Yuko, est bel et bien le meilleur moment du métrage, où l’horreur est humaine, et donc bien plus effrayante, car réaliste. Mais, et donc, dans tout ça, l’horreur, les fantômes ?
C’est là qu’arrive la troisième intrigue du film on va dire, où Yamazaki, toujours joué avec folie par Osugi Ren, qui en profite pour mettre parfois des perruques, va distribuer un peu partout des mèches de cheveux de la défunte comme extensions dans les salons de coiffure. Et les cheveux vont n’en faire qu’à leur tête, enfin, du moins sur les têtes où elles iront. En soit, les différentes attaques de cheveux évitent toujours le ridicule et s’avèrent impressionnantes à l’écran. Lors d’une scène, Sono Sion parviendra même à déranger, lorsque la coiffeuse essayant les extensions se retrouve avec les mèches rentrant dans ses oreilles alors qu’elle s’occupe d’une cliente. Celle-ci aura droit, tout comme le spectateur, a un aperçu de ce qui est arrivé à la défunte dont les cheveux sont à présent en elle. Une scène dérangeante, où Sono s’amusera avec le spectateur en contrastant au maximum l’image et le son, avec une petite musique de noël douce. Une scène forte, assurément. Le reste des scènes à cheveux seront pour la plupart très impressionnantes, on a vraiment l’impression que ces masses de cheveux sont en vie et douées de raison, et malgré quelques points pouvant faire rire (les cheveux sur la longue, le final également, puisque tous les personnages se retrouvent au même endroit), l’ensemble se tient et reste très divertissant. Sono Sion a juste voulu changer souvent de ton et mélanger trois histoires pour les relier, mais il signe encore une fois un bon film. Par la suite, il se rattrapera bien en signant Cold Fish et Guilty of Romance.
Les plus
Les personnages très bien écrits
Bien réalisé
De bons effets spéciaux
Les moins
Les changements de tons ne fonctionnent pas toujours
En bref : Sono signe un film plus grand public où il mélange les intrigues et le ton de son métrage. Tout ne fonctionne pas, mais certaines personnages font mouche, et l’ensemble tient la route.