2009 – Italie
Genre : Giallo
Durée : 1h32
Réalisation : Dario Argento
Musique : Marco Werba
Scénario : Jim Agnew, Dario Argento, Sean Keller
Avec Adrien Brody, Emmanuelle Seigner, Elsa Pataky et Robert Miano
Synopsis: Milan est sous le feu des projecteurs car elle est, pendant quelques semaines, la capitale de la mode. Mais pas seulement. Elle est aussi le théâtre de plusieurs crimes barbares commis par un tueur que l’on surnomme « Giallo ». La célèbre Top Model Céline a disparue, semble t’il kidnappée par le fameux tueur en série. Sa sœur, l’hôtesse de l’air Linda va faire équipe avec l’inspecteur Enzo Lavia pour essayer de la retrouver avant qu’elle ne subisse le sort horrible des autres victimes.
Dario Argento, autrefois auteur de films cultes qui ont marqués les spectateurs, dans les années 70 et 80. Pour beaucoup, il était mort à partir de Phenomena en 1984 (juste après le chef d’œuvre Ténèbres en 1982). A mon goût, Phenomena restait un petit bijou, et la chute commença en 1987 avec Opéra, œuvre plastique parfaite, mais au scénario affligeant. Mais Argento montrait encore au détour de quelques films qu’il n’était pas mort, comme dans le bon, bien qu’inégal Le Syndrome de Stendhal (avant d’enchaîner sur son pire film avec Le Fantôme de l’Opéra), ou le réussi Le Sang des Innocents. Même Card Player, bien qu’à des années lumières de ces meilleurs giallo, trouvait encore de l’intérêt à mes yeux, Card Player bénéficiant de quelques scènes intéressantes, d’un rythme sympathique et d’un bon final, en plus d’une bande son techno réussie. Giallo, longtemps inédit en France, est considéré comme un des pires Argento, pire encore que Card Player, descendu par 99% des fans de Argento. La vision du métrage se fait donc avec d’énormes à priori, et une peur constante de voir un film dans la veine du Fantôme De L’opéra. Le film s’ouvre justement sur un spectacle d’opéra (ce lieu plait vraiment à Argento, même si en général il s’agît de ces pires films lorsqu’il place l’action dans ses lieux). Mais ce sera bref, deux spectatrices japonaises quittent le lieu, et on se retrouve en boite de nuit avec musique techno. Une ambiance plus proche des derniers Argento (bien que la musique ne soit pas de Claudio Simonetti ici), et en parallèle, le tueur est là, en voiture, vers sa prochaine proie. N’en déplaise à certains, on retrouve dans ces premiers instants le Argento de Card Player, c’est à dire qu’il va jouer sur des effets qu’il utilise depuis ses tout premiers giallos, tout en réalisant un film sobre dans sa mise en scène. On pourra se dire qu’elle est bien loin la période de Ténèbres et son final sanglant de toute beauté. On retrouve en effet le même style visuel et une musique parfois similaire. Malheureusement, on y retrouvera d’autres choses de similaires, qui passeront beaucoup moins, et cette intro commence déjà à enterrer le film 6 pieds sous terre.
Des scènes pourront sembler similaires entre Card Player et Giallo, ainsi qu’une grande partie de la narration. Argento voulait faire un nouveau giallo pour rendre hommage eu genre, il a oublié qu’il avait déjà voulu, et réussi à faire le giallo ultime avec Ténèbres. Dans les premières minutes, afin de lancer la mécanique du métrage, Céline, top modèle, jouée par Elsa Pataky (Beyond Re-Animator) se fait capturer par le fameux tueur. Argento ira jusqu’à nous montrer furtivement des bouts de son visage, le tueur utilisant toujours la même technique pour attraper ses victimes : il les prend en taxi, les amène dans un lieu à l’abri des regards, les anesthésie, puis les amène dans son antre (délabrée et rappelant un brin celle de Card Player). Elsa Pataky ne démontre pas un énorme talent, avec un jeu assez similaire à celui de Beyond Re-Animator, mais reste, bien malheureusement, sans doute la meilleure actrice du métrage, et il n’en faut pas plus pour lancer l’enquête du métrage. Sa sœur Linda venant d’arriver en ville va se rendre à la police pour signaler sa disparation, et elle rencontrera Enzo (Adrien Brody), qui mène l’enquête sur les meurtres de ce tueur. Les deux vont s’allier assez rapidement pour retrouver le tueur, et par la même occasion, Céline. Un scénario simpliste ou tout s’emboite le plus simplement du monde, qui ne réservera rien d’intéressant, autant dans ses retournements de situations, dans ses personnages ou autre. Même Argento semble ne pas y croire. Toute l’histoire de Giallo est inintéressante et a déjà été vue ailleurs, pareil pour le développement des personnages. Argento fait donc du Argento, purement et simplement. Le problème, c’est qu’il le fait mal, dirige mal ses acteurs, et que son scénario est mauvais.
L’ensemble de son métrage semblera vain et peu original, même si le scénario n’est pas écrit par Argento, et ne nous offrira aucunes surprises. Nous aurons bien quelques débordements sanglants, mais rares et furtifs, bien loin de ce que Argento avait pu faire par le passé (de ce côté, Giallo lorgne encore du côté de Card Player), comme un meurtre au marteau, doigt coupé, cela reste gentil. Au détour d’une séquence, flashback du passé de Enzo, Argento surprendra en livrant une scène dotée d’une réalisation inhabituelle de sa part, se rapprochant plus du cinéma de Gaspar Noé de par son utilisation des couleurs oranges et rouges, et par des mouvements de caméras au sein des pièces, souvent de travers. Un aspect étrange qui surprend et qui…. non ne fonctionne absolument pas. Autre chose surprenante, normalement, l’identité du tueur n’est dévoilée que dans les tout derniers moments de ses métrages. Ici, le tueur nous est montré de face en moitié de métrage. Nous ne savons pas de qui il s’agît, mais nous pouvons l’identifier physiquement. Malheureusement la psychologie du tueur sera également des plus pauvres, bien que tout de même plus développé que dans un Card Player. Giallo est donc un film bel et bien déséquilibré, le scénario tout comme la mise en scène y sont pauvres, la direction artistique également, et la composition musicale aussi. Simonetti aurait pu donner plus de peps aux images que le compositeur du film, Marco Werba. Pour autant, on ne s’ennuie pas totalement, quelques idées se retrouvent éparpillées par ci par là. Mais Giallo se traîne tout simplement trop de défauts pour être même un métrage acceptables. Même le pauvre Adrien Brody semblera se demander ce qu’il fait là, passant son temps dans son bureau à dire bêtement ses dialogues en touchant deux ou trois stylos. Bien entendu, l’ensemble du casting n’est pas aidé par les dialogues tout comme les différentes situations. En attendant de voir son futur Dracula 3D…
Les plus
Parfois quelques petites idées
Les moins
Réalisation sans âme
Acteurs totalement à l’ouest
Scénario classique, vide et pas intéressant
En bref : Inégal, faiblard, scénario basique sans étincelles, mise en scène généralement peu inspirée, Giallo est bel et bien le pire d’Argento.