Titre Original : The Gate II Trespassers
1990 – Canada
Genre : Fantastique
Durée : 1h33
Réalisation : Tibor Takacs
Musique : George Blondheim
Scénario : Michael Nankin
Avec Louis Tripp, Simon Reynolds, James Villemaire, Pamela Segall, Neil Munto, James Kidnie, Irene Pauzer et Larry O’Brey
Synopsis: 5 ans après les évènements du premier opus, Terry se sent bien seul depuis le départ de son meilleur ami. Il se replie sur lui-même et dans l’expérience sur l’autre monde qu’il a vécu auparavant. Lors d’une invocation, il est dérangé par un gang et les portes de l’enfer restent ouverte, un mignon arrive sur Terre.
Le premier The Gate, connu à l’époque de ces diffusions sur M6 La Fissure, a toujours été un film avec lequel j’ai eu une relation disons, conflictuelle. Découvert très jeune et adoré, puisque j’étais le public visé par ce film horrifique grand public, la redécouverte à l’ère du DVD, en étant plus âgé, et dans une « magnifique » édition recadrée en 4/3 et avec une VF imposée à l’heure où les versions Françaises n’existaient plus pour moi me fit l’effet inverse, je détestais The Gate. Puis vint l’heure de la HD, de la VO, du format original respecté, et de la redécouverte, dans de bonnes conditions et avec un esprit plus mature, et non, The Gate, bien que visant un public jeune, c’est fort sympathique. Et bien tout ça, vous pouvez également le retranscrire sur sa suite, The Gate 2, suite beaucoup moins connue (certains ont même récemment appris son existence). Découverte à la télévision en étant jeune, avis positif, puis redécouverte dans un magnifique DVD recadré en 4/3, avec VF imposée et avec un transfert digne d’une VHS délavée, détesté, puis redécouverte en belle copie HD et en VO, et c’est tout de suite beaucoup mieux. Tout en étant déjà inférieur au premier film, et bien bancal sur beaucoup d’aspect, mais cette première et dernière suite, toujours réalisée par Tibor Takacs et scénarisée par Michael Nankin peut au moins se vanter de ne pas faire un The Gate bis, mais plutôt d’étendre son univers, et ça, c’est tout à son honneur. Mais si The Gate fut un succès à sa sortie, The Gate 2 lui n’a pas eu le même destin. Tourné fin 1988, la société devant distribuer le film coule, les droits sont vendus, et The Gate 2 trainera dans des cartons, jusqu’en 1990 pour quelques heureux pays, jusqu’en Mai 1991 pour le Canada, son pays d’origine, et carrément jusqu’en Février 1992 pour les Etats Unis. Et pour ne pas aider donc, si le premier fut un petit succès en étant PG13, cette suite se déroulant 5 ans après, et donc avec des personnages un peu plus vieux, se fait plus mature, et récolte un R-Rated.
Mais pourquoi pas, le potentiel public du film a lui aussi des années de plus. Takacs donc revient, et tourne son métrage pour seulement 500 000 dollars. Une somme dérisoire vu les ambitions du métrage. Plutôt que de faire revenir son héros principal, ou de suivre la mode des films horrifiques tout public en mettant les personnages connus face à une menace très (trop) similaire façon Poltergeist et ses suites, il se focalise sur Terry (Louis Tripp), seul acteur revenant, adolescent, et à la vie difficile, son père étant alcoolique et sans emploi. Renfermé sur lui-même, Terry continue d’étudier les sciences occultes, et le film met sur sa route plusieurs personnages, qui vont s’inviter lors d’une tentative d’invocation, amenant dans notre monde un minion. Le but de l’invocation ? Faire réaliser un de ces vœux. Le prix à payer ? Les personnages vont très rapidement s’en rendre compte que les démons n’aiment pas trop être dérangés pour des futilités. D’entrée de jeu, The Gate 2 se montre plus mature que son ainé. Ses personnages sont plus âgés, les thèmes abordés iront du suicide à la délinquance, et Terry passe de jeune homme aux goûts un brin étrange à ado renfermé sur lui-même et plongé dans tout ce qui est occulte. Un joyeux programme donc. L’intention est louable, dommage que l’écriture des personnages soit parfois un peu facile, comme cette romance obligatoire que l’on voit venir à des kilomètres, et pas toujours aidé par quelques dialogues qui sentent bon les années 80, qui pouvaient peut-être paraitre cool à l’époque, mais qui aujourd’hui, font sourire pour leur côté risible. Mais on l’accepte en remettant le métrage dans le contexte de son époque (non, pas 1992, mais 1988 donc). Ce que l’on pardonne moins, c’est clairement que ces tentatives de maturité se voient parfois balayées par une poignée de scènes qui rappellent bien que oui, The Gate 2 est la suite du premier film, et donc, quelques scènes plus légères et comiques, comme lorsque Terry tentera d’attraper le petit démon dans sa chambre et s’équipera d’une tenue de hockey.
Le métrage navigue donc parfois un peu trop souvent entre plusieurs tons, alors que l’on sent clairement qu’il voudrait être plus, plus mature, plus adulte, plus sérieux. Et tout ça, c’est dommage, car derrière, la tentative de Michael Nankin pour étendre l’univers est intéressante. Le film, malgré son budget très serré, nous montrera de nombreux démons (toujours animés en stop motion la plupart du temps, et oui ça a son charme), nous passerons même le temps de quelques scènes de l’autre côté du portail (le fameux The Gate), tandis que le ton de la dernière demi-heure se fait beaucoup plus sombre, avec des décors suintant l’humidité, la crasse, notamment lors du passage dans l’usine, et ça fait clairement son petit effet. De même, vu le budget, la mise en scène de Tibor Takacs est plutôt solide, tout comme l’ensemble de l’aspect technique du métrage, entre sa photographie agréable à l’œil, ses effets à l’ancienne, une musique compétente, de bons bruitages. Là où le bas budget se ressent le plus, c’est dans la pauvreté des décors (quelques rues, une maison, un restaurant et une usine, en gros), et le nombre très limité de personnages (en gros, cinq personnages et quelques figurants le temps d’une scène ou deux). Mais rien de dramatique. Car comme pour l’original, The Gate 2 parvient surtout à être attachant, car il n’a pas la prétention d’être plus que ce qu’il doit être : une très petite série B.
Les plus
Des effets spéciaux qui ont du charme
Malgré des ratés, plus mature que l’original
Une ambiance parfois sombre
Beaucoup d’idées pour étendre l’univers
Les moins
Quelques scènes plus légères qui n’ont pas leur place ici
La romance obligatoire peu crédible
Parfois maladroit dans le traitement de ses idées
En bref : Suite méconnue, assez rare aujourd’hui, The Gate 2 a la bonne idée de prolonger son univers sans aller dans la redite, tout en se faisant plus sombre avec ses personnages plus âgés. L’intention est louable, le résultat intéressant bien que parfois bancal ou maladroit.