Titre original : Gâru Supâkusu – ガール・スパークス
2007 – Japon
Genre : Comédie dramatique
Durée : 1h34
Réalisation : Ishii Yûya
Musique : –
Scénario : Ishii Yûya
Avec Ikawa Ayuko, Inomata Toshiaki, Nakamura Mukau, Katsura Tombo et Ninomiya Rumi
Synopsis: Saeko est une lycéenne qui vît seule avec son père. Tout dans la vie lui semble ordinaire ou ennuyeux. Elle déteste le monde, et passe son temps à regarder les roquettes dans le ciel. Son père gère l’usine de clous de la ville, et une fois à la maison, se maquille en femme pour faire le rôle de mère.
Girl Sparks est un des films les plus connu du réalisateur Ishii Yuya, qui à un rythme fou, écrit, réalise et autoproduit ses films. L’on reconnaît facilement ses films à son humour et à ses personnages. Des personnages toujours marginaux, lassés par le monde qui les entoure. Girl Sparks partage d’ailleurs plusieurs points communs avec le dernier film en date du réalisateur, Sawako Decides (avec Mitsushima Hikari). Un personnage marginal, une usine dans la ville, une prise en main des responsabilités pour grandir, une chanson travaillée par certains personnages. Nous suivons ici le parcours de Saeko, une lycéenne en dernière année. Pour elle, sa vie ne se limite qu’à peu de choses. Regarder les roquettes dans le ciel, courir comme une sportive olympique jusqu’au lycée pour faire acte de présence, courir à nouveau pour rentrer chez elle et y retrouver son père. Père qui essaye de tenir à la fois le rôle de père en ramenant de l’argent à la maison avec son usine de clous et le rôle de mère, en portant du maquillage. Saeko essaye de se tenir éloignée le plus possible de son père, et des adultes en général. Pour elle, être adulte signifie avoir des responsabilités, devoir travailler, et puer. Remarque qu’elle fera sans cesse à son père, et même à une de ses professeurs, refusant ainsi qu’ils s’approchent d’elle. Saeko est solitaire, elle ne fréquente même pas les gens de son âge, elle est blasée par tout ce qui l’entoure. Même deux roquettes se percutant et explosant dans le ciel (la scène d’ouverture du film) ne provoqueront rien chez elle. Girl Sparks nous propose de suivre son parcours, son indifférence, son dégoût du monde, son cours périple à Tokyo, et finalement l’acceptation du passage à l’âge adulte, au monde du travail et au respect des autres.
Avec peu de choses, Ishii Yuya fait un film non pas inoubliable, mais rafraichissant, qui fait rire et touche au but. Le portrait des différents personnages est souvent juste ou amusant. Le réalisateur nous fait rire de situations graves (on pourrait dire que c’est cela son véritable style), et chaque personnage semble avoir son grain. Et Saeko, ayant peu de contact avec ces personnes, est le témoin de leur stupidité et des situations folles dans lesquelles ils ont le don de se fourrer, jeunes comme adultes. Le professeur qui tentera le cours d’éducation sexuelle se fera ridiculiser par ses élèves, mais finalement, il se ridicule aussi tout seul. Le jeune amoureux qui ne sait pas comment s’y prendre et qui enverra finalement d’autres personnes de la classe demander à Saeko ce qu’elle aime. Ces deux mêmes qui vont aller voir le père de Saeko pour un travail à mi temps afin d’acheter un ordinateur, et ce même pas pour eux. Ou tout simplement le père de Saeko qui pour fonder une famille va héberger chez lui ses employés, et même un clandestin sans papier. Saeko elle sera dépitée devant tous ces événements et se refermera encore un peu plus sur elle même, refusant en quelque sorte de grandir pour devenir comme tous ces gens, et de s’en approcher. Tout ce qui l’entoure l’énerve, et par moment elle piquera des crises, criera sa haine, ou donnera des baffes. Et lorsqu’on lui demande finalement pourquoi elle s’énerve, elle même ne le sait plus. Il ne s’agît que d’une accumulation, une situation qui dure depuis tellement longtemps qu’elle en a limite oublié le pourquoi. Son professeur qui ne cesse de la harceler pour savoir ce qu’elle voudra faire après le lycée, son camarade de classe qui a craqué pour elle, son autre professeur qui a aussi une attirance pour elle, mais aussi le lieu où elle vit, au milieu de nul part, par sa vie routinière, par ses règles… C’est ce mélange et cette accumulation de situation qui donnera l’envie à Saeko de courir tous les jours pour aller en cours, comme pour fuir aussi vite et aussi loin que possible tout ce qui l’a dégoute.
Il n’y a que deux choses qui attirent son attention : Tokyo, la grande ville, la capitale, et les roquettes dans le ciel. Mais même les roquettes font maintenant parties de son banal quotidien, et Tokyo reste pour elle son seul échappatoire, ce lieu qu’elle n’a jamais vu et qu’aucun de ses proches n’a vu non plus. Sur cette base pourtant classique au départ, Ishii Yuya construit un film savoureux, ponctué de blagues visuelles, de situations parfois délirantes, voir absurdes, et d’images qui nous font décrocher des sourires. Girl Sparks est bel et bien une comédie, une comédie sur des gens normaux, des gens blasés, des gens de classe moyenne (comme pour Sawako Decides en 2010), des gens comme nous finalement. Et c’est aussi pour cela que les personnages écrit par Ishii sont si attachants, parce que l’on peut s’y identifier, et rire de leurs situations, et finalement, de leur acceptation du monde qui les entoure, ce qui leur permet d’évoluer. Le cours périple à Tokyo de la jeune Saeko représentera bien son évolution, où elle se rendra compte que même dans une grande métropole, dans la grande capitale, elle n’a pas forcément sa place, et que si l’environnement qui l’entoure est différent, elle restera la même personne. Encore un rapprochement avec le plus récent Sawako Decides, où Sawako après 5 années à Tokyo retournait dans son village natal. Girls Sparks est donc un film juste, un film où les personnages sont attachants, un film où l’on peut rigoler de situations tragiques, et un film finalement où l’on ne saura jamais d’où viennent les roquettes dans le ciel, et où elles vont.
Les plus
Des personnages attachants
Des situations très drôles
Des dialogues qui font mouche
Les moins
Certaines scènes comiques paraîtront débiles à certains
En bref : Une comédie vraiment drôle et finalement touchante sur des personnages marginaux qui en veulent au monde.