Titre original : Higurashi No Naku Koro Ni: Chikai – ひぐらしのなく頃に誓
2009 – Japon
Genre : Thriller
Durée : 1h48
Réalisation : Oikawa Ataru
Musique : Kawai Kenji
Scénario : Oikawa Ataru et Ryukishi07
Avec Maeda Gôki, Matsuyama Airi, Asuka Rin, Aika, Ono Erena et Hoshi Yôko
Synopsis : En Juin 1983 dans le tranquille village d’Hinamizawa, Rena, qui vivait seule avec son père divorcé, a bien du mal à accepter la nouvelle petite amie de ce dernier qui essaie de s’incruster dans leur vie quotidienne. Cette réaction de rejet empire lorsqu’elle découvre les véritables intentions de cette femme, qui doit bientôt devenir sa nouvelle mère. Par-dessus cela s’ajoutent des évènements étranges se produisant chaque année dans le village et une mystérieuse malédiction qui fait fureur auprès des villageois…
Shrill Cries of Summer était l’adaptation de la série animée sortie en France sous le nom de Hinamizawa : Le Village Maudit, qui adaptait elle-même un visual ou sound novel sorti au début des années 2000, connu en France sous le nom Le Sanglot des Cigales. C’était Oikawa Ataru qui s’y collait pour la mise en scène et le scénario. Déjà responsable de deux des plus mauvais épisodes de la saga Tomie (le premier et le sixième, malgré un bon cinquième opus de lui également), il signait une adaptation très décevante, au scénario simplifié pas toujours habillement, et aux choix des acteurs ne respectant pas toujours ce qu’ils étaient à la base. Pire, le film peinait à installer son ambiance, alors que le scénario le permettait. Même Kawai Kenji à la musique livrait un travail en dessous de ces capacités, et très faible en comparaison de ce qu’il avait déjà fait sur la série animée. Pile un an après le premier film, un second opus sorti dans les salles japonaises, appelé à l’international Shrill Cries – Reshuffle. Mes impressions sur le premier opus ne me motivaient guère à commencer la vision de cette suite ou la même équipe rempile quasi intégralement. Et pourtant, par un dimanche soir pluvieux, me voilà à regarder la suite. Et à ma très grande surprise, j’ai apprécié. Du moins plus que le premier opus. Explications.
Si le premier opus adaptait le premier arc (la série animée et le visual novel étaient en forme d’arc, où l’on revenait sans cesse sur les mêmes événements vus d’un point de vue différent, et avec des éléments en plus, ou en moins, et une fin différente), ce second film adapte le dernier arc de la première saison. Celui-ci prend pour personnage central Rena, qui vît seule avec son père depuis le départ de leur mère quelques années plus tôt. Elle a vécu quelques temps dans une grande ville, mais suite à un incident décrit dans le premier film, elle était revenue à Hinamizawa un an avant les événements du film. Seulement non content de ne pouvoir adapter que deux arcs de la saison 1 (sur 6 arcs), Oikawa Ataru se débrouille pour insérer des éléments d’autres arcs dans son histoire, histoire de nous mettre encore plus de mystères, et toujours aussi peu de réponses, vu que le pourquoi du comment n’apparaît que dans les arcs de la seconde saison non adaptée… Autant dire donc que pour apprécier pleinement les deux films, il faut connaître un minimum la série de base, sinon, on se retrouve complètement paumé et on en vient à penser à une vaste fumisterie inutile et simpliste de la part de l’équipe.
Comparé au premier film, Oikawa parvient à supprimer certaines tares de son cinéma. A savoir, ce qui était souvent le plus gênant : son film n’est pas chiant ! Oh, miracle. En effet, il parvient a bien travailler son rythme. Les vingt premières minutes seront très fidèles à la série animée, malgré quelques scènes supplémentaires, servant à renforcer les liens entre les différents personnages, en particulier Mion et Keiichi. Ça fonctionne plutôt bien, et Oikawa semble s’appliquer un peu plus dans sa mise en scène également. On découvre Rena et son père, ainsi que la jeune femme profitant de lui, lui soutirant de l’argent. Véritable escroc, celle-ci sort en réalité avec l’oncle de Satoko, petit escroc également. A noter que cela est une petite modification comparée à la série, où la jeune femme sortait bel et bien avec un escroc, mais qui n’était pas l’oncle. L’oncle de Satoko, présent dans un autre arc, aura une fin similaire pourtant. Comme dit plus haut, pour la dernière (pour le moment) adaptation live de la série, Oikawa a essayé de mettre le plus d’éléments possibles dans son film. Sans pour autant nous embrouiller, ce qui est plutôt une bonne chose. Malheureusement, il en profitera pour réutiliser des événements du premier film, encore une fois, pour respecter le support de base, mais certains passages seront de trop.
On pense notamment aux passages entre le photographe Tomitake et l’infirmière du village. L’issue de ses deux personnages étant la même que dans le premier film, leur intérêt est plutôt discutable, et leurs passages auraient pu être raccourcis. Pire, l’un des passages de l’infirmière, donnant ses précieuses notes concernant les événements du village à Rena, ne fonctionne pas vraiment et semble arriver d’un coup, sans raison aucune. Outre la bande d’amis du film précédent et ces deux personnages là, on retrouve bien évidemment le personnage de l’inspecteur. Si celui-ci n’entrait en contact qu’avec Keiichi dans le premier film, ici il sera contacté par Rena et semblera bien connaître la ville et ses habitants. Son personnage prend donc de l’ampleur, ce qui le rend plus intéressant, et surprise, le rôle est à présent joué par Osugi Ren (Postman Blues, pas mal de films de Miike, quelques Kitano). Mais l’incapacité du personnage à maîtriser les différentes situations du film le rendront parfois un peu ridicules, notamment sur le final.
Autre grosse surprise comparé au film original, celui s’avère plus sanglant, et la réalisation étant plus efficace, cela fait grandement plaisir. Au détour de quelques scènes justement sanglantes, le réalisateur en profitera pour revenir sur les événements du premier film, non pas pour les expliquer, mais pour que les personnages en prennent conscience et évoluent. Doté d’une réalisation surréaliste comme dans le premier opus, ces passages passent très bien, notamment car cela amène quelques différences avec la série. Bien entendu, encore une fois, de nombreuses petites scènes ou détails feront plaisir aux fans, alors que les autres passeront à côté de nombreux éléments. Cependant, la grande réussite de cet opus contrairement à son ainé est de ne pas nous faire trop traîner pour finalement pas grand-chose. Durant pourtant quasi 1h50 également, Oikawa emmène son histoire et ses personnages dans le final dés une heure de métrage. Bonne chose, car bien que passant moins bien que dans la série animée, le final s’avère d’honnête facture, et donne dans un premier temps la possibilité à Mion et Rena de prendre le devant de la scène, avant le retour de Keiichi pour un final respectant la série mais se permettant d’insérer après des événements d’un autre arc, comme pour boucler la bouche, et ça fonctionne. Oikawa se surpassera dans la scène sur le toit, en ajoutant quelques nouveautés, en dynamisant l’action par de très beaux plans embrumés. Et par-dessus tout, Kawai Kenji livre quelques morceaux absolument sublimes pour ce film, comparé à son score sans âme sur le précédent, notamment lors de la fameuse scène sur le toit, ou même dés la scène d’ouverture, avec des thèmes inquiétants misant tout sur l’ambiance. Imparfait, cette suite se révèle en tout cas plus convaincante que la première, plus maîtrisée dans son rythme et sa mise en scène, et les acteurs semblent plus à l’aise dans leurs personnages, même si certains sont toujours laissés de côtés (Satoko et Rika, qui prennent de l’importance notamment dans les arcs non adaptés et dans la seconde saison de la série animée), et que les deux métrages font l’impasse totale sur certains personnages clés de la série (la sœur jumelle de Mion par exemple). On n’échappera pas à quelques défauts, ou des passages qui pourront sembler un poil trop simplistes ou niais avec des vrais acteurs, mais le film se révèle très plaisant.
Les plus
L’univers mieux maitrisé
Meilleure mise en scène
Plus respectueux du visual novel et de l’anime
Un bon score musical
Les moins
Quelques moments ridicules
Des scènes pas toujours utiles à cause des raccourcis
En bref : Seconde adaptation, ce Reshuffle est bien meilleur que son prédécesseur, malgré quelques passages ridicules ou de trop. On ne s’ennuie pas, le réalisateur se surpasse, et on passe un bon petit moment, qui plaira néanmoins bien plus au fan qui connaît bien l’univers, puisque les autres n’y comprendront vraiment pas grand chose.