Titre original : I Melt With You
2011 – Etats Unis
Genre : Drame
Durée : 2h09
Réalisation : Mark Pellington
Musique : Tomandandy
Scénario : Glenn Porter
Avec Thomas Jane, Jeremy Piven, Rob Lowe, Christian McKay, Carla Gugino, Tom Bower et Sasha Grey
Synopsis : Richard, Jonathan, Ron et Tim sont quatre amis d’enfance qui ont à présent la quarantaine. Comme tous les ans, ils se retrouvent le temps d’une semaine de folie, avec à la clé, sexe, drogue et alcool, pour oublier au final ce que leur vie est devenue. Ils vont alors se rappeler d’un pacte qu’ils avaient fait à l’époque…
I Melt With You, en voilà là un film étrange, mais pourtant si simple, qui était attendu mais qui est passé inaperçu, un film toujours inédit en France dont les critiques Américaines se sont amusées à cracher dessus. Entre le lancement du projet, sa présentation en festival et finalement, sa sortie plus que discrète au cinéma de l’autre côté de l’Atlantique, il s’est écoulé un temps énorme. En général, on le sait, ça ne sent pas bon. Cela signifie des réécritures, des soucis de tournage, des soucis au montage, des producteurs qui modifient tout, des problèmes de distribution. Bref, un film bâtard. Etrangement, au final, le film est tout l’opposé, puisqu’il s’avère être un film maîtrisé, sincère, mais comme les personnages que le film s’amuse à dépeindre, pathétique et dépressif. La scène d’ouverture nous met d’ailleurs dans le bain. Richard est professeur d’anglais, Jonathan est un docteur célibataire qui s’ennuie, divorcé, Ron est marié et a deux filles mais rien ne va tandis que Tim a une vie vide de sens. Le constat de ces personnages est triste et dépressif, mais ce n’est que le début.
On nous les présente tous, avec en fond, le magnifique score musical de Tomandandy (Les Lois de L’attraction, Resident Evil 4 et 5), tandis que les « pensées » des personnages éclatent littéralement à l’écran de manière désordonnée, en grosse lettres blanches. On sait directement à quoi s’attendre. Ces 4 hommes de 44 ans chacun se retrouvent dans une petite maison isolée en bord de mer pour une semaine de folie, mais pas pour faire le point sur leur vie et leur évolution, mais plutôt pour relâcher la pression, fuir la réalité, se mettre la tête à l’envers de toutes les manières possibles et imaginables. Le réalisateur, inconnu au bataillon, nous invite à plonger aux côtés de ces personnages dans une semaine de déprime, de drogue, d’alcool, de sexe, de Rock N’ Roll à fond les oreilles, le tout filmé au plus près des personnages avec une caméra embarquée. Un voyage, une quête, qui ne laisse pas indifférent, loin d’être parfait certes, mais attachant de bout en bout.
Le film se découpe principalement en deux parties. La première, se déroulant sur pile la moitié du métrage, une heure donc, pourra paraître un peu longue à certains spectateurs. En effet, on a souvent l’impression que le réalisateur se contente de filmer ses personnages en train de se défoncer et de se bourrer la gueule, ce qui par moment n’est pas totalement faux. Le temps pourrait même paraître interminable, si le film avait été réalisé n’importe comment ou joué par n’importe qui. C’est tout l’opposé qui se produit. Bien que n’échappant pas à quelques passages de trop et à une ou deux petites scènes ou moments ratés, le film prend au tripes totalement. Il faut dire que les quatre acteurs principaux se donnent à fond dans leurs rôles, si bien que l’on croit à chaque instant. Thomas Jane porte littéralement le film en jouant cet homme qui a perdu sa joie de vivre, ne croit plus en rien, et préfère se plonger dans son monde d’illusions, comme si pendant cette semaine, il pouvait replonger dans l’insouciance de l’adolescence. Puisque finalement, c’est de ça que le film parle. Thomas Jane trouve ici sans aucun doute un de ses meilleurs rôles, mais les autres ne sont pas en reste, puisque Rob Lowe ou Jeremy Piven nous donnent des prestations criantes de vérité. Pour ce qui est des quelques personnages secondaires, on notera Carla Gugino (Snake Eyes de De Palma, Sin City) dans le rôle du shérif qui interviendra surtout dans la seconde partie du métrage, ou encore Sasha Grey (The Girlfriend Experience, Smash Cut) dans un rôle très court, mais où elle donne, à l’image de Thomas Jane, sans doute la meilleure prestation de sa courte carrière dans le cinéma traditionnel. Mark Pellington, dont on sent que le métrage tient à cœur, donne tout ce qu’il peut, en donnant à sa mise en scène un aspect parfois fou, désordonnée, une caméra embarquée n’hésitant pas à suivre les différents personnages dans leurs quêtes, expériences et interactions avec les autres. Il fait un boulot très honnête, avec le peu d’argent qu’il a sa disposition, et arrive à donner par moment un aspect documentaire très prenant à son métrage.
Et pour couronner le tout, la bande son est quasi intégralement constituée de tubes rock des années 70 et 80. On trouvera, entre autre, Adam and the Ants, Joan Jett, Love and Rockets, The Sex Pistols, Jesus and Mary Chain, The Pixies, The Pretenders et même du U2. Pour l’amateur de cette époque (moi !) et ceux ayant grandis en écoutant ces morceaux (moi again !), c’est un pur bonheur auditif, aidant à se plonger encore un peu plus dans cette fable sur la désilussion). La seconde partie ira encore plus dans cette direction, en se faisant plus violente psychologiquement, et en gagnant en rythme, ce qui plaira sans aucun doute aux spectateurs jusque là interrogateurs sur le film, s’ils ont tenus jusque là. Encore une fois, tout ne sera pas parfait dans ces moments, comme dans la première partie, mais le réalisateur filme l’ensemble avec une vraie sincérité qui fait plaisir à voir, il prend des risques, ce qui est bien trop rare de nos jours. Un risque qu’il va sans doute payer quelques temps, vu l’indifférence totale portée au film. Même si au final, son scénario peut se résumer en quelques lignes, I Melt With You est une réussite, qui s’avère finalement bien plus palpitante pour sa mise en scène et le jeu plus que convaincant de ses différents acteurs, bien que le propos n’est pas inintéressant pour autant. Le réalisateur a voulu sans doute trop en faire pour nous rapprocher de ses personnages, ce qui fonctionne, il est vrai, mais ne lui permet pas d’échapper à quelques longueurs.
Les plus
Un propos intéressant
Une mise en scène réussie
Une ambiance musicale extra
Des acteurs à fond dans leurs rôles
Les moins
Un poil trop long
Un propos simpliste pour tenir sur 2h
En bref : I Melt With You n’est pas parfait, mais ne mérite pas toute la haine que les gens lui porte. Un film à l’image de ses personnages : imparfait, triste, dépressif, pathétique, envoutant, simple.