GORGEOUS (JACKIE CHAN À HONG KONG)
Titre original : Bo Li Zun – 玻璃樽
1999 – Hong Kong
Genre : Comédie Romantique
Durée : 2h01
Réalisation : Vincent Kok
Musique : Dennie Wong
Scénario : Vincent Kok, Jackie Chan et Law Yiu Fai
Avec Jackie Chan, Shu Qi, Tony Leung, Emil Chau, Bradley Allan, Tats Lau, Richie Ren et Ken Lo
Synopsis : A Taiwan, une jeune femme amie avec un dauphin découvre une bouteille jetée à la mer contenant un message d’amour à l’intérieur. Touchée par le message, elle décide de rendre visite à l’envoyeur, à Hong Kong, et va faire la connaissance d’un riche homme d’affaire écolo, pratiquant du Kung Fu à ses heures perdues…
Jackie Chan a enfin trouvé le gros succès qu’il voulait en Amérique en 1998 avec Rush Hour. Avant de partir continuer sa carrière aux Etats Unis avec des films comme Shanghai Kid ou Le Smoking, Jackie décide de tourner un dernier film à Hong Kong, un film qu’il écrit, produit, se charge des chorégraphies et dont il a le rôle principal, rien que ça. Une charge de travail habituelle pour Jackie Chan, pour un film beaucoup moins classique que d’habitude. Jackie Chan s’était jusque là surtout essayé aux films d’aventures, aux comédies d’action, et à quelques occasions, aux polars. Ici, malgré la présence de quelques combats, nous sommes devant… une comédie romantique. La romance a toujours été présente dans le cinéma de Jackie Chan d’une certaine manière, mais c’était toujours retrouvé secondaire fort heureusement, avec des rôles féminins souvent peu exploités (voir Maggie Cheung dans la saga des Police Story, Project A2 ou bien Twin Dragons pour en être certain). Chez Jackie Chan, c’est souvent l’humour (plus ou moins réussi suivant les films) et l’action qui priment, pour le plaisir des fans. Alors quand Jackie décide de conserver la recette habituelle mais d’inverser les rôles, le résultat n’est pas forcément glorieux, preuve avec ce Gorgeous, rebaptisé stupidement en France Jackie Chan à Hong Kong. La romance est au premier plan et occupe 80% du métrage, tandis que l’humour se fait rare et pas franchement réussi, et que l’action se retrouve au dernier plan, avec deux scènes seulement, longues et réussies certes, mais noyées dans la niaiserie la plus profonde. Le constat fait peur, à juste raison. Qui dit romance, dit couple. Pour Gorgeous, Jackie Chan se retrouve à jouer un riche hommage d’affaire, écolo qui plus est (histoire de pouvoir livrer une petite morale tout le long du film) et qui s’ennuie. Il change donc de femmes toutes les semaines, et pratique le Kung Fu, pratique afin de livrer quelques combats il est vrai.
Jouant un petit riche tout ce qu’il y a de plus classique, sa vie va changer lors de sa rencontre avec Bu. Pou jouer Bu, Jackie Chan et son réalisateur, Vincent Kok, choisissent Shu Qi, commençant à percer après des débuts en tant que mannequin de charme et dans quelques films érotiques, après avoir été remarquée dans Sex and Zen 2 en 1996 et être apparue en seulement 3 ans dans plus d’une vingtaine de films. Ici, elle joue une jeune femme niaise croyant au grand amour, qui après avoir découvert un message d’amour dans une bouteille, est touchée et décide de se rendre à Hong Kong pour retrouver l’auteur. Deux personnages donc très différents, comme dans toute bonne comédie romantique qui se respecte, et qui vont forcément tomber amoureux. Sauf qu’en voulant changer de registre, Jackie Chan ne fait pas les choses à moitié et plonge son scénario dans un nuage de niaiserie assumée rapidement insupportable, à l’image d’une Shu Qi hystérique qui ne ferme jamais la bouche, au point que l’on a envie de la claquer assez rapidement. Certes, elle convient parfaitement à ce rôle de petite rêveuse naïve, mais la naïveté à ses limites, et Gorgeous le trouve. La partie romance, qui domine largement le film, est un ratage quasi total, dont on ne sauvera que quelques passages suivant l’humeur et notre tolérance devant le spectacle. Niveau comédie, le spectacle est assuré par un Tony Leung qui semble s’amuser en jouant un homosexuel haut en couleur qui livre quelques moments amusants (enfin ça, c’est aussi suivant l’humeur et le taux de tolérance au film). Dans la première partie, Jackie Chan est un peu effacé, le film se concentrant sur Shu Qi et justement Tony Leung, tout en introduisant le personnage de Chan et de son ennemi juré, un ami (ennemi) riche également, un concurrent, accompagné d’une équipe de bras cassés (dont Ken Lo).
L’action dans tout ça se fait curieusement attendre longtemps, mais ne déçoit pas, et ces passages restent les seuls à véritablement marquer le spectateur. Quelques rapides scènes seront disposées ça et là (notamment pour la présentation du personnage de Jackie), mais les deux morceaux de choix seront deux combats entre Jackie Chan et Bradley Allan (qui était déjà doubleur sur Who Am I ? l’année précédente). De longs combats basés sur la technique nous proposant quelques très bons jeux de jambes. Malheureusement, la niaiserie rattrape rapidement le métrage, même dans ses moments. Un adversaire vous semble imbattable ? Pas de soucis, il suffit de combattre avec le sourire pour gagner. Oui, Gorgeous va loin, souvent trop loin, et respire les bons sentiments en permanence. Un divertissement naïf, coloré, gentillet, carrément niais et parfois à la limite du supportable, tout en livrant quelques très bons moments. Et c’est là tout le paradoxe des derniers films de Jackie Chan (Contre-Attaque, Mr Nice Guy). D’excellents moments noyés dans d’autres beaucoup moins intéressants. Si Gorgeous vaut le détour, ce ne sera pas pour son histoire, ou sa romance insupportable. Shu Qi aura beau être mignonne à croquer et pleine d’énergie, rien n’y fera. Le vrai morceau de choix du métrage, c’est Bradley Allan, impressionnant, nous livrant deux très bons combats. Le reste est à oublier, et ne font de Gorgeous qu’une œuvre très mineure dans la carrière de l’acteur, mais après tout, n’est-ce pas déjà le cas depuis quelques années ?
Les plus
Bradley Allan
Tony Leung parfois amusant
Shu Qi mignonne
Les moins
Une romance niaise au possible
Shu Qi énervante
Un film qu’on ne supportera pas suivant son niveau de tolérance
En bref : Bradley Allan livre deux combats qui sauvent le film de l’ennui. Pour le reste, ce n’est qu’une romance niaise au possible et parfois énervante.