LE LAC DES MORTS VIVANTS de Jean Rollin (1980)

LE LAC DES MORTS VIVANTS

Titre original : Le Lac des Morts Vivants
1980 – France
Genre : Horreur
Durée : 1h30
Réalisation : Jean Rollin
Musique : Daniel White
Scénario :  Julian Estelim

Avec Howard Vernon, Pierre Escourrou, Anouchka, Jean Rollin et Nadine Pascale

Synopsis : Aux bords d’un lac où des soldats nazis furent tués et jetés à l’eau par des partisans, une jeune fille se baigne et disparaît mystérieusement, attaquée par des zombies tout pas beaux.

Attention, il est là. Le nanar français d’horreur ultime, ou navet, suivant si on le regarde seul ou pas, avec des bières ou pas, j’ai nommé Le Lac des Morts-Vivants, de Jean Rollin. Remettons un instant le film dans son contexte et dans son époque. 1980 donc ! Peu aimé de la critique française (mais apprécié hors de nos frontières), Jean Rollin a bien du mal passé 1975 à mettre en scène son univers personnel, à base de films expressionnistes, de vampires nues et j’en passe. Passé Lèvres de Sang en 1975, sa carrière sera divisée en deux. Des films pornographiques signés Michel Gentil, et des films de commandes, dont il a parfois un peu de contrôle, comme Les Raisins de la Mort en 1978 ou Fascination en 1979, et parfois, pas de bol, il bosse pour Eurociné. Et vraiment pas de bol, Le Lac des Morts-Vivants, qu’il signe sous un pseudo, est une production Eurociné. Au départ censé être réalisé par Jess Franco, il quitte le navire trois jours avant le tournage. Jean Rollin est appelé à la rescousse. Les producteurs savent comment l’attirer : un vrai scénario, un film qui pourra raffler tous les prix à Avoriaz. Annulant ses vacances, Jean Rollin débarque sur le tournage trois jours plus tard et s’aperçoit que le métrage sera un film anecdotique qui ne rafflera aucun prix en festival. Oui, l’unique scénario, imprimé en deux exemplaires, n’est détenu que par le producteur et son fils. Voilà qui n’aide pas… Le budget avoissine le zéro, l’équipe mangera dans leurs voitures des plats froids… Autant dire qu’avec un tel budget, on ne peut pas s’attendre à de grands acteurs, ou de grands effets spéciaux. Rollin dirige le film, dans l’urgence la plus totale, sans avoir le scénario entre les mains…

Pire, la caméra utilisée pour le tournage est une vieille caméra récupérée dans une cave par les producteurs, et ne fonctionne pas correctement. Selon son envie, elle tourne soit au ralenti, soit en accéléré. Qui a dit que les 24 images par secondes étaient utiles ? Sur les conseils du producteur, suivant que la caméra tourne plus vite ou pas assez vite, les acteurs vont devoir jouer en accéléré…. Verdict après 1h30 de métrage ? Le Lac des Morts-Vivants est sans difficulté un des pires films de genre que le cinéma français ait pu nous offrir. L’horreur fait plutôt pitié à l’écran, et l’érotisme ne fera pas bouger un seul pénis dans la foule. L’histoire ? Peu importe, personne n’avait le scénario de toute façon, et rien n’a de sens donc. Des zombies nazis reviennent du lac où leurs corps ont étés déposés pour se venger. Ils vont donc tuer ceux qui s’approchent un peu trop du lac. Enfin surtout les filles nues qui vont venir s’y baigner en fait. À noter que ces scènes furent tournées deux fois, en nudité intégrale, ou avec maillots de bain, en fonction du pays d’exploitation… Mais si ce n’était qu’un film érotique avec un brin d’horreur, ça passerait (presque), mais Le lac des Morts-Vivants va bien plus loin que ça. Le film accumule les clichés, les longueurs, les effets spéciaux honteux, la réalisation insipide, le scénario inexistant et les erreurs de réalisation et de raccords à mourir de rire (mais encore une fois, dur de faire de bons raccords sans scénario, dur de fournir une réalisation honnête sans argent).

Tellement de choses que je ne sais vraiment pas par où commencer. Alors pour faire court, car je vais quand même pas faire 15 pages sur ce film, on va commencer par le scénario. Il n’y en a pas. Chaque scène est un pretexte pour voir des filles nues, et quelques zombies pas beaux qui pointent le bout de leur nez de temps en temps. Bien maigre. À moins que les producteurs aient perdus quelques pages en passant… L’ensemble n’est bien evidemment pas aidé par des acteurs amateurs mauvais, inexpressifs au possible, qui oublient parfois leur texte on a l’impression. Pour les figurants, c’est pareil. Un dialogue ridicule, et on pourra voir en arrière plan un figurant se marrer. Pareil pour les attaques de zombies. Les scènes où l’ont voit des filles nues semblent interminables. D’ailleurs le film s’ouvre dessus, pour bien mettre dans l’ambiance. La réalisation suit, vide de sens, accumulant les erreurs, mauvais raccords. On ne compte pas les fois où l’ont voit le caméraman dans un miroir ou encore les bords du lac, en fait une piscine, où sont censées nager les actrices (?!). Pire que tout, les effets spéciaux sont une honte. Les morsures, il n’y en a pas, juste du sang qui coule sur les actrices. Les zombies en décomposition ? Il n’y en a pas non plus, juste de la peinture verte sur le visage, peinture qui coulera lorsque les zombies sortent de l’eau. Vous l’aurez comprit, Le Lac des Morts-Vivants n’a aucun intérêt, sauf celui de le regarder avec des potes et de jouer au premier qui trouve les 800 erreurs du film. Que l’on apprécie Jean Rollin ou pas, on peut aisément dire que c’est ici son pire film, mais que ce n’est pas totalement sa faute. On n’y retrouve pas la beauté de ses plans, son univers peu dialogué, ses lieux de tournages gothiques à base de cimetières et de châteaux.

Les plus

Faire le jeu des 800 erreurs en regardant le film

Les moins

Le film

En bref : Vraiment, non, ne perdez pas votre temps à le regarder, il y a tellement de bons films à voir à côté de ça. Ou même des films potables dans la filmographie de Jean Rollin.

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