Titre original : Nagai Yume – 長い夢
2000 – Japon
Genre : Fantastique
Durée : 1h
Réalisation : Higuchinsky
Musique : Zuntata
Scénario : Yoshinobu Fujioka d’après Ito Junji
Avec Masami Horiuchi, Shuuji Kashiwabara, Tsugumi, Hatsune Eriko et Kenjirô Tsuda
Synopsis : Yamauchi est un jeune docteur travaillant à l’hôpital. Sa première patiente à une peur énorme de la mort, et dit avoir vu un shinigami (dieu de la mort) la nuit précédente. Le docteur Kuroda présente alors au docteur Yamauchi son patient, Mukouda. C’est un jeune homme qui a peur de dormir, ces rêves s’allongeant au fur et à mesure. Une nuit de sommeil peut durer, dans le monde des rêves, des années pour lui. Il perd petit à petit pied avec la réalité, et ces rêves se manifestent physiquement sur lui.
Long dream est un petit film, d’une durée d’une heure, réalisé pour la télévision japonaise. Et surtout, il s’agît de la seconde collaboration entre deux auteurs hors du commun. Tout d’abord, Ito Junji, créateur de manga horrifique, aux histoires souvent très travaillées, recherchées et terriblement terrifiantes, souvent adaptées au cinéma. Parmi ses œuvres cultes, on notera Tomie (adapté 8 fois au cinéma, et une fois à la télévision), Spirale (Uzumaki en titre original, adapté en film) et Gyo (adapté depuis peu en film d’animation), pour les œuvres sorties chez nous. De l’autre côté, nous avons Higuchinsky, réalisateur prometteur, qui mettait en scène la même année sa première adaptation de Ito Junji : Uzumaki. Le talent des deux bonhommes est de nouveau réunis pour ce petit film, qui faisait autant saliver qu’il faisait peur. Comme dit plus haut, étant tourné pour la télévision, le film possède donc un budget plus que réduit. L’univers des deux bonhommes étant très spécial, autant visuellement que scénaristiquement, cette première approche pouvait faire peur. Mais finalement, il n’en est rien, tant le talent du metteur en scène se met à l’œuvre pour nous fournir un produit tout sauf stéréotypé. Par bien des aspects, Long dream se rapproche d’ailleurs beaucoup du cinéma expérimental. Comme si le petit budget avait finalement servit le film, puisqu’une ambiance très particulière s’en dégage sur toute sa durée.
La mise en scène si spéciale, et la façon dont le récit est construit, mettent dans l’ambiance dés le départ. L’histoire ne se déroulera que dans un lieu en particulier, et le film ne commencera pas par le début de l’histoire. Dés les premiers plans, sur les couloirs vides de l’hôpital, filmés par les caméras de surveillance, le film montre ses capacités, ses limites, et les efforts de mise en scène pour ne jamais dépasser ses limites. Avec le budget, certains effets pourraient même paraître grossiers, mais c’est tout l’inverse qui se dégage des images. On y croit, et la qualité générale de l’interprétation fait passer le tout comme une lettre à la poste. La réalisation tente d’innover à chaque nouvelle scène, en utilisant des focales différentes, des effets différents, en mettant du grain, ou en mettant des couleurs plus vives. Certains plans seront de toute beauté, certains vont fasciner, d’autres mettre mal à l’aise. Les longs rêves ne seront jamais mis en scène, l’histoire préférant se focaliser sur les effets que les rêves produisent sur le physique du patient, pour plusieurs raisons, que l’on imagine budgétaires, et surtout vu la durée du film, ne devant pas dépasser une heure (lors de la diffusion télévisuelle, le métrage durait d’ailleurs 44 minutes, et fut allongé pour sa sortie DVD) Dans le comportement du fameux patient, donc l’état physique et mental se dégrade de plus en plus au fur et à mesure, on peut d’ailleurs voir des restes de Uzumaki, dans l’obsession du personnage, ou tout simplement lors de la scène où celui-ci écrit sur les murs de sa chambre.
Certains personnages seront bien plus développés que d’autres, et cela frappe par moment. Le docteur Kuroda, qui raconte le début du film, et son patient, seront développés, de manière juste, alors que le docteur Yamauchi, important, autour duquel tourne l’histoire, ne sera jamais autant développée. Seul sa relation d’amitié entre lui et sa patiente, Mami, sera survolée, sans que son personnage ne soit également développé. Le métrage préfère aller directement à l’essentiel, ce qui lui permet de se concentrer sur ses qualités, de ne pas trop se disperser. Comme son précédent métrage, Long dream possède des qualités indéniables, quelques défauts, et n’est toujours pas le film parfait. Si le final peut sembler encore par moment un peu flou, il évite de nous refaire le coup du final de Uzumaki, se terminant en queue de poisson, et qui mettait 2 tomes du manga à la poubelle.
Les plus
Une ambiance unique
Original et prenant
Les moins
Encore une fin en queue de poisson
En bref : Une histoire et mise en scène originale, pour un petit budget qui tire son épingle du jeu. Dans la lignée de Uzumaki, une bonne histoire bien tordue dans une ambiance glauque surréaliste.