Titre original : Aku No Kyôten – 悪の教典
2012 – Japon
Genre : Thriller
Durée : 2h08
Réalisation : Miike Takashi
Musique : Endô Kôji
Scénario : Miike Takashi d’après le roman de Kishi Tusuke
Avec Itô Hideaki, Yamada Takayuki, Fukikoshi Mitsuru, Hira Takehiro, Sometani Shôta, Nikaido Fumi, Hayashi Kentô, Mizuno Erina et Asaka Kodai
Synopsis : Le professeur d’anglais Hasumi Seiji est aimé par ses élèves et respecté par les autres professeurs. Pourtant, il cache derrière un masque sa vraie nature. En réalité, Hasumi est un psychopathe qui ne ressent rien envers les autres, et souffre de troubles de la personnalité. Il règle donc ses problèmes en tuant les gens.
Miike, il y a un bout de temps que le bonhomme s’est dirigé vers un cinéma commercial, et donc intéresse beaucoup moins ses fans de la première heure, comme moi. Tous ces films ne sont pas devenus nécessairement mauvais, comme on le notera avec le remake 13 Assassins, énorme, mais entre les films pour enfants aux visuels à gerber, les remakes, les adaptations de manga, on s’attend toujours au pire. Lesson of the Evil ne sort pas forcément du lot, puisqu’il s’agît de l’adaptation d’un roman. Aucune vraie surprise non plus quand on se penche sur l’équipe du film, Miike retrouvant pas mal de collaborateurs, récents ou de longues dates, avec par exemple Endô Kôji à la musique (DOA, Audition et tant d’autres), Itô Hideaki (Sukiyaki Western Django) dans le rôle principal et Yamada Takayuki (Crows Zero 1 et 2, 13 Assassins) dans un second rôle de professeur louche. Grande surprise par contre, Miike signe lui même le scénario, l’adaptation de ce livre, ce qui est assez rare pour le souligner (jusque là, il n’avait écrit ou coécrit que The Great Yokai War et Sukiyaki Western Django). L’histoire dans tout ça ? Un professeur d’anglais psychopathe qui règle les soucis au couteau, au fusil, et en brisant des nuques, tout ça dans la joie et la bonne humeur. L’on pouvait penser, surtout au vu de la bande annonce, que l’on allait se retrouver devant un Battle Royale en huit clos dans une école, et pourtant, pas du tout.
Prenant son temps, comme souvent, Miike étale son film sur 2h10 quasiment, et découpe clairement son film en trois parties. La première, la plus calme, sert bien évidemment à poser les différents personnages, l’environnement, et à nous montrer Hasumi, ou du moins, à nous montrer le masque qu’il porte tous les jours. Aux premiers abords, un adulte respectable, enseignant modèle aimé par ses élèves, enseignant l’anglais de manière plutôt ludique (que j’aurais aimé avoir un prof comme ça… du moins au début), cherchant toujours la meilleure solution pour régler les soucis. Il est proche de ses élèves, il les aide même dans les épreuves les plus difficiles (gérer une situation ou un collègue abuse d’un élève). Pour ses collègues, c’est un ange également, trouvant toutes les solutions idéales pour régler les conflits, s’investissant à fond dans son travail. Miike prend son temps, peut être même un peu trop dirons certains, mais honnêtement, cela passe plutôt bien, et cette première partie fonctionne bien, jusqu’à ce que finalement, Hasumi fasse tomber le masque, à la fois auprès des spectateurs que de certains des personnages. Alors que l’on s’attendait à un bête jeu de massacre, non, Miike joue plutôt encore un peu avec nous, en nous proposant un jeu de manipulation, avec quelques tortures à la clé. Ceux que l’on pensait être des personnages principaux disparaissent alors du casting en un éclair, pour ne laisser au bout du compte que Hasumi, et le reste de la classe, préparant un festival dans l’école.
Malgré quelques petites longueurs et quelques effets de styles un peu ratés lors de l’exploration de la psychologie de Hasumi (quelques effets bien kitchs, voulus certes, mais ne fonctionnant pas franchement), le film s’en sort pour le moment très bien. Miike prouve qu’il sait encore se servir d’une caméra (mais ça, on le sait), mais parvient à bien structurer son récit. S’il élimine un peu trop rapidement ses personnages les plus intéressants au final, pour laisser place au carnage final, il n’oublie pas de traiter l’ensemble avec sérieux. A noter que l’on retrouve au casting Sometani Shota (Himizu) et Fukikoshi Mitsuru (Cold Fish, Himizu) dans des seconds rôles plutôt bien développés. Seul regret, la violence, qui était autrefois si caractéristique du cinéma de Miike, est souvent suggérée, ce qui faisait peur pour la suite. Heureusement, il n’en est rien, car dans ses 40 dernières minutes, c’est un vrai déluge. Hasumi pète un câble, et décide de décimer, les uns après les autres, tout le monde dans l’école, à coups de fusil de chasse. Miike ne joue pas sur la tension, ou très rarement, mais joue plutôt sur le côté grotesque de la situation, avec quelques hallucinations de Hasumi, mais également un splendide morceau de danse en plein carnage, et Itô Hideaki s’en donne à cœur joie dans son rôle. Sa performance est assez énorme, du début à la fin, et le voir, autant dans les moments calmes qu’en roue libre, fait vraiment plaisir. Bien entendu, Lesson of the Evil n’est pas exempt de défauts, on pourra comme d’habitude reprocher à Miike quelques longueurs, ou quelques moments un peu trop « barrés » dans un film se voulant totalement sérieux, mais après beaucoup de films gentillets ou carrément à vomir (Ninja Kids et Yatterman), ça fait franchement du bien de le revoir un peu en forme !
Les plus
Itô Hideaki excellent
Les 45 dernières minutes qui ne s’arrêtent pas
Bien structuré
Les moins
Quelques moments de trop
En bref : Miike revient enfin avec un film violent comme il faut, en nous plongeant dans le quotidien d’un psychopathe. Pas parfait, mais tellement mieux que beaucoup d’autres films récents.