Titre original : Sentô Shôjo: Chi No Tekkamen Densetsu – 戦闘少女 血の鉄仮面伝説
2010 – Japon
Genre : Gore
Durée : 1h25
Réalisation : Sakaguchi Tak, Iguchi Noboru et Nishimura Yoshihiro
Musique : Nakagawa Kô
Scénario : Tsugita Jun d’après Iguchi Noboru
Avec Sugimoto Yumi, Takagawa Yûko, Morita Suzuka et Sakaguchi Tak
Synopsis : Rin est une écolière japonaise tout ce qu’il y a de plus banal. Martyrisée par ses camarades de classes, sa vie touche le fond lorsqu’elle apprend le jour de son anniversaire que ses parents sont des mutants. Rin n’a pas le temps de s’en remettre que des soldats débarquent et tuent ses parents. Enragée, cet évènement libère chez Rin sa mutation. Elle sera recueillie et entrainée avec d’autres mutants afin d’éradiquer les humains qui veulent eux aussi les éradiquer.
Depuis The Machine Girl en 2008, le cinéma d’exploitation archi sanglant, déjanté et souvent sexy s’exporte très facilement en dehors du Japon. Si bien que maintenant, certains films, dont le titre qui nous intéresse ici, sont tournés dans le but premier d’une exportation américaine. Et depuis le début de l’année 2010, pour l’amateur de ce genre si particulier, nous sommes gâtés. Le retour de Nakano avec Big Tits Dragon / Zombies (déjà critiqué sur ce blog), le retour de Nishimura après son jouissif Tokyo Gore Police avec Vampire Girl VS Frankenstein Girl, Iguchi, réalisateur de The Machine Girl, revient avec RoboGeisha (très décevant), et, très réjouissant, Iguchi collabore avec deux autres réalisateurs, Sakaguchi Tak (acteur dans beaucoup de films de Kitamura Ryuhei et dans Death Trance), et Nishimura Yoshihiro, le réalisateur de Tokyo Gore Police donc, pour nous livrer ce Mutant Girls Squad. Un film à trois, entre potes, pour repousser encore un peu les limites. Le film est donc découpé en trois chapitres, et chaque réalisateur s’occupe d’un chapitre. Tak Sakaguchi s’offre également un rôle assez important dans le métrage (rassurez vous, il passe après les lycéennes courtement vêtues), Nishimura Yoshihiro s’occupe des (très) nombreux effets spéciaux, et Iguchi Noboru s’occupe également des grandes lignes de l’intrigue (ce qui peut faire peur vu la pauvreté de ces histoires finalement). Le premier chapitre, réalisé par Sakaguchi, est, disons le de suite, le meilleur morceau du métrage.
Après une courte introduction nous mettant instantanément dans le bain avec de jeunes lycéennes tuant des soldats (vêtus de casques étranges et équipés de mitrailleuses nasales !). Passé cette introduction, Sakaguchi à la lourde tâche de vraiment débuter le métrage, de nous présenter les personnages, et de nous donner envie d’aller plus loin. Il y parvient sans difficultés, sa mise en scène est très dynamique, certains plans seront même bluffant, et le bougre ne perd pas de temps en détails inutiles. En à peine dix minutes, nous connaissons Rin et ses parents, sa situation, et ses parents lui révèlent enfin leurs grands secrets : qu’ils sont des mutants. Bien que le rôle ne demande pas de grands talents d’actrice, Sugimoto Yumi, qui joue Rin, s’en sort très bien dans son rôle (mais malheureusement, le scénario ne prendra pas le temps par la suite de développer les personnages), et bien entendu, elle est craquante comme il se doit. Comme dit, maintenant que les personnages et la situation de base sont posés, place au spectacle. Et le film ne déçoit pas, démarrant en trombe avec pas moins de 10 minutes de carnage. Des soldats débarquent, tuent les parents de Rin, ce qui réveille en elle sa mutation, et se retrouve avec une main mi-chair mi-métal avec de longues griffes. De quoi promettre un joli carnage, qui en effet, aura lieu. Rin se débarrassera de tous les soldats, puis errera dans la rue. Bien entendu, en la voyant, les gens seront soit effrayés, soit dégoûtés, et leur réaction sera simple : il faut l’exterminer. Ce qui est amusant, c’est de voir que dans ses thèmes et certains passages, Mutant Girls Squad emprunte pas mal à Tokyo Gore Police, sans aller aussi loin dans son discours, privilégiant le rythme. Cette première partie pourtant arrivera autant à nous divertir qu’à nous présenter les personnages, et Sakaguchi s’amuse comme un fou à la réalisation, enchaînant les carnages, les situations et les idées visuelles les plus folles, et nous donnant quelques très beaux plans, dont un plan séquence en pleine rue où Rin se défendra en tuant ses agresseurs…avant de tomber sur Kisaragi et Rei, qui lui sauve la vie, et l’emmène avec eux.
Fin du premier chapitre, on se remet de nos émotions, nous avons un immense sourire aux lèvres, le chapitre 2 commence, place donc à Iguchi à la mise en scène. Et le bonhomme, malgré deux ou trois morceaux de bravoure, nous livrera le chapitre le plus faible du métrage. Malgré l’histoire se suivant, Mutant Girls Squad se retrouve avec les défauts d’un film à sketch, donc une partie plus faible qui déséquilibrera le film. Et Iguchi en profite par la même occasion pour se répéter, en faisant encore une fois sortir une arme de l’anus d’une lycéenne. Après la mitrailleuse dans son court métrage Shyness Machine Girl, les katanas dans RoboGeisha, il nous fait cette fois ci sortir littéralement une tronçonneuse du cul d’une charmante jeune demoiselle. Cependant, il faut bien admettre que l’effet fait toujours sourire. Dans ce chapitre, Rin va rejoindre d’autres mutants, qui s’entrainent pour le compte de Kisaragi. Outre la demoiselle et sa tronçonneuse, les autres mutations seront diverses, entre les katanas sortant cette fois ci des seins, une fille dont les bras se transforme en tentacules (Morita Suzuka, extrêmement craquante également) et j’en passe. Ce bestiaire va amuser, mais jamais Iguchi ne saura l’exploiter, et il va se concentrer sur l’entraînement de Rin, classique et pas franchement passionnant, d’autant qu’il fait la même chose dans RoboGeisha venant de sortir. Iguchi semble être en sérieuse panne d’inspiration (où alors il n’en a jamais eu…), et ne fera pas vraiment évoluer l’histoire (bien qu’elle n’évoluera pas franchement non plus dans le chapitre 3). Il s’en sortira bien mieux lorsqu’il s’agira de mettre en scène quelques scènes d’actions et carnages, comme dans la scène où les mutants passent à l’attaque. Cette scène s’avère très réussie, tout comme la fin, nous montrant une Rin plus humaine que les humains.
Ce chapitre 2 s’avère tout de même assez faible au final, surtout qu’il est le plus long du métrage, et n’est sauvé que dans ces scènes d’actions, où bien la relation entre Rin et miss tentacules. Débarque le chapitre 3, réalisé par, fatalement, Nishimura Yoshihiro, qui prend à revers les deux précédents chapitres. Le premier était jouissif tout en présentant les personnages, le second était long et sauvé par de rares scènes d’actions, le troisième nous donnera de l’action, du gore et de la folie en veux tu en voilà, allant toujours directement à l’essentiel, sans se soucier de ses personnages ou de son (absence d’) intrigue. Le grand méchant est là, les mutants font des carnages, mais heureusement, Rin et son amie sont là pour faire triompher le bien (en gros). S’enchaînent alors les délires les plus fous, des combats en pagaille (avec miss tronçonneuse dans l’anus d’ailleurs), le sang, qu’il soit vrai ou numérique, gicle dans tous les coins, ce n’est pas toujours très subtil, mais ça fait du bien après le chapitre 2. Nishimura ne ment pas sur la marchandise, au moins, et le film prend des allures de jeux vidéo, où nos héroïnes vont devoir tuer leurs ennemis pour arriver au boss de fin. Au final, forcément déséquilibré, Mutant Girls Squad n’en demeure pas moins une bonne surprise, généreuse en gore, avec des actrices mignonnes et s’en sortant bien, un méchant très méchant, des freaks, et oui, on s’éclate comme un gosse devant le métrage. Dans les sorties récentes, c’est bien mieux que le dernier essai de Iguchi ou que Big Tits Dragon et son début long et ses effets parfois rudimentaires.
Les plus
Du gore en pagaille
De l’humour très con
Un premier chapitre excellent signé Sakaguchi
Un dernier chapitre délirant signé Nishimura
Les moins
Grosse baisse de régime au milieu signé Iguchi
En bref : Malgré des défauts, les trois réalisateurs s’en sortent bien (surtout Sakaguchi). C’est con, c’est fun, c’est très sanglant, bref, on s’éclate.