ONE MISSED CALL de Eric Valette (2008)

ONE MISSED CALL

Titre original : One Missed Call
2008 – Etats Unis
Genre : Fantastique
Durée : 1h28
Réalisation : Eric Valette
Musique : Reinhold Heil et Johnny Klimek
Scénario : Andrew Klavan d’après Miwako Daira et Yasushi Akimoto

Avec Shannyn Sossamon, Edward Burns, Ana Claudio Talançon et Ray Wise

Synopsis : Après avoir reçu un coup de fil provenant de leur propre téléphone, datant de quelques jours plus tard, des étudiants meurent dans d’étranges circonstances.

Les remakes de films asiatiques sont très nombreux maintenant, et pour la plupart (en fait tous) s’avèrent être de profonds ratages. Le cercle, The grudge, The Eye, Dark Water, Spirits (remake de Shutter)… Bref, tous les films de fantômes qui cartonnent passent à la moulinette américaine. Certains passent inaperçus, d’autres non, et certains se font tellement descendre par critique et public qu’ils ne sortent pas en France. Le remake de La Mort en Ligne, réalisé par le français Eric Valette, fait parti de cette dernière catégorie. Réalisé en 2008, le film est toujours inédit chez nous, 3 ans après. Mais croyez moi, vu la qualité du métrage, ce n’est pas un mal. Que l’on apprécie ou pas le cinéma de Miike Takashi, celui ci avait livré avec La Mort en Ligne un film classique, mais bien réalisé, prenant, contenant des scènes chocs assez violentes (ce qui est rare dans ce genre de film) et surtout une scène marquante et plutôt bien vue avec une scène de téléréalité. Un film peut être un poil trop long (presque 2h), mais prenant, avec une ambiance, une vraie. Et bien, dans le remake, c’est tout l’inverse. Réduisant la durée du métrage à 1h30, supprimant tous les passages stressants, supprimant l’ambiance, ne développant aucun personnage, on se retrouve uniquement devant une coquille vide, aux ajouts très minces se comptant sur les doigts de la main totalement à côté de la plaque. La scène d’ouverture nous prévient d’emblée du spectacle proposé, en nous invitant à fuir, devant ce fantôme emmenant une victime dans l’eau, puis entrainant aussi le chat (vous trouverez la photo juste au dessus, ridicule oblige). Le ridicule est là en quelques instants, et s’il avait été là sur toute la durée, One Missed Call nous aurait au moins permit de rigoler un bon coup. Malheureusement, ce ne sera pas le cas, et on ne pourra vraiment que pleurer devant un tel carnage. Bon, le film en lui même. Cette fois ci, on ne suivra par une idole mais Shannyn Sossamon, une actrice capable du meilleur (Les Lois de l’Attraction) comme du pire (Catacombes…). Elle joue la fameuse héroïne, celle traumatisée dans sa jeunesse par un incident grave qui lui a donné la phobie des œilletons. Elle va à l’université, la vie est belle, jusqu’à ce une de ses amis meure dans d’étranges circonstances.

Là, on se retrouve clairement devant le remake classique Américain : simplifier l’intrigue et les personnages pour augmenter le rythme, supprimer toute la subtilité de l’original et rajouter une bouillie visuelle inutile. Traduction : Le film perd une demi heure de sa durée, simplifiant ainsi beaucoup d’intrigues, supprimant les plans lents sur les décors faisant monter la tension, supprimant toute l’ambiance du métrage. Certains décors auront beau être réussis, rien à faire, la caméra ne prend pas le temps de s’y poser trop longtemps. Là où dans l’original, nous avions un brave jeune homme qui allait aider l’héroïne avant de la sauver et surtout de découvrir ce qui se cache derrière la mort de sa sœur, et un policier (joué par le génial Ishibashi Renji, vu récemment dans Outrage de Kitano) incrédule, le remake simplifie aussi ça, en mixant les deux personnages, supprimant ainsi un bon paquet de séquences. Ainsi, c’est l’inspecteur qui aidera notre héroïne, Beth. Détective joué par un Edward Burns très peu concerné et totalement à côté de la plaque. Outre ses quelques simplifications retirant pas mal de substance et d’intérêt à l’histoire, le film suit le même traitement que le film original. Nous retrouvons les scènes fortes du métrage de Miike (mais sans leur aspect fort), comme le meurtre du train, la scène de l’émission de télévision, la visite de l’hôpital désaffecté de nuit. Si la scène du train peut encore faire illusion, du moins pour les spectateurs n’ayant pas vu l’original, ce ne sera pas vraiment le cas des deux scènes suivantes. La scène de l’émission de télévision, dirigée par un Ray Wise qui nous rappelle que l’époque de Twin Peaks est vraiment très loin derrière, ne fonctionne absolument pas, arrive bien trop rapidement, et ne dégage absolument rien de spécial. Et ce n’est pas le fait de situer la scène dans une église qui rajoutera quelque chose, ni de faire clignoter la lumière, ou de faire apparaître le fantôme.

Pire, alors que la scène se permettait d’être choc dans le film de Miike, ici, on ne verra rien. Autre grosse comparaison qu’on ne peut éviter, la scène de l’hôpital. Durant une bonne vingtaine de minutes dans le film de Miike, vingt minutes de vraie tension, ici, l’effet tombe à plat, à force d’accumulation d’effets de sursauts totalement artificiels. Beth avance dans un couloir avec une lampe torche, hop apparition furtive, son étrange, elle continue d’avancer, trébuche, passe dans un conduit de ventilation, apparition furtive. C’est l’effet Catacombes justement, Shannyn Sossamon étant vouée à jouer dans des films d’horreur ineptes. Même la fameuse sonnerie téléphonique n’aura absolument pas le même impact que dans le film original. Mais le métrage ne fera pas toujours un banal copié collé en moins développé, il se permettra quelques ajouts, pas franchement bienvenus. Public Américain oblige, le film doit plus souvent en mettre plein la vue. Certains meurtres seront différents et plus visuels (mais pas pour autant réussis), et le métrage ajoutera beaucoup d’apparitions de fantômes (ou d’insectes) numériques dispensables et ridicules. Comme pour nous annoncer qu’il va se passer quelque chose, alors qu’on le savait déjà. Pire, c’est toute la partie finale qui sera changée, tout en gardant une structure identique. La fin de la scène de l’hôpital change radicalement, et la scène finale dans l’appartement sera totalement différente, retirant par la même occasion le final lourd de sens et tout en subtilité de l’original pour le remplacer par une scène où le ridicule revient s’inviter au métrage, après la scène d’ouverture. Vous l’avez compris, rien n’est vraiment réussi dans ce remake, qui est sans doute le pire remake existant d’un film asiatique, alors que la concurrence est rude.

Les plus

Le film original

Les moins

Le film dans son ensemble

En bref : Un remake risible dépourvu de tout développement pour aller à l’essentiel. Creux et au final ridicule.

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