PARADE (パレード) de Yukisada Isao (2010)

PARADE

Titre original : パレード
2010 – Japon
Genre : Drame
Durée : 1h58
Réalisation : Yukisada Isao
Musique : Asamoto Hirofumi
Scénario : Yukisada Isao d’après le roman de Yoshida Shuichi

Avec Fujiwara Tatsuya, Karina, Kanjiya Shihori, Hayashi Kento et Koide Keisuke

Synopsis :  Quatre personnes très différentes vivent ensembles dans le même appartement. Il y a Kotomi, la jeune fille couchant avec une star de cinéma, Ryôsuke, un producteur, Naoki, un jeune homme amoureux et Mirai, une artiste en herbe. Un beau jour, ils découvrent une cinquième personne, Satoru dans l’appartement, sans raisons apparentes.

Vendu comme étant l’un des meilleurs films japonais de 2010 selon certaines critiques aux côtés de Confessions, Villain et Kakera, Parade part d’un point de départ simpliste pouvant rappeler Petits Meurtres entre Amis, pour mieux surprendre et s’en éloigner ensuite. Découpé en quatre parties, qui nous sont présentées par du texte s’affichant à l’écran, le film nous invite à suivre tour à tour pour mieux les connaître les quatre colocataires de ce petit appartement, dans leur quotidien constitué de faux mystères, d’histoires d’amour et des drames de la vie quotidienne, le tout sans vraiment d’intimité entre eux. Le cinquième colocataire surgissant d’on ne sait où (au départ) n’arrivera qu’au bout d’une demi heure du film, et après que l’on ai au préalable fait la connaissance de la plupart des autres personnages, en particulier Naoki. Naoki, jeune étudiant universitaire, qui a aussi un petit boulot, et craque pour la sœur d’un ami. Lève tard, allure de puceau, peu sur de lui, on pénètre dans le film par son intermédiaire, alors qu’il est réveillé par le son des hélicoptères de la police après la découverte d’une jeune femme, assassinée dans un parc non loin de là. Avec Kotomi, jeune femme sortant avec une star du petit écran, passant ses journées sur le canapé où à dormir dans son lit, ils se mettent en quête, comme pour sortir de la banalité de leur quotidien et de l’incertitude de leur avenir sur les traces d’un premier mystère : l’activité de leurs voisins d’à côté. Appartement qui les attire fortement, où les allers et venues sont nombreuses : une jeune fille en pleurs, un ministre sortant souriant. Parmi les autres colocataires, on trouvera Mirai, une jeune artiste en herbe, traumatisée par un triste événement dans son passé, qui passe son temps à boire et à ramener des hommes pour une nuit. Elle aussi, en cours de route, cherchera à fuir sa vie en tentant de résoudre un autre mystère. Ryôsuke, lui, travaille dans une boite de cinéma, fait du sport, a tout pour lui réussir, si ce n’est une rage de dent. Lui aussi par la suite, cherchera à résoudre un mystère.

Dans Parade, tout est question d’apparence, de la banalité de la vie, et de tout ce qu’il se passe autour de nous pouvant nous intriguer et nous aider à sortir de cette vie morne, en quelque sorte. Parade s’en amuse, tout en parlant finalement, en réalité, de la banalité du quotidien Japonais, du respect de l’autre, de la vie privée. Quand Satoru, le fameux cinquième colocataire qui arrive un beau jour dans l’appartement sans prévenir alors que des meurtres ont lieu dans les environs, le réalisateur nous amène volontairement vers une série de fausses pistes. On se pose beaucoup de questions sur ce nouveau venu, d’autant plus que personne ne le reconnaît. Une présentation du personnages faite avec beaucoup d’humour, sans en faire des tonnes. Un nouveau mystère est là, et comme les précédents, il ne s’agira que d’un faux mystère. Les apparences sont trompeuses, et la vie ne ressemble pas toujours à un film policier, même si ici certains personnages ont tout de même des choses à cacher, des choses honteuses dans leur passé dont ils ne sont pas prêts à en dévoiler beaucoup. Passé le point de départ le film s’éloigne alors très rapidement de Petits Meurtres entre Amis pour se rapprocher plus d’un autre film Japonais, du moins dans le fond : Visitor Q de Miike Takashi. Puisque dans la forme, c’est l’opposé total. Eclairage magnifique, film lent, fausses intrigues, sobriété absolue, que ce soit dans la mise en scène ou dans le propos. Non, là où le film se rapproche de Visitor Q, c’est dans son personnage de l’intrus, du cinquième colocataire. Comme dans le film de Miike, il surgit un peu d’on ne sait où, et se fait assez rapidement accepter par les autres, au point qu’il prendra part à leur vie quotidienne. Il prendra des repas avec eux, ira jouer au Pachinko avec Kotomi (la scène où Kotomi revient après dans l’appartement est d’ailleurs hilarante tant le jeu des acteurs est convainquant).

Satoru finira même par devenir en quelque sorte l’ami intime de chacun de ses colocataires, un ami qui arrive sans prévenir et avec qui on sent que l’on peut immédiatement partager des moments de sa vie, raconter son passé. Et parfois un peu sans le vouloir, ou par inadvertance, il pourra finalement aider ses différents personnages à vaincre certaines choses, à aller de l’avant. C’est sur ce point que le film se rapproche le plus de Visitor Q, le trash en moins. Satoru fera parfois certaines actions qui feront évoluer les personnages, alors qu’au départ, il ne le faisait pas dans ce but. L’opposé de Ryôsuke, qui passe son temps à aider les autres, à les écouter, et au final, l’aide qu’il leur apporte n’est pas toujours écoutée. Pire, au fur et à mesure, il se retrouve seul. Parade ressemble en fait énormément à une étude de la vie sociale de ses différents personnages, le tout baignant dans une atmosphère de mystère, qui au fur et à mesure que le film avance, ne se révèle être que du faux. C’est en ce sens que le film ne plaira pas à tout le monde, voir pourra se faire détester de la part de certains spectateurs. Il ne se passe finalement pas grand chose dans le métrage, ou même pour ainsi dire rien. Pourtant à n’en pas douter, Parade est un film qui a beaucoup de choses à raconter sur nous, en tant qu’individus, sur notre intimité, et qui le fait plutôt subtilement, de manière assez noire. On retrouve chez chacun d’entre eux la banalité de la vie de tous les jours, avec les amours, les peines, l’imagination qui nous joue des tours. La réalisation très travaillée, le magnifique éclairage vert jaune, la musique répétitive mais convenant parfaitement au métrage et créant finalement un mystère de Asamoto Hirofumi, et même l’interprétation très solide de la part de la plupart du casting, rendant les situations tour à tour comiques (l’arrivée de Satoru), touchantes (la scène dans le manège), mystérieuses (la filature dans la rue), tout cela fait de Parade un film extrêmement prenant, si l’on adhère à son non rythme, à ses faux mystères et à sa lenteur.

Les plus

Techniquement très soigné
Une direction originale
Les fausses intrigues
De l’humour discret qui fonctionne

Les moins

Une direction qui va déconcerter une partie du public

En bref : Une bonne surprise, qui surprend en n’allant jamais où on l’attend.

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