Titre original : Parasaito Ivu – パラサイト・イヴ
1997 – Japon
Genre : Fantastique
Durée : 2h
Réalisation : Ochiai Masayuki
Musique : Hisaishi Joe
Scénario : Kimizuka Ryoichi d’après le roman de Sena Hideaki
Avec Mikami Hiroshi, Hazuki Riona, Nakajima Tomoko, Omura Ayako, Inagaki Goro et Osugi Ren
Synopsis : Un jeune et brillant scientifique, Nagashima Toshiaki, travaille sur un nouveau processus en utilisant la mitochondrie naturelle que nous avons dans notre propre organisme afin d’aider la régénération des organes endommagés. Toshiaki est amoureux de Kiyomi. Ils projetaient de célébrer leur 1ère année de mariage quand un terrible accident arrive à Kiyomi. Les blessures physiques sont si terribles que Kiyomi, dans le coma, décède. Avant de mourir, son désir était que ses organes non endommagés soient donnés aux gens dans le besoin. Mariko, une jeune fille vivant avec des problèmes de reins depuis longtemps, est le sujet parfait pour recevoir son rein. Toshiaki accepte la demande du docteur si celui ci lui donne le foie de sa femme morte. Toshiaki va tenter de cultiver les cellules de sa femme en pensant pouvoir la régénérer. Mais les cellules vont se développer, créant une nouvelle forme de vie : EVE.
Avant d’être un jeu vidéo connu et reconnu (bien que le premier opus ne soit, étonnement, jamais sorti en France), Parasite Eve était un roman, puis un film. Film plutôt méconnu, et le premier métrage de Ochiai Masayuki, avant qu’il ne réalise un sketch pour Dark Tales of Japan, ou encore le film Infection. Encore une fois, bien avant Infection, le monsieur s’intéressait déjà au domaine médical et à l’étude d’organismes étranges, bien que dans le cas présent, il n’était pas au scénario. Quoi qu’il en soit, Parasite Eve, pour ceux qui ne connaissent que les jeux vidéos (donc, pour les français en général), sera une déception, et encore, pour pouvoir voir le métrage, il faudra se contenter d’une version sous titrée anglais, diminuant encore le nombre de spectateurs. Sorti en 1997, le film passera plutôt inaperçu. Pendant plus de la moitié du métrage, nous avons l’impression de nous retrouver devant un drame, peut être un peu trop dialogué au départ. Un drame s’intéressant uniquement aux personnages de Toshiaki et de Kiyomi. Toshiaki travaille sur la mitochondrie, pour l’instant sur des cellules de rats, et enseigne à des étudiants ce qu’il sait sur le sujet. Kiyomi est mariée avec lui depuis exactement un an, et ils doivent fêter ça. Toshiaki est bien entendu trop plongé dans son travail, et n’a que très peu de temps à consacrer à sa femme. Ce qui va rapidement changer lorsque celle ci aura un malaise en voiture et percutera un camion avant de se prendre une poutre en pleine tête. Mort cérébrale, plongée dans le coma, son sort est scellé. C’est finalement sa mort qui va les rapprocher, Kiyomi et Toshiaki. Parasite Eve se montre donc dans un premier temps dramatique, triste, froid, et nostalgique, envers le bonheur passé du couple.
Malgré cette direction, le réalisateur se permettra quelques fulgurances visuelles, notamment lors du magnifique plan d’introduction. Il se permettra également quelques plans sanglants lors d’opérations chirurgicales (alors qu’il s’abstenait de les montrer dans Infection quelques années plus tard). Si certains passages s’avèrent un poil trop longs et dialogués, cette première partie fonctionne plutôt bien, avant que Toshiaki ne perde pied et demande au docteur chargé de transplanter le rein de retirer également le foie de sa femme décédée afin de pouvoir en faire des cultures et continuer d’étudier sur elle la mitochondrie, persuadé qu’il pourrait parvenir à la maintenir en vie de cette manière. Encore un scientifique totalement taré, comme on en voit des tas dans ce genre de métrages. Le tout devient alors quelque peu prévisible et convenu, mais parvient encore à maintenir l’intérêt, grâce à son casting irréprochable (on reconnaîtra d’ailleurs Nakajima Tomoko, qui jouait Isono dans l’adaptation en mini série de MPD Psycho par Miike Takashi, et Osugi Ren dans une très courte séquence) et une mise en scène plutôt réussie malgré la qualité discutable de certains effets visuels. Les cellules de Kiyomi étudiées au microscope par Toshiaki pourront en effet faire sourire. C’est ainsi que le film versera dans le fantastique que les connaisseurs de la saga en jeux vidéos attendaient.
Les cellules de Kiyomi, et la mitochondrie contenue à l’intérieur vont se développer de manière rapide et inattendue, allant jusqu’à recréer Kiyomi. Ou du moins son physique, puisque cette manifestation sera la forme choisie par la mitochondrie afin d’annoncer au monde un changement brutal. Les choses bougeront alors beaucoup dans sa dernière partie, à grand renfort d’effets numériques, certains réussis, d’autres beaucoup moins (sic), mais encore une fois, le film reste tout à fait plaisant à suivre grâce à son casting, sa mise en scène, sans oublier la sublime musique de Hisaishi Joe, compositeur des films de Kitano. Il nous livre ici une partition ressemblant étrangement à une énorme chorale, et il parvient ainsi à donner de l’ampleur à l’ensemble, rendant la mitochondrie sous sa forme humain, EVE, magnifique. La dernière demi-heure sera un grand moment pour les fans des deux jeux vidéos puisque l’on pourra y retrouver certaines scènes les ayant inspirés, comme celle où EVE, sur une scène, parle avant de faire s’enflammer un homme à côté d’elle (le premier jeu vidéo), annonçant ainsi au monde que l’heure de l’évolution a sonné et qu’elle ne se cache plus (certains moments de l’histoire du second jeu vidéo). Alors que le film devenait petit à petit de meilleure qualité, passant de simple drame dont l’on connaît déjà l’intrigue à un drame fantastique et prenant, le final vient quelque peu rompre avec tout ça et renvoi le film à sa place, en bâclant le tout de manière hautement simpliste, et forcément, décevante. Parasite Eve restera donc finalement juste sympathique pendant toute sa durée, alors qu’il aurait pu s’élever bien plus haut.
Les plus
Une bonne partie dramatique
Bien prenant par moment
Les acteurs
Le score musical
Les moins
Quelques longueurs et facilités
Des effets numériques très inégaux
En bref : Juste sympathique, une histoire assez classique, bien mise en scène, bien jouée, et musicalement intéressante. Un poil trop dialogué au départ, le film s’envole dans sa dernière demi-heure avant de retomber à plat lors de son final.