JEUNE ET JOLIE de François Ozon (2013)

JEUNE ET JOLIE

Titre original : Jeune et Jolie
2013 – France
Genre : Drame
Durée : 1h35
Réalisation : François Ozon
Musique : Philippe Rombi
Scénario : François Ozon

Avec Marine Vacth, Géraldine Pailhas, Frédéric Pierrot, Fantin Ravat, Johan Leysen et Charlotte Rampling

Synopsis : Isabelle est une jeune femme de 17 ans qui après avoir perdue sa virginité, va se prostituer. Le métrage nous dresse le portrait de cette jeune fille sur 4 saisons.

La sexualité chez les jeunes femmes, ça aura été à la mode en 2013 il faut croire, surtout en France, avec le passage au festival de Cannes de Jeune et Jolie de François Ozon d’un côté, et de La Vie d’Adèle qui aura raflé la Palme d’or de l’autre. Bref, Jeune et Jolie nous propose de suivre le chemin d’une jeune femme de 17 ans qui va découvrir la sexualité, et se prostituer par la même occasion. Et bien entendu, comme l’annonce le titre, notre personnage principal, Isabelle (Marine Vacth), est jeune et jolie, ce qui va attirer une clientèle assez variée, et parfois assez… âgée dirons nous. Voilà le postulat de base, assez facile certes, du dernier film de Ozon (Swimming Pool, 8 femmes). Et en toute honnêteté, le début fait peur, tant l’on a l’impression que le réalisateur, également scénariste donc, cède à la facilité pour livrer un produit racoleur et dénué de sens, et surtout, de fond. Isabelle, alors en vacances, va « offrir » sa virginité, et à son retour en cours, se trouver un petit ami. Sauf que rien ne va, et elle va plutôt se servir de la faiblesse des hommes pour se faire de l’argent de poche. Les dialogues sont crus, l’actrice souvent nue, les hommes se succèdent. On pourrait avoir peur donc que tout ceci, cette chronique d’une jeune fille, ne mène absolument à rien, mais certaines notes nous montrent bel et bien que le réalisateur ne cède pas à la facilité, malgré des doutes dans la première partie et surtout un rythme assez étrange et parfois trop contemplatif.

La réaction d’Isabelle après sa première fois aurait dû nous mettre la puce à l’oreille, quand elle déclarera avec simplicité « C’est fait ». C’est pourtant bel et bien dans sa seconde partie que le métrage se fait plus passionnant, plus sensible et travaillé, tout en gardant son côté très érotique et osé. Isabelle rencontrera un client qui deviendra un client régulier, et la relation que les deux vont entretenir fonctionne parfaitement à l’écran. Le film se fait plus intimiste, plus sensuel, et on pourrait même dire plus respectueux envers ses personnages, malgré leur situation et ce qu’ils sont tout simplement l’un vis à vis de l’autre : la prostituée et le client. Si Ozon s’avère plus intéressant au fur et à mesure que son récit avance, et surtout dans son épilogue où il remet en scène Charlotte Rampling (vue récemment dans la saison 8 de Dexter – aie), on pourra également saluer la prestation de la jeune Marine Vacth, qui donne de sa personne et s’avère extrêmement juste dans son jeu d’actrice, pour un rôle que l’on imagine pas forcément facile à jouer.

Découvrant le plaisir, mais également son absence, et sa capacité, ou plutôt son pouvoir sur le sexe opposé, Isabelle apparaît tout d’abord comme une jeune fille vide, qui n’a pas forcément une bonne image du sexe après sa première relation, et donc, d’elle-même. Au contact de certains clients et en découvrant le pouvoir qu’elle a sur les hommes, Isabelle va en apprendre plus. C’est quand le métrage s’attarde sur ses relations, souvent conflictuelles, que le métrage fait mouche. Car si Isabelle apprend beaucoup en se prostituant, tout secret finit par se faire découvrir, et les réactions autour d’elle, de ses amies, sa famille ou encore le psy, ne sont parfois pas loin d’être extrême, autant dans le bon que dans le mauvais sens. Malgré tout, on pourra reprocher à Ozon une première partie étrange au rythme pas toujours bien calibré, et un découpage du film en 4 saisons pas forcément utile, d’autant plus qu’il laisse une impression étrange, avec 4 chansons datées. Une curiosité intéressante dans la filmographie d’un réalisateur prolifique.

Les plus

Les relations entre les personnages
Marine Vacth sublime
L’épilogue

Les moins

Début loin d’être enthousiasmant
Quelques moments moins convaincants (plus faciles?)

En bref : Finalement pas si provocateur que ça, un film qui intéresse plus il avance. Beaucoup de bonnes choses, et d’autres moins convaincantes, mais le résultat final tient la route.

5 réflexions sur « JEUNE ET JOLIE de François Ozon (2013) »

  1. Je poursuis mon exploration des Ozon sur ton blog et forcément, quand une « jeune et jolie » fille passe par là, je la suis. 😉
    Ce film m’a envoûté. Je le tiens poir un des tous meilleurs du réalisateurs. Je trouve qu’il diffuse quelque chose de très troublant, une sorte de parfum méphitique qui prend sa source dans les âges le plus profonds du cinéma. On sait que Ozon aime jouer avec les faux-semblants, il en fera d’ailleurs un usage plus évident mais sans doute moins subtil dans le film suivant (« l’amant double » toujours avec la formidable Marine Vacth).
    Encore un bon petit film d’été que je pourrais me reprogrammer (cela tombe bien, celui-ci je l’ai en stock).

    1. Désolé de ne pas avoir plus de Ozon dans le lot alors. J’aurais pu écrire sur Gouttes d’eau sur Pierres Brûlantes à l’époque, mais l’inspiration n’était pas du tout venue.
      Jeune et Jolie est en plus un film qui a beaucoup de moments assez lourds, et son final dans l’hôtel avec Rampling est formidable. Sans doute également un de mes préférés du réalisateur, que j’avais découvert au cinéma à l’époque. La joie de travailler dans un cinéma, de ne pas payer, et de me faire quasi toute la programmation. Puis achat du Blu-Ray peu de temps après.
      Je n’ai pas vu l’Amant Double tiens, mais ça me motive bien. Marine Vacth m’avait bien surprise ici, surtout avec un rôle pas si facile.

      1. J’ai moins aimé « l’amant double », quand Ozon se prend pour Cronenberg je trouve que ça fonctionne moins bien. Je tenterai de le revoir quand même. Sinon, dans les Ozon récents qui valent le coup d’œil, il y a « Frantz ».

        1. Ah oui mais tu me vends malgré tout du rêve là en parlant de Cronenberg. Tu sais bien que je suis fan de ce genre d’ambiances (en plus d’avoir vu le dernier film du fils Cronenberg, j’ai vu récemment ENEMY de Villeneuve, qui a une ambiance assez clinique dans le même genre, et j’ai adoré, faut que j’écrive dessus. Du coup, L’amant Double commandé 😉

          1. Comme ça j’aurai l’occasion de profiter de ton ressenti sur l’amant Double (le mien est déjà dispo sur le Tour d’Ecran).
            Je suis arrivé très tard chez Villeneuve, du coup il me manque pas mal de titres. Celui-ci en fait partie.
            Pas vu non plus son film de SF dont on dit le plus grand bien (j’ai pas envie de tenter la VF qu’on m’a passé en divx, du coup j’attends le bon moment pour le choper en dvd/br).

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