L’INVASION DES PROFANATEURS DE SÉPULTURES (Invasion of the Body Snatchers) de Don Siegel (1956)

L’INVASION DES PROFANATEURS DE SÉPULTURES

Titre original : Invasion of the Body Snatchers
1956 – Etats Unis
Genre : Science Fiction
Durée : 1h20
Réalisation : Don Siegel
Musique : Carmen Dragon
Scénario : Daniel Mainwaring d’après Jack Finney

Avec Kevin McCarthy, Dana Wynter, Larry Gates, King Donovan et Carolyn Jones

Synopsis : Le docteur Miles Bennell est rappelé d’urgence à son cabinet car de nombreux patients le réclament. Il s’aperçoit très vite que ceux-ci présentent des troubles étranges, qu’un confrère psychiatre assimile à une forme d’hystérie collective. Les malades délirent et ne reconnaissent pas leurs proches. Il décide de mener sa petite enquête.

Dans les années 50, de nombreux pays étaient en proie à la peur. Le nucléaire, le souvenir de la seconde guerre mondiale, la guerre froide. Et cette peur se retrouva dans le monde du cinéma, notamment de genre. Et c’est ainsi que de nombreux films cultes virent le jour, des films jouant sur la psychose, la paranoïa. La Chose d’un autre monde de Howard Hawks et L’invasion des Profanateurs de Sépultures de Don Siegel font partis de ces films cultes (on pourra aussi citer La Guerre des Mondes), qui seront tous les deux remis au goût du jour à la fin des années 70 et au début des années 80, dans deux versions différentes, nihilistes, et surpassant leurs modèles (l’époque où les remakes apportaient donc quelque chose d’intéressant aux œuvres d’origines). Bref, passons donc au film qui nous intéresse, que tout le monde ou presque a du voir. Don Siegel, peu ou pas habitué au genre fantastique, livre là un superbe film, alors que l’on sait déjà d’avance que tout est perdu. Adaptée d’une nouvelle de science fiction, le film fut tourné en un mois seulement pour 380 000 dollars. Une somme ridicule, même comparé à d’autres métrages de la même époque, mais qui n’arrêtera pas le réalisateur, très inspiré, qui livrera une mise en scène prenante, rythmant ainsi son film et distillant parfaitement un sentiment de paranoïa qui s’empare petit à petit d’une petite ville américaine tout ce qu’il y a de plus classique.

Don Siegel s’en amuse justement, en commençant son métrage doucement, très doucement, autant dans son intrigue que sa mise en scène, nous montrant ainsi une ville telle qu’on en voit partout. Calme, avec des habitants amicaux. Pour coller à cette ambiance qui peut aisément nous rappeler notre propre quotidien, le réalisateur utilise des plans larges, fait durer ses plans, nous développe bien ses personnages. Si bien que l’on s’y attache, que l’on s’y identifie, avant que l’intrigue ne bascule dans la science fiction pure. Oui, les extra terrestres sont là, ils remplacent doucement les humains, à commencer par une petite ville, avant, on s’en doute, de vouloir viser plus haut. La réalisation de Don Siegel s’accélère alors, les plans se font plus rapprochés de ces personnages et de l’action, et la tension monte progressivement, jusqu’à son final grandiose. Ou du moins, toute sa dernière partie, puisque la finalité du récit est déjà connue, avec l’utilisation de l’histoire racontée par le personnage principal.

Cet effet de style, beaucoup plus utilisé de nos jours, censé dynamiser une intrigue, lui enlève pourtant une partie de sa force. Ce ne sera pas le cas dans le film de Don Siegel, grâce à une réelle maitrise de son récit et de sa caméra. Pourtant, revu aujourd’hui, on pourra lui reprocher une première partie peut-être s’attardant trop sur le côté classique et quotidien de son récit, mais pourtant utile à sa seconde partie, qui n’aurait pas fonctionné de la même façon sans. Le final, bien que plein de sous entendu, déçoit un poil après toute cette montée en tension qui précédait, notamment la superbe fuite de la ville par nos deux personnages principaux, le docteur Milles et son amie. Récit sur la peur de l’inconnu, la peur de l’invasion, mais pouvant également être vu comme un récit sur la déshumanisation de notre société et de ses habitants (c’est encore plus vrai de nos jours, mais le dernier remake en date de 2007 était un carnage sans nom malheureusement…), L’invasion des Profanateurs de Sépultures est un grand moment de cinéma, qui bien que légèrement surpassé par la seconde version de Philip Kaufman, garde pour autant toute sa force.

Les plus

Une vraie tension

Très bonne mise en scène

Un sous texte intéressant

Les moins

Avec le recul, une première partie trop classique

 

En bref : Un film de science fiction culte des années 50, en suggestion, réellement prenant et intéressant.

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