LOST RIVER de Ryan Gosling (2014)

LOST RIVER

Titre original : Lost River
2014 – Etats Unis
Genre : Drame
Durée : 1h35
Réalisation : Ryan Gosling
Musique : Johnny Jewel
Scénario : Ryan Gosling

Avec Christina Hendricks, Iain De Caestecker, Saoirse Ronan, Matt Smith, Ben Mendelsohn, Eva Mendes et Reda Kateb

Synopsis : Dans une ville qui se meurt, Billy, mère célibataire de deux enfants, est entraînée peu à peu dans les bas-fonds d’un monde sombre et macabre, pendant que Bones, son fils aîné, découvre une route secrète menant à une cité engloutie. Billy et son fils devront aller jusqu’au bout pour que leur famille s’en sorte.

Acteur apprécié des femmes et restant toujours dans un cinéma la plupart du temps indépendant et intéressant (Drive, The Place Beyond The Pines, Only God Forgives), Ryan Gosling passe à la mise en scène non sans mal avec Lost River. Présenté à Cannes en 2014, son film sera démonté par la critique, si bien qu’il aura fallut attendre un an pour voir le film débarqué sur les écrans. Lost River est-il un film si honteux ou difficile d’accès et à sortir ? Oui et non, mais une chose est sûre, le film ne va pas cartonner en salle, malheureusement. Comme Gosling l’indique lui-même, son film est à mi-chemin entre l’univers réaliste de Derek Clanfrance (The Place Beyond the Pines) et surréaliste de Nicolas Winding Refn (Drive, Valhalla Rising, Only God Forgives). D’ailleurs, autant devant que derrière la caméra, le jeune réalisateur s’entoure d’une équipe connue et surtout compétente, à même de donner vie à un univers à la fois onirique mais encré dans une réalité. Derrière la caméra on retrouve Johnny Jewel, qui avait travaillé sur le score musical de Bronson de Refn, ainsi que sur quelques morceaux de Drive, mais également Benoit Debie, le directeur de la photo des films de Gaspar Noé comme Irréversible et Enter The Void. Devant la caméra, c’est un festival avec Christina Hendricks avec qui Gosling avait joué dans Drive, Iain De Caestecker aperçu dans Filth (Ordure), Saoirse Ronan (Byzantium, Hanna), Matt Smith (Doctor Who), Ben Mendelsohn (The Dark Knight Rises, The Place Beyond the Pines) et Eva Mendes, la femme de Gosling dans la vraie vie.

Lost River nous raconte donc l’histoire d’une famille qui tente de survivre dans un monde qui a tout simplement l’air d’avoir arrêté de fonctionner normalement. Bones (Iain De Caestecker) vit avec sa mère et son petit frère dans une partie totalement délabrée de la ville. La pauvreté est là, les voisins quittent la ville pour tenter de rejoindre un monde meilleur sans jamais revenir. Non loin de là, le lac créé artificiellement par l’homme a engloutit une autre ville. Pour se faire de l’argent, Bones essaye de récupérer dans des lieux abandonnés du cuivre pour le revendre. Mais comme on le sait si bien, dés qu’une ville est en proie au chaos et à la pauvreté, certains en profitent. Ici, ce sera Bully (Matt Smith), qui décide de contrôler la ville à sa façon, n’hésitant pas à brûler des maisons, tuer des innocents, et couper au ciseau les lèvres de son ami. Il n’est pas le seul à essayer de prendre avantage du chaos. Alors que la mère de Bones jouée par Christina Hendricks tente elle-aussi de survivre, pour le bien de ses enfants, en payant malgré tout son loyer pour pouvoir rester chez elle, le propriétaire de la banque (Ben Mendelsohn) lui propose un travail dans un lieu étrange qui fait un business des pulsions humaines les plus primitives, à savoir le meurtre.

Oui, Lost River nous ballade dans une situation réaliste tout en poussant ses événements dans ces derniers retranchements pour nous fournir une galerie de personnages souvent peu appréciable. À l’exception de la voisine de Bones jouée par la belle Saoirse Ronan, les personnages manquent d’humanité et ne fonctionnent que pour assouvir leurs pulsions, qu’elles soient meurtrières, sexuelles, dans un but unique : le pouvoir, le contrôle ! Gosling, en plus de signer un scénario intéressant et de nous offrir des personnages qui le sont tout autant, soigne sa mise en scène. De nombreuses scènes sortent du lot, comme les nombreuses scènes se déroulant dans le bar où Christina Hendricks va travailler, ou le premier rencard entre Bones et sa voisine, le tout porté par le magnifique thème composé par le groupe Chromatics (Drive). Gosling se permet des images surréalistes, le tout baignant dans un éclairage fluo rappelant clairement le dernier opus de Gaspar Noé, et se permet même quelques moments sanglants survenant la plupart du temps sans prévenir, et provoquant donc clairement leur petit effet.

Lost River n’est pour autant pas parfait. En premier lieu, on pourra lui reprocher un final un brin expéditif, ou quelques personnages dont on aurait voulu en savoir plus. Néanmoins, on peut le dire clairement, en terme de mise en scène et d’ambiance, Ryan Gosling fait fort et son film a sa place dans les films de l’année. Bien entendu, son côté surréaliste, les thèmes qu’il aborde et tant d’autres choses n’en feront pas un film qui plaira forcément au grand public, mais qu’importe. Entre des plans travaillés et très beaux, des acteurs souvent parfaits et une musique, souvent douce, et venant parfois rendre des moments extrêmement beaux, ou au contraire, cauchemardesques, comme les personnages et le monde qu’il dépeint.

Les plus

Extrêmement bien filmé

Parfois beau et tendre, parfois oppressant

Belle galerie de personnages pour de grands acteurs

Des moments marquants

Superbe score musical

Les moins

Final expéditif

 

En bref : Une plongée onirique dans un monde réaliste à l’économie vacillante où les plus basiques pulsions humaines refont surface.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *