Titre original : 天羅地網
1988 – Hong Kong
Genre : Policier
Durée : 1h27
Réalisation : Kirk Wong
Musique : Danny Chung
Scénario : Law Gam-Fai et Lip Wang-Fung
Avec Tony Leung Ka-Fai, Adam Cheng, Waise Lee, Carrie Ng, Mark Cheng, Elizabeth Lee et David Wu
Synopsis : Dans les années 30, après la guerre civile en Chine, Ding Chun-bee rejoint la police de Shanghai afin de lutter contre le crime organisé. Tandis qu’une prostitué, Mona Fong, devient son indic, ses enquêtes le mènent à un baron de la drogue qui fut aussi l’un de ses tortionnaires pendant la guerre. Pour lui barrer la route, Ding Chun-bee recrute 3 de ses anciens compagnons d’armes.
Produit en 1988, Gunmen est un film qui a constamment le cul entre deux chaises, quel que soit l’angle avec lequel on l’aborde. Remettons nous dans le contexte de l’époque. En 1988 à Hong Kong, cela fait deux ans que dés qu’il faut faire parler la poudre, on prend pour modèle Le Syndicat du Crime de John Woo. Gunmen lui tente de nous raconter une histoire de triade, de drogue, de bandits, le tout dans le Shanghai des années 30. Mais ce n’est pas tout, puisque le film, réalisé par le très bon artisan Kirk Wong (OCTB, Crime Story, Big Hit), est produit par Tsui Hark, et on le sait, travailler pour sa société, ce n’est pas simple, le bonhomme surveillant son investissement de très près, quitte à demander à un réalisateur de retourner des éléments si cela ne lui convient pas. Pour couronner le tout, Gunmen est de l’aveu même de son équipe une version Chinoise du génial Les Incorruptibles de Brian De Palma. Aucun doute à ce sujet, quand on entend à plusieurs reprises l’un des thèmes du métrage qui vient s’inviter à la fête. D’ailleurs, autre curiosité, on pourra entendre durant la scène finale et ce pendant environ 20 secondes le thème de… La Mouche de David Cronenberg.
Passé ce prologue et ces conditions de tournage parfois peu aisées, que reste-il de Gunmen ? Et bien ma foi, c’est pas mal du tout ! Même si encore une fois, les différentes tensions et divergences d’opinion se retrouvent totalement dans le film, défilant à 100 à l’heure, passant du drame à l’action, de l’amour à la tension, se permettant des raccourcis scénaristiques parfois énormes. Car oui, Gunmen, avec toutes ces ambitions, son contexte, ne dure même pas une heure trente. Tout va vite, tout doit aller vite, et il est alors difficile de s’accrocher à tel ou tel élément. Quatre personnages sont en guerre, et après quelques instants, la guerre est finie, ils se quittent, retournent chez eux, et l’instant d’après, on se retrouve à suivre Ding (Tony Leung Ka-Fai) qui s’engage dans la police, et par un grand hasard retrouve son ancien tortionnaire à la tête d’un trafic d’opium. Et comme le hasard est roi, quelques instants ensuite, il retrouve ses trois camarades de guerre, qui comme ils n’ont rien d’autres à faire, le rejoignent dans la police. Son arme secrète pour gagner ? Son indic, qu’il rencontre par hasard au début du film, et qui devient son indic sans explications aucune dès la scène suivante. Gunmen va vite, trop vite.
Alors qu’il a pourtant énormément de choses à proposer. Ce rythme, cette vitesse d’exécution, permet de ne jamais s’ennuyer il est vrai, mais le film perd quelque peu en profondeur et en développement, il est parfois un peu dur de s’attacher aux personnages, pourtant très bien joués par des acteurs chevronnés, tels Tony Leung Ka-Fai donc (L’Amant, Les Cendres du Temps), Waise Lee (Le Syndicat du Crime, Une Balle dans la Tête) ou encore Carrie Ng (Sex & Zen, Naked Killer). Mais les personnages ont parfois du mal à exister vraiment devant la caméra. Oui, Gunmen souffre réellement de son tournage chaotique, entre un budget rapidement revu à la baisse (mais ayant sûrement permit à Kirk Wong d’affiner son style), des acteurs peu disponibles (ce qui expliquerait le traitement expéditif de certains personnages) et un producteur trop présent (ce qui expliquerait les rapides changements de styles). Inégal, Gunmen l’est, mais pourtant, il est aussi parfois traversé de quelques éclairs de génie qui viennent surprendre et sortir le métrage de son manque d’originalité (comme par exemple ces derniers instants). Court, rythmé, bancal, mais généreux et parfois bien foutu, Gunmen est tout à fait recommandable et promet de bons moments.
Les plus
Rythmé
De bons acteurs
De bons moments
Les derniers instants
Les moins
Très classique
Pas mal de défauts, de style, d’écriture
En bref : Un film souffrant d’une création difficile, mais contenant suffisamment de qualités pour passer un très bon moment.