Titre original : Horns
2013 – Etats Unis
Genre : Fantastique
Durée : 2h
Réalisation : Alexandre Aja
Musique : Rob
Scénario : Keith Bunin d’après le livre de Joe Hill
Avec Daniel Radcliffe, Max Minghella, Juno Temple, Joe Anderson, Kelli Garner, James Remar et Heather Graham
Synopsis : Ig Perrish, jeune homme accusé du viol et du meurtre de sa petite amie, utilise des capacités paranormales nouvellement découvertes, dans sa quête pour trouver le véritable meurtrier. Il semble qu’après avoir proféré des jurons, il ait obtenu du diable le pouvoir du sérum de vérité, qui prend effet de façon permanente à partir de ses cornes, dont il est désormais affublé.
Horns au départ, c’est le roman de Cornes de Joe Hill, le fils de Stephen King. Fiston a-t-il le même talent que son père (du moins avant, puisqu’aujourd’hui, ces livres ont perdu de leur impact) ? Je ne saurais dire, n’ayant pas lu le livre Cornes. Son adaptation est-elle bonne, ou au moins correcte ? Correcte, oui, à tous les niveaux, quand à savoir si cela est véritablement bon, cela reviendra à l’appréciation du spectateur sur les différents genres abordés par le film, mais également par ses attentes. Je n’attendais rien de particulier du film, ce qui m’a fait apprécier son histoire la majeure partie du temps. Par contre pour ce qui est des genres abordés, il y a des hauts et des bas. Des bas rappelant énormément les premières œuvres du réalisateur Alexandre Aja. Tournant aux Etats Unis depuis son remake de La Colline a des Yeux (que je n’ai pas apprécié, tout comme l’original), le bonhomme aura enchaîné avec plus ou moins de succès les remakes, avec Mirrors et Piranha 3D. Soit une œuvre moyenne à l’exception d’une scène choc et un gros délire bien fun mais finalement vite oublié. Avec Horns, il semble vouloir revenir à l’époque de Haute Tension, en se faisant sobre la plupart du temps, et en ratant allègrement son final.
Horns nous raconte donc l’histoire de Ig, joué par Daniel Radcliffe rescapé d’Harry Potter, et qui avait déjà prouvé qu’il pouvait jouer autre chose avec le sympathique La Dame en Noir, accusé par toute sa ville du meurtre de sa petite amie (la très bonne actrice Juno Temple, vue dans Killer Joe et Magic Magic). Sombrant dans l’alcool, le désespoir, la dépression, Ig se réveille un beau matin avec des cornes sur la tête. Un point de départ lorgnant immédiatement vers le Z, mais qu’Aja, bon réalisateur (et ici, il ne touche pas au scénario), sait rendre crédible grâce à un humour noir assez féroce bien que souvent bon enfant et allant vers les délires sexuels. Les fameuses cornes d’Ig obligent les gens le côtoyant à dévoiler leurs pires pensées, leurs pires côtés. Durant la première heure, ça fonctionne même du tonnerre. Les acteurs sont convaincants, et l’intrigue se découpe en deux parties. Celle se déroulant au présent, où nous suivons les aventures d’Ig avec ses cornes, nous donnant des scènes assez jouissives, comme celle où les journalistes se foutent sur la gueule pour avoir un scoop, où la scène d’Heather Graham, retrouvant un rôle de serveuse façon Twin Peaks la série, mais en mode débridé et surjoué. D’un autre côté, le film nous présente le passé d’Ig, de sa petite amie, et de sa bande de pote. Entre deux délires, le film se montre alors, certes très classique, mais bien mené, plein de nostalgie et de compassion à l’égard de ces personnages.
La très belle musique de Rob (déjà compositeur de la sympathique ost du remake de Maniac, produit par Aja) complète ses moments, donnant une dimension nostalgique et plutôt jolie à cette histoire d’amour. Entre romance et comédie, Horns joue sur des tableaux insoupçonnés. Occasion de trouver également pour des scènes assez poignantes James Remar (Dexter) dans le rôle du père. Fort sympathique, le film franchit le cap de la première heure avant de changer de nouveau de genre, pour aller dans le fantastique pur et dur. Ig va vouloir trouver le tueur, se venger de lui et de ceux qui ont causés du tort à sa petite amie. Évolution logique de l’histoire, le film commence déjà à perdre quelque peu en identité et part alors dans quelques délires (les serpents) qui, bien qu’allant dans le sens de l’histoire, ne parviennent pas à totalement convaincre. De très beau film sur une histoire d’amour agrémenté de notes d’humour noir, on passe à un film fantastique beaucoup plus banal, mais l’ensemble se tient toujours, se faisant sobre la majeure partie du temps.
Mais c’était ne pas connaître Alexandre Aja, qui, livrant là son œuvre la plus sobre et sans doute mature malgré son histoire classique, sabote lui-même son film lors de sa dernière demi-heure en flirtant clairement avec le nanar, puis en plongeant dedans à bras ouverts. Passé une révélation qui aurait pu mener immédiatement au final, le film s’allonge d’une demi-heure pour s’en tenir à son discours d’ouverture qui nous donnait dés le départ un indice sur la fin du métrage. Se tenir à ses premières ambitions, c’est bien. Encore faut-il mettre le tout en image correctement pour reste cohérent avec tout ce qui précédait. Hors là, Alexandre Aja se lâche totalement en effets ridicules et en petits moments gores, comme s’il s’était modéré durant tout le métrage et que là, il ne pouvait plus se retenir. Et c’est fort dommage au final, car il y a d’excellentes choses dans Horns. On retiendra donc majoritairement son humour noir et sa belle histoire d’amour que son aspect purement fantastique voir horrifique qui fonctionne beaucoup moins bien.
Les plus
De bons acteurs
L’humour noir
Une belle histoire d’amour
Une mise en scène maîtrisée
Les moins
Le final bien nanar
Un poil trop long
En bref : Comme pour son Haute Tension, Alexandre Aja sabote son film avec son final. Reste toute la première heure, très bonne.
Je serai encore plus dur que toi. Je viens de le voir et j’en ressors hyper déçu. J’ai perdu deux heures de ma vie – ou presque, le début est sympa. Mais si le concept est excellent et permet au réal de jouer sur l’humour noir, le concept en question est rapidement sacrifié… Le réalisateur et les scénaristes ont construit leur film comme un vulgaire whodunnit digne d’un téléfilm du samedi après-midi des années 80 (et éventé très rapidement avec ces flashbacks longs et insupportables), mais quel gâchis ! Et la fin est ridicule c’est vrai, tellement mauvaise… mais j’avais lâché prise avant pour ma part.
Oui je suis en général « tendre » avec Aja. J’arrive jamais à vraiment dire « j’ai aimé » car pas mal de trucs me dérangent, mais je n’arrive pas à détester non plus.
Reste à savoir, dans le cas de HORNS, si le bouquin n’est pas déjà comme ça, mais ne l’ayant pas lu. En fait, Aja devrait se trouver un super scénariste et continuer avec lui. Déjà car 90% du temps, ces fins sont foirées (HAUTE TENSION, LA COLLINE A DES YEUX, HORNS, OXYGENE), et car comme tu dis, il a souvent, voir toujours de super concept entre les mains, mais quelque chose se perds en cours de route. Va falloir que je mette en ligne mon avis sur OXYGENE d’ailleurs tiens !