Titre original : La Résistance de l’Air
2014 – France
Genre : Thriller / Drame
Durée : 1h38
Réalisation : Fred Grivois
Musique : Evgueni et Sacha Galperine
Scénario : Fred Grivois, Thomas Bidegain et Noé Debré
Avec Reda Kateb, Johan Heldenbergh, Ludivine Sagnier, Tchéky Karyo, Pascal Demolon et Blanche Hemada Costoso
Synopsis : Champion de tir au fusil, Vincent mène une vie tranquille entre sa femme et sa fille. Jusqu’au jour où des problèmes d’argent l’obligent à remettre en cause ses projets et menacent l’équilibre de sa famille. Une rencontre au stand de tir avec Renaud, personnage aussi séduisant qu’énigmatique, lui promet une issue grâce à un contrat un peu particulier. Dès lors, Vincent met le doigt dans un engrenage des plus dangereux…
La Résistance de l’Air, c’est le genre de petit film français qui n’a pas beaucoup fait parler de lui. Peu de pub, peu de critiques dans la presse, et pas toujours bonnes d’ailleurs. Oui, le premier film de Fred Grivois, coécrit par Thomas Bidegain (Un Prophète) n’aura pas attiré, ni ramené la foule. Il faut dire qu’en France, ce qui attire avant tout, c’est la comédie, pas prise de tête, avec des têtes d’affiche si possible. La Résistance de l’Air lui, place Reda Kateb en tête d’affiche, et s’amuse à mixer une intrigue sociale, un drame psychologique et un polar relativement classique à l’ancienne. On nous invite à suivre le parcours de Vincent. En apparence, tout lui réussi. Champion de tir au fusil sur 300 mètres, une femme superbe, une adorable petite fille. Il semble de plus s’entendre à merveille avec le patron du club de tir et se fait construire une maison à la campagne. Pourtant, le quotidien de Vincent, tout comme son avenir, sont gris. Le réalisateur le souligne dès les premiers instants avec des choix de mise en scène simples mais réussis. Usage du ralenti comme pour étirer le temps et accentuer l’impact de ses scènes, photographie grisâtre, musique d’ambiance utilisant parfois quelques instruments à cordes convenant à merveille. Car Vincent est souvent confronté à la dureté de la vie. Sa femme n’hésite pas à prendre la fuite au moindre souci, emmenant leur fille par la même occasion, pendant que le père de Vincent, malade, vient s’installer chez lui. L’argent vient à manquer, et les projets d’avenirs pour la famille n’ont jamais semblés aussi fragiles.
C’est dans cette critique du milieu, cette critique du quotidien, que le réalisateur fait le choix d’insérer le polar, ou plutôt le thriller à son intrigue. Car oui, Vincent est champion de tir, et l’arrivée de Renaud, avec qui il va sympathiser, va changer sa vie. Rapidement conscient de ses soucis d’argent et de sa fragilité psychologique due à ses conditions familiales, Renaud va lui proposer un boulot simple : se servir de ses capacités au tir pour effectuer un contrat. L’appât : assez d’argent pour changer de vie, pouvoir placer son père dans un institut spécialisé, recoller ainsi les morceaux dans sa vie personnelle et avoir le bonheur qu’il souhaite, en famille, dans leur nouvelle maison. Mais on s’en doute, rien n’est simple, et si le scénario ne sera pas un modèle de surprise, il tient en haleine et se montre suffisamment maîtrisé dans sa forme visuelle pour captiver notre attention. Oui, on s’en doute clairement, rien ne va se passer comme prévu, les complications vont arriver, les contrats se multiplier, jusqu’à ce que la situation dérape totalement et que Vincent devienne lui-même une cible. Rien de neuf dans ce que le métrage raconte, cependant, il le fait bien. Pour deux raisons principalement. La première, ce sera son réalisme.
Réalisme dans le traitement de son sujet, de ses personnages, du milieu évoqué. Jamais le film ne va tenter d’en faire trop, ou d’impressionner juste pour le plaisir d’impressionner le spectateur, il préfère rester réaliste, nous enfermer dans un climat d’authenticité. Pourtant, les clichés ne sont parfois pas bien loin, comme lorsque Vincent se laissera aller avec Renaud à quelques folies nocturnes, ou lorsqu’il draguera la sœur de sa femme, ou encore le contrat qui tourne mal. Mais Fred Grivois n’appuie jamais lourdement ses effets, préférant garder une certaine distance salvatrice. De l’autre côté, on pourra bien évidemment souligner le casting du métrage. Reda Kateb (Zero Dark Thirty, Les Petits Princes, Lost River) dans le rôle de Vincent est tout simplement excellent et très juste, toujours sobre, toujours vrai. Il tient littéralement le film sur ses épaules. Les personnages secondaires ne sont pas en reste, Johan Heldenbergh (Hasta la Vista) dans le rôle de Renaud inspire à la méfiance dès les premiers instants, sans pour autant rendre ses traits de caractères trop visibles. Notons également la présence de Tchéky Karyo (Nikita, Goldeneye, Crying Freeman) dans le rôle du père et de Ludivine Sagnier (Les Chansons d’Amour, Swimming Pool) dans le rôle de Delphine, la femme de Vincent. Aucune fausse note à noter, Fred Grivois sait ce qu’il veut pour son métrage, et parvient à passer outre les quelques clichés de son intrigue pour nous emmener malgré tout dans cette sombre histoire d’engrenage dont personne ne sort indemne.
Les plus
Reda Kateb, étonnant et juste
Une mise en scène très réussie
Une ambiance lente et sombre
Entre drame et thriller
Les moins
Quelques clichés
En bref : Si son intrigue n’est pas franchement originale, La Résistance de l’Air s’en sort plus que bien grâce à son ambiance, ses choix de mise en scène et son excellent casting.