Titre original : The Forest
2016 – Etats Unis
Genre : Fantastique
Durée : 1h33
Réalisation : Jason Zada
Musique : Bear McCreary
Scénario : Nick Antosca, Sarah Cornwell et Ben Ketai
Avec Natalie Dormer, Taylor Kinney, Ozawa Yukiyoshi, Eoin Macken, Stephanie Vogt, Sakura Noriko et Takasaki Rina
Synopsis : Sara Price se rend au Japon pour retrouver la trace de sa sœur jumelle Jess, qui a disparue en pénétrant dans la forêt Aokigahara au pied du Mont Fuji. Réputée hantée, la forêt est connue comme étant la forêt du suicide, et serait pleine de Yurei. Sara va se rendre sur place avec l’aide du reporter Australien Aiden et de leur guide, Michi.
Inédit en France mais ayant eu droit à une sortie presque partout (oui, même dans des pays que l’on a jamais entendu parler, un comble), The Forest est une modeste production américaine de 10 millions qui nous invite à plonger dans la forêt Aokigahara. Une forêt bien connue, ayant sa dose de mythes et légendes remontant à loin. De seulement 35 km2, cette forêt connue sous le nom de Jukai (mer d’arbres) est une forêt où l’on retrouve, chaque année, une centaine de corps (voir plus), que ce soit des suicides ou de simples personnes s’étant égarées. Les mythes sur cette forêt ne datent pas d’aujourd’hui, loin de là, et le cinéma s’y est déjà intéressé, tout comme la littérature, puisque dés 1959, un roman de Matsumoto Seichô parle de cette forêt, et de suicide. Un autre ouvrage sorti même en 1993. Au cinéma, les Japonais s’y intéressent comme Takimoto Tomoyuki en 2004 avec Ki No Umi, mais également les Américains depuis peu, avec The Forest donc, mais également Nos Souvenirs de Gus Van Sant, au titre original bien plus porteur : The Sea of Trees. Mais là où le film de Gus Van Sant, présenté à Cannes en 2015 et sortant le 27 Avril 2016 en France, est un drame avec un casting de stars bien connues (Matthew McConaughey, Naomi Watts), The Forest est un film d’horreur. Ou plutôt un film d’atmosphère peuplé de jumpscares, certains fonctionnant, d’autres irritant clairement tant ils sont prévisibles, éculés, déjà vus.
Dans sa construction, The Forest ne surprend pas, mais part avec quelques bons éléments en mains. Sara cherche donc sa jumelle, disparue en s’aventurant dans la fameuse forêt. L’écriture des différents personnages est prévisible mais fonctionne bien et s’avère développé. Trop dirons certains. Traumatisme de jeunesse, liens entre jumelles, caractères opposés mais complémentaires. Oui il y a de bonnes choses niveau personnages, du moins au niveau de Sara et de sa jumelle, Jess, toutes deux jouées par Natalie Dormer (Hunger Games, Game of Thrones). Pour les autres, nous aurons des personnages pas inintéressants en soit mais débarquant dans le récit de manière parfois un peu clichée, ou surtout comme par hasard. Sara est dans un bar à la recherche de sa sœur, non loin de la forêt Aokigahara, et forcément, elle croisera un journaliste Australien, parlant donc anglais, mais parlant aussi Japonais. Qui connait lui-même un guide qui par chance sera bilingue également. D’ailleurs, la plupart des Japonais que Sara croiseront parleront anglais, comme c’est pratique non ? Aiden, le journaliste, sera un des personnages énigmatiques du film, puisqu’une fois notre bande dans la forêt, essayant de « tromper » les personnages pour les pousser au suicide, on ne saura plus vraiment où s’arrête la réalité et où commence l’hallucination, faisant douter en permanence des intentions des personnages.
The Forest, visuellement, est un film plutôt bien troussé. Les plans sont beaux, l’éclairage intéressant. Jason Aada à la réalisation (son premier long métrage) soigne l’emballage et livre un produit soigneusement mis en boite. Les longs plans jouant sur l’ambiance et l’atmosphère fonctionnent même plutôt bien, et heureusement car au final, il se passera très peu de choses lors de la première heure du métrage. Certains trouveront le temps bien long, d’autres y verront un film qui essaye de poser une ambiance lourde. Il ne réussit pas tout le temps, la faute à certains jumpscares éculés. Grâce à son ambiance réussie, certains fonctionnent (la scène de la grotte et la belle gestion des décors, minuscules), alors que d’autres sont prévisibles à des kilomètres et viennent beaucoup trop rappeler le film Sinister, et son envie de faire sursauter le spectateur en nous explosant les oreilles avec un son soudain. Et c’est franchement dommage, car il y a beaucoup de bonnes choses dans The Forest. Des personnages plutôt intéressants, des scènes d’ambiances réussies, un grand respect pour les mythes et légendes de la forêt en question (les grottes souterraines, les boussoles qui ne fonctionnent plus, les rubans pour permettre de trouver des corps dans la forêt et j’en passe). Sans doute qu’un peu plus de rythme dans la première partie, à l’ambiance néanmoins réussie, et la suppression pure et simple de certains jumpscares, notamment du dernier qui nous laisse sur une mauvaise impression, et le film aurait été encore plus intéressant. Là en soit, le métrage nous laisse une impression inégale, comme si le cahier de charge des productions horrifiques actuelles s’était effondré sur un film d’ambiance qui se serait dispensé de ces éléments.
Les plus
Une ambiance franchement pas mal
Quelques personnages intéressants
Quelques jumpscares fonctionnent
Les moins
Quelques éléments un peu gros
D’autres jumpscares qui ne fonctionnent vraiment pas
En bref : The Forest est une sympathique série B, bien troussée la plupart du temps, mais qui déçoit à de nombreuses occasions, notamment son final.