Titre original : The Fog
1980 – Etats Unis
Genre : Fantastique
Durée : 1h29
Réalisation : John Carpenter
Musique : John Carpenter
Scénario : John Carpenter et Debra Hill
Avec Adrienne Barbeau, Jamie Lee Curtis, Janet Leigh, John Houseman, Tom Atkins, James Canning, Charles Cyphers et Nancy Kyes
Synopsis : En Californie du Nord, Antonio Bay est sur le point de célébrer son centenaire. Mais la quiétude de la ville est perturbée par de mystérieux événements, dont le meurtre horrible de trois pêcheurs locaux, accompagné par un étrange brouillard lumineux qui s’étend sur terre et sur mer. Le prêtre de la localité, le père Malone, découvre le journal de son grand-père, qui contient un sombre secret inconnu des habitants actuels la ville.
Après avoir cartonné au box office en 1978 avec Halloween, Carpenter décide de changer son fusil d’épaule, pas en terme d’ambiance mais en terme de genre. Halloween était très terre-à-terre, tout comme son précédent film Assaut, et Fog lui sera plus encré dans le fantastique, le surnaturel. Un budget un peu plus élevé de 1 million, une équipe faisant confiance à Carpenter, et voilà que Fog débarque en 1980. Il ne connaîtra pas le même succès qu’Halloween, mais deviendra culte au fur et à mesure des années, comme beaucoup d’autres œuvres de Carpenter. Et pourtant, même si nous ne sommes pas nombreux, je préfère largement Fog à Halloween. Pourtant tout était fait pour que le film ne vieillisse pas aussi bien. Remplacer le tueur sans visage du slasher par des fantômes de pécheurs dans une brume, réclamant ainsi beaucoup plus d’effets spéciaux… et pourtant, non, Fog vieillit extrêmement bien. Et pour ceux qui sont sceptiques, regardez le remake et pleurez ! Fog est un pur film de John Carpenter. Carpenter est bien entendu à la mise en scène et à la musique, il signe le scénario encore une fois avec Debra Hill, Dean Cundey s’occupe encore une fois de la photo après Halloween (et continuera à bosser pour Carpenter sur tous ces films des années 80), Tommy Lee Wallace s’occupe encore du montage. Oui, la même équipe derrière la caméra. Devant, on retrouve également Jamie Lee Curtis et Charles Cyphers, tandis que de futurs habitués rejoignent le casting : Adrienne Barbeau, Tom Arkins, George Buck Flowers… On aura même quelques valeurs sûres, avec Janet Leigh.
Contrairement à Halloween pourtant, Fog nous raconte une histoire beaucoup moins terre-à-terre, l’histoire de la vengeance de pécheurs, trompés 100 ans plus tôt jour pour jour par les habitants d’Antonia Bay. Ils reviennent aujourd’hui pour récupérer leur or et tuer 6 personnes. Une histoire simple, qui comme souvent avec Carpenter va prendre son temps, et malgré tout passionner intégralement dés la scène d’ouverture puis son long générique atmosphérique. En quelques plans sur cette petite ville typique Américaine, accompagnés de quelques notes de synthé, et aucun doute n’est permis, Carpenter est à la barre, et sait ce qu’il fait, malgré les nombreux doutes qu’il avait durant la production puis en post production. Il joue à merveille tout le long sur l’atmosphère, permettant à sa lente intrigue de se poser, aux personnages d’exister, et au spectateur de ne pas décrocher. Pourtant en y regardant de plus près, comme pour Halloween, les personnages sont très classiques, leurs réactions sont prévisibles (mais logiques). Mais tout fonctionne. La première heure pose les enjeux, les premiers mystères, les premières révélations avec la découverte d’un journal intime révélant les événements passés de la ville. Puis fatalement intervient la dernière demi-heure, où tout s’accélère, où les événements fantastiques interviennent véritablement devant la caméra de Carpenter.
Et autant le dire, il gère tout cela de main de maître. Que ce soit les nombreux plans mettant en avant la brume envahissant les rues de la ville, ou les plans révélant les fameux fantômes, bien que souvent cachés dans l’obscurité ou par la brume elle-même, tout fonctionne. On pourra bien dire qu’un ou deux plans passent moins bien que les autres (oui, les yeux rouges qui brillent, bon !), et pourtant, on n’aura jamais envie de rire ou de se moquer. Le tour de force aura été de rendre le tout crédible en travaillant avant tout l’ambiance. Et quelle ambiance mes amis ! Si l’on rentre dedans (comme tout Carpenter), l’ambiance nous prend à la gorge pour ne plus nous lâcher avant le final, malheureusement certes un peu expéditif. Les lourdes notes de synthé accompagnent la fuite de nos différents personnages, cherchant un refuge pour fuir la brume et ce qu’elle contient, cette brume qui ne semble vouloir épargner personne, ni femme ni enfant ! Il est donc plutôt étonnant de savoir que Carpenter retournera un tiers de son métrage suite à un premier montage jugé catastrophique par lui-même. Au même niveau, c’est la bande son, absolument géniale, qui fut totalement réécrite. Peut-être est-ce au final cette remise en question par son auteur lui-même qui aura donné un produit finit aussi savoureux, aussi bien réalisé et conçu. Oui, de la bande son à la qualité de la mise en scène, en passant par la gestion des éclairages, plutôt sophistiquées (la lumière lumineuse de la brume, de nombreuses scènes dans l’obscurité) ou même sa construction, puisque l’on retrouve un peu comme dans Assaut plusieurs groupes de personnages qui se retrouveront, Fog est une grande réussite de plus pour Carpenter !
Les plus
Une superbe ambiance
Un final qui marche du tonnerre
Une histoire lente mais prenante
Jamais ridicule
Les moins
Quelques rares plans qui semblent flous (défauts du Blu-Ray ?)
En bref : Fog franchit très bien le cap de ses 35 ans ! Carpenter maîtrise totalement son histoire et son ambiance, et le film se fait angoissant et prenant jusqu’à sa dernière image. Du grand art !