Titre original : Shin Gojira – シン・ゴジラ
2016 – Japon
Genre : Godzilla contre les politiciens
Durée : 1h59
Réalisation : Anno Hideaki et Higuchi Shinji
Musique : Sagisu Shirô
Scénario : Anno Hideaki
Avec Hasegawa Hiroki, Takenouchi Yutaka, Ishihara Satomi, Kora Kengo, Osugi Ren, Emoto Akira, Yo Kimiko, Kunimura Jun, Ichikawa Mikako, Taki Pierre, Saito Takumi, Koide Keisuke et Furuta Arata
Synopsis : Un incident dans la baie de Tokyo inquiète le gouvernement. Une créature vivante semble être dans les profondeurs. Une cellule de crise est mise en place, mais rapidement, une créature émerge et se déplace vers Tokyo. Après quelques moments, la créature commence à muter pour se mouvoir sur ses pattes arrières…
Shin Godzilla, j’avais pu le découvrir à sa sortie. Et si j’en étais sortis mitigé, les bonnes intentions du métrage, quelques scènes marquantes et sa réelle envie de modernité sans jamais renier ses origines étaient là. Car en 2016, Godzilla, le vrai, l’unique, cela faisait plus de 10 ans qu’on ne l’avait pas revu. Au Japon oui, le dernier Godzilla datait de Godzilla Final War, de Kitamura Ryuhei en 2004, opus pour les 50 ans de la franchise Opus très décrié puisque oui, Kitamura avait fait des chois dirons nous… étranges. Mixer le film de Godzilla traditionnels, le tout avec une vingtaine d’autres monstres, et avec en plus des aliens habillés en cuirs, des combats et des courses poursuites… Oui, Kitamura était, est et restera un sale gosse. Mais son opus m’avait malgré tout plutôt diverti… Du moins, lors de sa sortie, puisqu’au fur et à mesure des visions, pour faire découvrir le film ou pour des marathons Godzilla, les défauts envahissants ressortent, et aujourd’hui, je ne peux plus voir le film. Mais nous étions donc en 2016, et la Toho décidait de ressusciter Godzilla deux ans après la seconde tentative Américaine. Pourquoi pas, je n’attendais que ça ! Et si certains choix effectués par le studio paraissent logiques, d’autres un peu moins. Mettre Anno Hideaki, réalisateur d’Evangelion ou de la série animée Re : Cutie Honey (et du film) à la mise en scène, pourquoi pas, mais le faire aider par Higuchi Shinji, réalisateur également de Attack on Titan, les deux parties, c’est déjà plus discutable. Ça, c’était ce que je pensais à l’époque, sauf que depuis, Higuchi, il a su se rattraper, et maintenant, je sais qu’il est l’homme de la situation, avec Shin Ultraman l’année dernière et Shin Kamen Rider cette année. Mais qu’importe, Godzilla était de retour avec des idées dans son sac. L’hommage déjà, avec les fameuses musiques iconiques forcément, comme toujours, un Godzilla à l’ancienne bien qu’également parfois en numérique, de la destruction de maquette… Et puis, il m’avait manqué Godzilla. Le métrage se permet même quelques nouveautés plutôt bienvenues au final, et surtout, arrive à un moment plutôt logique.
Oui, car Godzilla, à la base, en 1954, représentait la peur du nucléaire, de la bombe atomique. C’était le traumatisme de la guerre, d’Hiroshima. Faire réapparaître Godzilla en 2016 a une toute autre signification, puisque oui, le Japon d’aujourd’hui a son dernier traumatisme : Fukushima. Et même si la catastrophe n’est que vaguement évoquée, on sent son poids sur tout le film. Bien vu Shin Godzilla. Mais ça donc, c’est sur le papier, car à l’écran, ce nouvel opus fait parfois des choix étranges, si bien que l’on pourrait résumer ce film par « Godzilla contre la politique du Japon ». Oui, sur plus de la moitié du film, on passera notre temps à regarder des discussions entre politiciens, écologistes, scientifiques et militaires. Comment le Japon réagit en cas de situation de crise semble être la priorité des créateurs du film. Et il faut avouer que la plupart du temps d’ailleurs, ça fonctionne, le métrage mettant pas mal d’humour dans le métrage pour se moquer ouvertement de tout ça. Et pour faire jouer tous ces personnages, mais mon dieu quel casting. Un casting énorme, tellement énorme que tous les citer est impossible (ou me prendrait un paragraphe entier). Du bien grand monde, même si parfois juste pour de très très courtes apparitions. Si bien qu’à part véritablement deux ou trois personnages en avant, le reste est très limité, on les voit, ils parlent un peu, puis les voilà déjà hors du film. On pensera par exemple à Osugi Ren en premier ministre disparaissant (logiquement lui) passé la moitié du film, ou même à Tsukamoto Shinya venant faire coucou et dire quelques phrases.
Mais oui, Shin Godzilla prend véritablement son temps, et ses discussions, aussi amusantes (et sans doute réalistes) soit-elles sont par moment bien trop présentes. Le Japon, c’est un pays très bien organisé, mais où, lorsqu’il se retrouve face à de la nouveauté (donc là, l’apparition d’une créature inconnue géante), se retrouve très rapidement dépassé. Cela, le film le met très bien en scène d’ailleurs. Sauf que, il s’attarde parfois malgré tout un peu trop dessus. Trop de personnages, trop de sur-place, trop de politique, et finalement, peu de Godzilla. Innovation d’ailleurs, lorsque notre monstre préféré apparaît, il n’a pas encore la forme qu’on lui connaît, loin de là, se déplaçant à 4 pattes, les yeux énormes et bien ronds. Godzilla va en effet muter plusieurs fois le long du film jusqu’à atteindre sa forme finale, malgré tout plutôt différente de sa forme habituelle, notamment lorsqu’il lance un rayon avec sa gueule, puisque celle-ci semble s’ouvrir en… trois. Voire même par la queue. Mais son look a plutôt la classe et passe vraiment bien, une modernité bienvenue donc. Le monstre ne sera pas aussi présent que dans certains anciens métrages de la fameuse saga, et les scènes de destruction ne seront pas si nombreuses que ça au final, le monstre n’apparaissant que pour environ 4 scènes, avant de disparaître pendant la moitié du film pour revenir pour le final, ou l’armée tente le tout pour le tout pour se débarrasser de la créature. Alors oui, à sa sortie, j’avais été déçu, sans doute étonné du tournant envisagé par la Toho, du retour au 100% sérieux, au retour finalement à la base (qui sera poursuivis en 2023 avec Godzilla Minus One), tout en reconnaissant que Shin Godzilla est un bon film, et dans le fond, plus proche d’un vrai bon opus de Godzilla. Mais encore aujourd’hui, je trouve les personnages humains parfois un peu trop en avant, tout en manquant pour beaucoup de personnalité, le scénario ne misant par sur des personnages forts mais sur l’institution politique dans son ensemble finalement. Shin Godzilla parvient a souvent bien jouer sur la fibre nostalgique, tout en évitant certains (mais pas tous) pièges, notamment en laissant de côté toute une partie de la mythologie, notamment les autres monstres. Oui, on nous aura épargnés le fils de Godzilla. Mais mon cœur ira toujours vers Godzilla VS Mothra pour voir ce mélange de destruction, de combats de monstres et de naïveté poétique.
Les plus
Un nouveau design sympa pour Godzilla
Pas mal d’humour
Pas mal de touches nostalgiques
Un casting énorme
Les moins
Beaucoup trop de personnages
Trop centrés sur ses personnages humains
En bref : Beaucoup de bonnes choses, et d’autres un peu moins bonnes. Shin Godzilla est divertissant, sait jouer sur la nostalgie tout en plaçant Godzilla dans un cadre bien plus moderne, et sans renier ses origines. C’est bien joué, même si finalement, on regrette que la politique, importante et pourtant bien vue, soit si présente dans le métrage.
Tu es un meilleur spécialiste que moi sur le sujet du grand lézard mais je dois bien avouer qu’avec le Honda, c’est sans doute mon « Godzilla » préféré désormais. J’ai trouvé le scénario habile, assez vitriolé sans négliger l’hommage aux versions passées (excellente idée que celle de la mutation permanente qui caractérise chacune de ses versions). Les personnages humains n’ont pas le temps d’être ridicules, largement brassés dans le défilé des têtes et le déluge d’informations. c’est un film de et sur son époque, comme l’était d’ailleurs le Honda. Et rien que pour ça, il vaut le détour.
Ah, sacripant, je t’avais dis que je voulais le revoir et possiblement arranger mon vieil article datant de 2016 ! Non mais oui, il y a beaucoup de bonnes choses, mais je trouve que Higuchi Shinji a affiné son style après sur SHIN ULTRAMAN l’année dernière que j’avais adoré (je dois encore voir son SHIN KAMEN RIDER de cette année, raaaah). Ça vaut malgré tout clairement le détour oui, et c’est meilleur que certaines kitcheries des années 60 et 70 (le fils de Godzilla raaaaaaaaaaaaaaaaah). Bon, je tente de me le refaire aujourd’hui ou demain !
J’attends impatiemment ton complément d’enquête.
Toi qui vit désormais sur place, au cœur de cette société, je pense qu’il dit beaucoup sur l’état d’esprit du pays aujourd’hui, sur le choc des générations. Godzilla, de par ses multiples iterations, est un film générationnel. Et c’était avant la pandémie (pour cela peut-être faut il voir « Godzilla minus one »? ).
Ce sera demain, sans faute (je n’ai pas vu l’heure passer aujourd’hui). Possible que je porte un regard en effet différent sur les petites subtilités maintenant, sur le peuple, la gestion de crise, tout ça. Mais bon, il y a tellement de bons films Godzilla. L’original de Honda bien évidemment, le versus contre Mothra en 62 si ma mémoire est bonne, et toujours par Honda. Quelques détours vers la science fiction, bien qu’aujourd’hui un peu kitch. Puis la période des années 80, pleine de versus mais avec une réelle générosité, et une évolution dans le propos au fur et à mesure des films. Sans oublier l’ère Millenium de 1999 à 2004, qui n’a malheureusement pas bien marché à sa sortie (trop de films en si peu de temps, et donc lassitude du public), qui contient l’un des meilleurs tout simplement avec GMK. Bref, oui j’aime Godzilla quoi qu’il arrive haha. MINUS ONE, je suis quand même triste du sort du film en France, une sortie seulement sur deux jours, 4DX obligatoire donc $$$$. Vu les bons retours partout, la décision est vraiment incompréhensible. Hâte pour ma part de le revoir, j’attend le Blu-Ray Japonais ^^
Voilà, c’est revu, et si en effet, je l’ai préféré à la première vision (en sachant clairement du coup à quoi m’attendre), je trouve tout de même dommage que l’aspect politique (intéressant) et le casting (monstrueux) ne fasse que traverser le film. A part notre héros qui trouvera la solution ultime au souci, tous les autres personnages ne font que traverser le récit, parfois même présents juste pour deux ou trois phrases. Après je pense que c’est plus par rapport à mes goûts personnels et mon désintérêt total de la politique en général.