Titre original : The Voices
2014 – Etats Unis / Allemagne
Genre : Comédie noire
Durée : 1h44
Réalisation : Marjane Satrapi
Musique : Olivier Bernet
Scénario : Michael R. Perry
Avec Ryan Reynolds, Gemma Arterton, Anna Kendrick, Jacki Weaver, Ella Smith, Paul Chahidi et Stanley Townsend
Synopsis : Employé dans une usine de baignoires, Jerry Hickfang tombe amoureux d’une de ses collègues. Il commence une relation avec elle, mais finit par la tuer accidentellement. Psychotique, Jerry croit entendre son chat et son chien lui parler. Il obéit aux conseils de l’un d’entre eux et continue à tuer.
Marjane Satrapi, j’avais eu la chance de voir son premier métrage au cinéma en 2007 en compagnie de la réalisatrice lorsque je travaillais dans un cinéma. Un premier film, certes un dessin animé, mais qui m’avait impressionné par de nombreux aspects. Pour son dernier métrage, The Voices, elle part tourner en Amérique et pour une fois n’écrit pas le scénario. Scénario qui en 2009 faisait parti de la fameuse blacklist des meilleurs scénarios jamais produit. Une liste a prendre avec des pincettes tant elle contient à boire et à manger. Oui, autant des films comme Hanna, Juno, La Route ou Le Loup de Wall Street figuraient dans cette fameuse liste, autant l’on trouvait des films comme Wall Street 2, Bad Teacher ou encore 47 Ronin. À boire et à manger donc. The Voices heureusement fait parti de ces excellentes surprises, le genre de film qui ose aborder un sujet grave avec un ton parfois léger, sait gérer les deux et livre au final un spectacle aussi sombre que fun. Un univers qui convient parfaitement à la réalisatrice, habituée à faire rire, mais aussi à nous présenter des univers sombres, parfois même désespérés. The Voices nous raconte l’histoire de Jerry Hickfang, un employé tout ce qu’il y a de plus normal. Souriant, apprécié de ses collègues, vivant dans un bel appartement avec son chat et son chien. Sauf que suite à un traumatisme de jeunesse et un fâcheux accident, Jerry voit un psychologue toutes les semaines, et doit prendre des cachets. Qu’il refuse de prendre par ailleurs. À part cet événement, Jerry semble tout à fait normal et ne rêve qu’au bonheur, comme tout le monde au final. Un chat, un chien, un appartement, un travail, il ne lui manque qu’une petite amie aimante.
Et pour cela, il jette son dévolu sur une collègue de travail. Alors qu’il peut enfin se rapprocher d’elle alors qu’il la ramène en voiture chez elle, le pire se produit, et Jerry la tue par accident. Dans un premier temps, The Voices séduit par le décalage total entre ce qu’il raconte (la vie et la psychose du personnage) et la manière dont il le raconte et le met en image, à savoir un visuel coloré (les tenues de travail roses, les décors clinquants). Comédie noire voir même parfois délirante, The Voices baigne dans un humour assez macabre au final pour nous montrer la dualité de notre héros. Ryan Reynolds (que je n’apprécie pas forcément) trouve là un rôle en or en jouant Jerry, et en doublant également son chat et son chien, qu’il entend parler. Le chien sera toujours du côté de Jerry, essayant de limiter les dégâts et de l’aider, tandis que le chat tentera de laisser libre cours aux pulsions de Jerry. Les échanges entre les trois sont savoureux, drôles, et sont clairement le cœur du métrage. Dommage que le film contienne un dernier acte un peu décevant en comparaison du reste, ayant quelque peu du mal à s’élever et à conclure correctement une telle histoire, voir même tournant un peu en rond. Dernière partie en dessous du reste, mais difficile à détester, puisque ces derniers instants rattrapent le tout et bouclent la boucle de manière logique et osée. Marjane Satrapi allant au fond de son délire, narratif, mais également visuel, et nous permet de quitter cette œuvre sombre avec la pèche.
Car oui, les grandes qualités de l’œuvre, outre son casting parfait (aux côtés de Ryan Reynolds, le casting féminin est aux petits oignons, entre Gemma Arterton en fille sexy et Anna Kendrick, adorable), c’est de savoir passer de bien belle manière entre un ton grave et un ton comique. Dés que le film part dans une direction ou dans l’autre, il le contrebalance l’instant d’après. Lorsque le métrage se décide à nous dévoiler un élément sombre, voir glauque ou déprimant, il ne peut s’empêcher de nous balancer un moment qui nous fera rire de manière sincère. Casse gueule oui, le métrage l’est assurément, et Marjane Satrapi parvient à mélanger les genres, avec quelques ratés dans la dernière partie, mais en restant toujours sincère envers son métrage et respectant ses choix sans jamais reculer. Et rien que pour ça, The Voices fait du bien. Oui, la réalisatrice nous permet de nous attacher à une œuvre sombre malgré tout, et surtout nous permet de nous attacher à un personnage totalement dérangé. On le doit au fait que la réalisatrice fait le choix de se mettre du côté de Jerry, nous forçant pendant 1h40 à adopter son point de vue. Et c’est également pour cela que la dernière partie fonctionne un peu moins bien. Néanmoins donc, The Voices est un film osé, qui fera rire, mais pas seulement, et il s’agît probablement du meilleur rôle de Ryan Reynolds. Et la morale ? Ne jamais écouter le chat !
Les plus
Un film sombre et pourtant drôle
Ryan Reynolds
Les échanges avec les animaux
Les moins
Une dernière partie un peu décevante
En bref : The Voices nous amuse en nous parlant d’un sujet grave, ce qui est fort. Ryan Reynolds est excellent dans son rôle.
Lol il a l’air complètement fou ce film !!!