4 MOUCHES DE VELOURS GRIS (4 Mosche di Velluto Grigio) de Dario Argento (1971)

4 MOUCHES DE VELOURS GRIS

Titre original : 4 Mosche di Velluto Grigio
1971 – Italie
Genre : Giallo
Durée : 1h45
Réalisation : Dario Argento
Musique : Ennio Morricone
Scénario : Dario Argento
Avec Michael Brandon, Mimsy Farmer, Jean-Pierre Marielle, Bud Spencer, Aldo Bufi Landi et Calisto Calisti

Synopsis : Le musicien Roberto Tobias, suivi depuis plusieurs jours par un homme mystérieux, décide de le prendre en chasse. Au cours de la dispute qui suit leur rencontre, il le tue accidentellement et un inconnu masqué le prend en photo, l’arme du crime à la main. Cet inconnu va le harceler et le menacer, sans pour autant se livrer à un chantage. Sur les conseils de son ami Diomede, surnommé « Dio », il engage le détective privé Arrosio.

Longtemps très rare et donc dur à se procurer, 4 Mouches de Velours Gris est le troisième long métrage de Dario Argento, et le film concluant sa trilogie animalière, constituée de L’Oiseau au Plumage de Cristal et du Chat a Neuf Queues. Soit un très grand film et un film quelque peu raté et ennuyeux. Quatre Mouches de Velours Gris mélange les deux aspects des deux précédents métrages, et Argento continue d’expérimenter pour pouvoir ensuite atteindre le style qu’on lui connaît en 1975 avec Les Frissons de l’Angoisse. Ici donc, encore et toujours un giallo. Mais dès les premières secondes, Argento prouve qu’il a un style, et expérimente, de plus en plus, au fur et à mesure des minutes. Si bien que oui, son métrage, tout en obéissant à tous les codes du genre, ne ressemble à aucun autre. Pour le meilleur et pour le pire. Visuellement déjà, c’est tout simplement splendide. La plupart des expérimentations d’Argento sont très réussies et le métrage a un côté totalement unique, que ce soit par la focale, le cadrage, et même l’usage des couleurs. Oui, le cinéma d’Argento continue à se mettre en place. Dans le fond, même si c’est moins glorieux, on retrouve pas mal d’éléments du cinéma d’Argento. Notre personnage principal, joué par Michael Brandon, est donc un batteur, un musicien. Comme toujours oui, le personnage principal doit être un artiste. Batteur ici, pianiste dans Les Frissons de l’Angoisse, danseuse dans Suspiria, écrivain dans Ténèbres, chanteuse dans Opéra… Dès la scène d’ouverture, Argento s’amuse du métier de son personnage principal, se permettant des plans à l’intérieur de divers instruments, dynamise son montage au rythme de la musique.

Malheureusement, si la mise en image se montre souvent virtuose et que l’on trouve clairement certains thèmes du réalisateur, le scénario invite plusieurs évidentes faiblesses dans son récit. Ce qui est dommage, car dés les premiers instants, on a envie d’aimer son film. Une répétition musicale, une silhouette avançant dans la rue, un meurtre dans un théâtre vide, puis un tueur portant un masque enfantin et prenant des photos. Oui, tous les éléments du giallo sont là. On aura notre enquête, notre personnage qui doute de tout et de tout le monde surtout, les victimes, les témoins qui vont vite devenir des victimes aussi, un détective privé. Notons d’ailleurs un casting plutôt étrange, alternant le bon, le moins bon et les curiosités. Voir en détective privé homosexuel Jean-Pierre Marielle fait sourire, tandis que l’on trouve en ami du notre héro Bud Spencer. Malheureusement à côté de ça, notre personnage principal joué par Michael Brandon manque d’envergure, de charisme, et d’autres personnages ajoutent des notes d’humour qui n’ont pas forcément leur place dans le récit, amenant donc le premier vrai faux pas de l’œuvre. Oui, 4 Mouches de Velours Gris plonge parfois dans l’humour, et cela relâche la tension, mais retire également le sérieux de certaines parties du récit, et c’est dommage.

Dommage oui, car à côté, le métrage délivre quelques séquences clairement prenantes, et pas seulement dans ces meurtres. La scène du rendez-vous dans le jardin public est très bien menée, tandis que la scène où une jeune femme se cache dans une armoire contient un bon suspense, et se termine par quelques idées visuelles originales. Mais le rythme du métrage se retrouve totalement déséquilibré, entre ses bonnes idées, ses meurtres, ses moments à suspense, ces moments plus légers, et même quelques moments presque ridicules. Mais dans ce bordel pas forcément toujours bien organisé et surtout un brin bancal, il faut bien reconnaître que Argento parvient à surprendre, et donc par la même occasion, évite le défaut du Chat a Neuf Queues. Il n’ennuie pas. Certains moments sont longuets, mais toujours sauvés par l’instant suivant, soit par la réussite de ce qui arrive ou alors son improbabilité. Quand à l’identité du tueur, malheureusement, elle est également assez facile à deviner, mais ne débarque pas comme ça sans prévenir comme dans son précédent métrage. En tout cas, avec sa trilogie, Argento a suffisamment expérimenté pour bien savoir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, ce qui l’amènera, après l’échec de sa comédie Cinq Jours à Milan en 1973, à donner naissance aux Frissons de l’Angoisse en 1975. 4 Mouches de Velours Gris constitue par ailleurs également la dernière collaboration entre Argento et Morricone avant Le Syndrome de Stendhal en 1996, suite à un désaccord sur ce film.

Les plus

Visuellement original
Quelques scènes très prenantes
Un casting qui surprend

Les moins

Des notes d’humour mal venues
Un scénario qui alterne le bon et le moins bon

 
En bref : Argento livre un film très déséquilibré, mais qui reste divertissant et mieux mené que son précédent.

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