1998
Studio : Squaresoft
Editeur : Squaresoft
Genre : Survival horror
Multijoueur : Non
Joué et testé sur : Playstation 1 et 3
Existe sur : Playstation 1 et 3
Synopsis : L’histoire se déroule à Manhattan, autour de l’inspectrice de police du NYPD Aya Brea, et d’une chanteuse d’opéra Melissa Pearce, qui s’est transformée en un monstre. La représentation des mitochondries au sein du jeu est plus artistique que réaliste. Les mitochondries mutantes présentes dans le corps de Pearce, qui ont atteint un niveau de développement suffisant pour modifier ses cellules, ce qui entraîne chez elle une perte totale du contrôle de son corps et de son esprit. Elle mute alors et possède des attributs non-humains, comme la possibilité de voler. Elle n’est dès cet instant plus Pearce mais Eve (en référence à la mitochondrie Eve). Les mitochondries mutantes s’échappent de son corps afin de contaminer des centaines d’autres êtres, humains et animaux, qui sèment alors la terreur.
Parasite Eve à l’époque de sa sortie, c’était le jeu que tout le monde voulait, mais que finalement, personne ne pouvait avoir, Squaresoft ayant décidé pour une raison inconnue que tout le monde ignore encore aujourd’hui que le jeu sortirait partout sauf en Europe. Quelques petits malins, dont moi, avaient pu se procurer le jeu en import et y jouer avec une puce sur leur Playstation. Oui, pourquoi Parasite Eve est inédit en Europe ? Alors que sa suite, tout comme le troisième opus sur PSP eux sont là, et pour le dernier même eu droit à une belle édition collector. Débarquant en 1998 au Japon et en Amérique, Parasite Eve est, sur le papier, un bien étrange mélange de genre. Si en 1989, Sweet Home mélangeait déjà survival horror et RPG, l’alliance des deux genres n’avaient plus jamais eu lieu. Parasite Eve en tout cas est un jeu au développement plutôt complexe. Squaresoft est bien plus habitué aux RPG, et le roman Parasite Eve paraît au Japon en 1995, et fut même adapté par la suite en un film plutôt fidèle. Squaresoft décide que son jeu basé sur le roman sera une suite, les événements se déroulent après. Et si le roman prenait plutôt des allures de drame scientifique (très intéressant d’ailleurs, ayant pu le lire en traduction anglaise), il faut fatalement changer pas mal d’éléments pour pouvoir en faire un jeu vidéo. L’équipe reprend donc quelques éléments du roman (l’histoire sera furtivement résumée par un scientifique Japonais dans le jeu), amplifie le côté horrifique, créée de toute pièce le personnage principal de la saga, à savoir Aya Brea, et le développement sera partagé entre des équipes Japonaises et des équipes Américaines. Les cinématiques, nombreuses et en CGI, sont pour la plupart (si ce n’est toutes) faites par des équipes Californiennes. Et dans l’équipe technique, on trouve de très grands noms de chez Squaresoft ou même d’autres studios. Parasite Eve était donc entre de bonnes mains.
Beaucoup considèrent, à juste titre, que la première Playstation était l’âge d’or de Squaresoft, avec Final Fantasy VII à IX, les deux premiers Parasite Eve, et ce n’est pas faux. Et si Parasite Eve a pu voir le jour tel qu’il l’est actuellement, on pourra remercier Final Fantasy VII, puisque c’est après son succès international que Squaresoft est vu comme un des piliers de l’industrie, et peut alors se permettre de prendre des risques. Qu’elle est loin cette époque… La base de l’histoire de Parasite Eve, avec cette détective en plein New York, devait d’ailleurs être le point de départ du fameux RPG de Squaresoft avant de devenir ce qu’il est aujourd’hui. L’équipe a donc recyclé cette idée abandonnée pour la rattacher à l’histoire de Parasite Eve. Rentrons dans le vif du sujet. Parasite Eve est un plutôt habile et judicieux mélange de le RPG classique et le jeu horrifique. Du RPG, c’est simple, le jeu garde quasiment tout son concept, son gameplay, tandis que l’aspect horrifique s’invite dans l’histoire avec des monstres, une certaine noirceur de l’intrigue, et des plans en 2D précalculés comme pour Resident Evil. Le joueur y incarne donc Aya Brea, policière qui va devoir affronter pas mal de créatures mutantes dans les rues (et les égouts, et pas mal d’autres endroits) de New York la veille de Noël. Tout commence lors d’une représentation au théâtre qui tourne mal, avec littéralement la salle prenant feu, brûlant pas mal de spectateurs, et tout cela serait causé par l’actrice principale. Au joueur donc d’évoluer dans cet univers pour connaître le fin mot de l’histoire. Les combats seront nombreux, et contrairement à tous les autres survival horror, tiennent plus du RPG. Lorsqu’un combat s’enclenche, c’est simple, le joueur sera bloqué dans la zone en cours (donc, dans l’angle de caméra actuel), pourra bouger dans cette zone librement, et devra prévoir ses tirs, en alternant son arme à feu et de la magie. Chaque combat nous fera gagner des objets, et aussi de l’expérience, ce qui nous permettra d’augmenter nos capacités. Oui, comme un vrai RPG.
Les combats d’ailleurs se déclenchent de la même manière qu’un Final Fantasy, assez aléatoirement alors que l’on se balade dans les différents lieux. Et autant dire que le mélange de genre fonctionne très bien, surtout que le jeu sait en plus se faire passionnant et de toute beauté, dès son impressionnante scène d’ouverture. Comme c’est très souvent le cas avec Squaresoft, ils nous offrent tout leur savoir faire en matière de jeu vidéo, et les cinématiques, pour l’époque, sont bluffantes et sublimes. Encore aujourd’hui, à part forcément quelques pixels sur des télévisions HD, les cinématiques sont impressionnantes. Mais pour ce qui est du jeu en lui-même, Parasite Eve accuse, comme tous les titres de son époque, le poids des années. Les décors tiennent toujours la route (malgré quelques flous sur télés HD), mais les personnages sont aussi cubiques que dans Resident Evil. En parlant de Resident Evil, si forcément l’influence du titre de Capcom n’est pas forcément difficile à trouver, il est amusant en se renseignant sur le titre d’apprendre qu’une partie du staff qui travaillait à la même époque sur Resident Evil 2 quitta Capcom lorsque la production fut retardée et le projet reprit de zéro et arriva chez Squaresoft, pour travailler justement sur ce Parasite Eve.
Mais l’horreur de Parasite Eve est bien différente de celle de Resident Evil. Pas de virus ici, ni même de scénario de série Z, Parasite Eve voit les choses en grand, il faut viser grand. Le jeu prend donc des allures de grand spectacle horrifique au budget conséquent. À l’inverse de Resident Evil, même si le second opus la même année changea la donne, pas de question de passer l’intégralité de l’histoire dans des lieux clos et de n’avoir qu’une histoire se focalisant dans un petit lieu sans rien à voir avec le monde extérieur. Parasite Eve lui donne dans l’ampleur. C’est ainsi que tout est fait en grand, que ce soit dans les nombreux lieux visités (un Musée, un hôpital, les égouts, une station de métro), dans l’histoire même, les cinématiques à grand spectacle qui n’hésitent pas à tout faire exploser. Et paradoxalement, malgré cet aspect beaucoup plus « gros spectacle », Parasite Eve se fait beaucoup plus subtil qu’un Resident Evil dans ce qu’il raconte, et dans la manière qu’il le raconte. Et pour sublimer le tout, il faut bien citer le score musical qui donne encore plus d’ampleur à l’aventure, et le magnifique thème restera dans les mémoires, thème qui sera de nouveau utilisé dans les suites, même The 3rd Birthday alors qu’il n’a plus grand-chose à voir. On pourra bien reprocher au jeu, tenant sur 2 CD, de se finir un peu trop rapidement si on le compare aux autres RPG de l’époque de Squaresoft, qui était alors entre la sortie de Final Fantasy VII et la préparation du VIII. Même pour un survival, le jeu peut se finir pour les joueurs habitués au genre en moins de 10 heures, le cd 2 se faisant assez court.
Les 2 CD sont pourtant pleins à craquer, mais avec autant de cinématiques en CGI, autant de lieux différents, de gros décors, forcément, l’aventure prend de la place, peu importe la durée. L’aventure aura beau se dérouler sur plusieurs jours (5), c’est ainsi. Malgré tout, il faudra pour le joueur habitué soit aux RPG soit aux survival horror un petit temps d’adaptation pour bien manier Aya, et surtout maîtriser les combats, puisque il faudra bouger son personnage pour éviter les attaques contrairement à un RPG, mais absolument finir l’affrontement et attendre que notre barre d’attaque remonte, contrairement à un survival. Un système plutôt innovant. Mais malgré sa durée plutôt courte, cela n’a pas empêché le jeu de trouver son public et de gagner très rapidement un statut de jeu culte, amplement mérité. Et aujourd’hui ? Et bien le plaisir nostalgique est toujours ici, malgré quelques petits défauts. Outre les personnages qui ont un petit coup de vieux, on pestera sur d’autres choses, notamment les déplacements hyper lents d’Aya, même en courant. C’est tout bête, mais les moins patients pourront parfois s’énerver face à la lenteur de l’ensemble, notamment lorsque l’angle de caméra nous montre un lieu vaste. Mais est-ce vraiment un défaut gênant face aux grandes qualités du jeu ? Non !
Les plus
Un très beau jeu
Un mix entre le RPG et le survival horror
Aventure prenante et bien construite
Les cinématiques belles à en pleurer
Les moins
Un peu court
Aya se déplace un peu lentement
En bref : Squaresoft livre son premier jeu pour public mature, et le rendu est convaincant. Malgré quelques petits défauts, on est happé par l’intrigue et l’aventure se termine rapidement.