THE GIRL NEXT DOOR de Gregory Wilson (2007)

THE GIRL NEXT DOOR

Titre original : The Girl Next Door
2007 – Etats Unis
Genre : Éprouvant pour les nerfs
Durée : 1h31
Réalisation : Gregory Wilson
Musique : Ryan Shore
Scénario : Daniel Farrands et Philip Nutman, d’après Jack Ketchum
Avec Blythe Auffarth, Daniel Manche, William Atherton, Blanche Baker, Kevin Chamberlin, Dean Faulkenberry et Madeline Taylor

Synopsis : 1958. Dans une banlieue paisible, deux soeurs sont placées chez leur tante après le décès de leurs parents. Cette dernière, mentalement instable, va s’occuper d’eux à sa manière…

Un vendredi soir à la cool, quoi de mieux pour se regarder un petit film pas prise de tête ? Au programme, The Girl Next Door. Sauf que non, pas la comédie légère de 2004 avec Elisha Cuthbert, mais l’adaptation de 2007 du livre Une Fille Comme les Autres, de Jack Ketchum. Là tout de suite, la soirée à la cool, elle est ruinée. Car Jack Ketchum (paix à son âme d’ailleurs…), ce n’est pas un auteur à la cool. C’est plutôt l’auteur qui aime explorer les plus sombres recoins de la psychè humaine. Alors quand on sait que les adaptations de son œuvre au cinéma sont pour une fois fidèle et conserve ce ton noir et nihiliste, il y a de quoi jubiler. Mais pas trop, car encore une fois, son œuvre n’est pas joyeuse, elle fou plutôt une grosse claque dans la face, et un gros coup au moral. Jack Ketchum, c’est The Lost (avec en prime une apparition de Erin Brown/Misty Mundae), mais pour moi, c’est aussi sa collaboration avec Lucky McKee pour le choc The Woman en 2011. Mais revenons en arrière, car peu de temps après le choc The Lost en 2006, dont le final a du en marquer plus d’un, moi y compris, c’est donc ce The Girl Next Door qui débarque. Il est tout mignon non le titre ? La fille d’à côté que le film il nous dit. Le film commence, usant du procédé du flashback (l’intro et le final se déroulent de nos jours), et là, on rencontre nos deux principaux protagonistes, à savoir le très jeune David, et la jeune Megan, qui vient de s’installer avec sa sœur chez sa tante, dans la maison juste à côté de chez David. Alors là tout de suite, à quoi on pense ? Une petite romance sympathique et adolescente entre les deux, un ton léger, peut-être un peu d’humour. Et d’ailleurs, on pourrait presque y croire durant la première demi-heure. David et Meg s’entendent à merveille, on nous dépeint la petite bourgade typique Américaine des années 50, et la reconstitution d’époque est d’ailleurs convaincante.

Costumes, décors, accessoires, oui on s’y croirait, jusque dans les coupes de cheveux des personnages. Mais rapidement, lorsque le spectateur, après avoir fait connaissance avec les deux protagonistes, puis avec la bande de potes vivant là, fait connaissance avec Ruth, la tante de Meg et Susan, un certain doute s’installe. Un petit malaise même peut-être. Par les regards, les non dits, certains mots inappropriés de la part de Ruth ou des enfants qu’elle élève, tous des garçons, on se dit que quelque chose cloche. Mais le film sait prendre son temps, semer un minimum le doute même après quelques conversations entre David et Meg, lorsque celle-ci se retrouve à lui demander de l’argent pour s’acheter à manger puisqu’elle n’a pas le droit à la maison, Ruth la trouvant grosse. Le doute est permis, pour plusieurs raisons. On ne connaît pas assez Meg pour savoir si tout ce qu’elle dit est véridique, mais surtout, on a envie de croire un peu encore en l’humanité de tous ces personnages. Mais sans prévenir, c’est là que le film brise la confiance que l’on pouvait avoir, fonçant alors tête baissée, mais sans complaisance (ce qui est fort bienvenue vu le sujet du film). The Girl Next Door change de visage, et son côté reconstitution d’époque gentillette se transforme quasiment en huis clos étouffant dans une cage, où la pauvre Meg va subir bien des choses, de la part de Ruth, mais également de la part des enfants, éduqués à son image. Un thème que l’on retrouvera d’ailleurs dans la relation père fils dans The Woman. The Girl Next Door nous balance là toute la cruauté et la folie de l’espèce humaine d’un coup en pleine face. Du coup, oui, c’est dur, très dur, étouffant même. Usant moralement. On en ressort, comme souvent avec l’œuvre de l’auteur, lessivé.

Et pourtant, The Girl Next Door évite quasi intégralement la complaisance. Les pires atrocités, si elles peuvent avoir lieu, auront lieu. Mais jamais la caméra ne s’attarde dessus, jamais la caméra ne vient nous infliger des gros plans comme la mode actuelle du torture porn tente de le faire en banalisant la violence. Non, la mise en scène de Gregory Wilson, bien que très froide et posant une ambiance bien lourde, évite la plupart du temps la complaisance. La suggestion est souvent de mise, et dans le fond heureusement, et c’est donc l’ambiance générale, le ton ainsi que les acteurs qui font le boulot. Il faut à ce niveau saluer les prestations de Blythe Auffarth, qui récupère donc là un rôle difficile et pas forcément agréable à jouer, et Blanche Baker dans le rôle de Ruth, jouant cette femme infernale à la perfection. Si les autres acteurs sont souvent en retraits, ou du moins pour la plupart moins importants, à l’exception du jeune Daniel Manche, il faut tout de même souligner leur très bonne interprétation, qui participe également au malaise ambiant, puisque nous voyons souvent des jeunes faire des atrocités puisque les adultes autour d’eux l’autorisent (Ruth). Une vision assez sombre des années 50, où la parole des adultes fait office de loi et de vérité pouvant pervertir la jeunesse. Et quand on pense que tout cela est tiré d’une histoire vraie, celle de Sylvia Likens en 1965, morte à l’âge de 16 ans… Et le film, frontalement violent, tout comme le roman de Jack Ketchum (encore pire dans les atrocités), nous interroge bel et bien sur l’humanité, nous place spectateur de ces atrocités malsaines, dans un sens peut-être même complice, et c’est là toute la force de l’œuvre, là où d’autres, beaucoup plus tout public et donc distantes (An American Crime, sorti en 2007 également, avec Catherine Keener et Ellen Page) ont beaucoup moins d’impact.

Les plus

Les prestations des acteurs
La violence souvent suggérée
Une ambiance lourde et malsaine
Un film coup de poing qui marque
Une bonne adaptation du livre de Ketchum

Les moins

Malgré tout bien plus soft que le livre

En bref : The Girl Next Door est un film très dur et malsain à ne pas mettre devant tous les yeux. L’expérience est éprouvante, marquera les esprits, et est parfaitement maîtrisée.

2 réflexions sur « THE GIRL NEXT DOOR de Gregory Wilson (2007) »

  1. Du Ketchum pur jus si je lis bien, et les photos annoncent l’éprouvant The Woman. Effectivement un visionnage à éviter pour une soirée détente en famille, la confusion à peut-être d’ailleurs pu se produire chez certains ce qui rend le film encore plus subversif. 😱

    1. Oui en effet, avec cette cave, le fait qu’elle soit attachée en « croix ». Du pur Ketchum oui, la première adaptation je crois en plus, suivie de près par Offspring (la moins bonne).

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