Titre original : ゴジラ – Gojira
1984 – Japon
Genre : Kaiju Eiga
Durée : 1h43
Réalisation : Hashimoto Kôji
Musique : Koroku Reijirô
Scénario : Nagahara Shuichi
Synopsis : Seul rescapé de l’attaque d’un navire de pêche par des insectes géants, Hiroshi Okumura révèle que ces monstres ont été libérés à la suite du réveil d’un monstre géant, qu’il reconnaît comme étant Godzilla. Ce dernier détruit un sous-marin nucléaire russe dont il se nourrit de l’énergie, jusqu’à atteindre la taille de 80 mètres. Il se dirige ensuite vers Tokyo.
La Toho avait mit fin à la carrière de Godzilla en 1975, après 21 ans d’activité, et 15 métrages à la qualité variable, du très bon au pathétique. Un repos donc dans un sens bien mérité. Mais 1984 approche, signifiant les 30 ans de la bête, et après un festival l’année précédente diffusant l’intégralité de la saga qui fut un grand succès, la Toho comprend qu’il est temps de réveiller le grand Kaiju. Pourquoi pas après tout. Honda Ishirô ne revient pas à la saga qu’il a initié après avoir signé pas moins de 8 opus, ni Fukuda Jun (merci mon dieu) après avoir réalisé 4 mauvais films sur 5, ni malheureusement Ifukube Akira à la musique, et Le Retour de Godzilla (à ne pas confondre avec le second film de la saga datant de 1955 et portant le même titre français) débarque en décembre 1984 au Japon, et de manière surprenante, en Juin 1985 en France, assez rapidement donc. Et en 9 années d’absence, les choses ont évolué, grandement. Les effets spéciaux se sont améliorés, de nouvelles techniques sont apparues, le cinéma en général a évolué. Et heureusement, la Toho ne fait plus le choix de viser le jeune public, non. Le Godzilla version années 80 sera plus sombre, plus adulte, sérieux, plus effrayant, et surtout beaucoup plus réaliste. L’infantilisme de la saga est donc loin derrière nous, merci ! Car ici c’est simple, le film balance par la fenêtre (du 50ème étage de préférence) ce qui a précédé, et se fait comme une suite du premier opus. Pas de versus, de monstres étranges, de Jet Jaguar ou autre, non, un film sur Godzilla, avec Godzilla, et juste lui ! Godzilla a la tête d’affiche, pour lui tout seul, et ça ne lui était pas arrivé depuis… et bien depuis 1954 en fait, carrément.
L’histoire est simple sur le papier. Godzilla se réveille, et est une arme nucléaire vivante, qui se nourrit de nucléaire. Réveillé, il part ainsi à la poursuite des différentes centrales pour se nourrir, ce qui met le pays et ses dirigeants en crise. Godzilla version 1984 se veut un film plus sombre, plus réaliste. Godzilla redevient la menace nucléaire qu’il était auparavant, il ne fait pas de catch, pas de volleyball, il n’a plus ses grandes yeux blancs et son côté humain. On se rend compte du sérieux de l’entreprise dés le début, avec cette éruption volcanique, les premières apparitions de Godzilla, puis les discussions entre le premier ministre du Japon et les dirigeants des ambassades Russes et Américaines. Godzilla version 1984 se veut plus sombre, mais aussi plus réaliste, voir même pesant par moment. Il tente de retourner à la racine du mythe, avec cette menace, et la manière dont l’humain tente de faire face, entre la fuite de la population, les politiciens qui ne sont pas d’accord et essayent d’étouffer le retour de Godzilla le plus longtemps possible à la population. Et c’est pour cela, avec une telle note d’intention, et un Godzilla beaucoup mieux fait qu’auparavant, que Le Retour de Godzilla s’en sort et trouve facilement une place dans le cœur des fans de Kaiju Eiga, même si avouons le, le résultat à l’écran n’est pas parfait, et pas toujours aussi bien que sa note d’intention. Se vouloir plus sombre et plus politique que les anciens métrages, et surtout plus actuel en terme d’effets spéciaux et de contenu (la guerre froide, tout ça), c’est bien, mais à l’écran c’est parfois laborieux, surtout dans sa première partie.
Le film semble parfois dans sa première heure se prendre un peu les pieds dans son message. Non pas que ce qu’il raconte soit mauvais, loin de là, puisque l’on nous parlera de politique, de la liberté de la presse, et fatalement du peuple Japonais, mais la première heure se fait parfois laborieuse dans son rythme et son traitement. Certes, le réalisateur ne fait pas l’erreur d’un Fukuda Jun en nous balançant son Godzilla dés qu’il le peut à l’écran, et sait faire monter la sauce pour rendre ces apparitions puissantes, mais ça manque malgré tout un peu de rythme. La suite avec l’apparition du monstre en ville, son pouvoir destructeur, et la nouvelle arme des humains pour le vaincre, Super-X, fait bien plaisir, tant on se rend compte que les techniques ont évoluées, et que Godzilla a été refait de manière plus effrayante. Dommage encore une fois que le réalisateur (qui n’a que deux films dans sa carrière, tout deux de 1984) fasse parfois des choix étranges. Ancien assistant réalisateur pour de grands réalisateurs, et justement, sur plusieurs films Godzilla réalisés par Honda (King Kong contre Godzilla, Invasion Planète X, Ghidorah), Hashimoto semble parfois un peu timide dans sa mise en image. Godzilla avance doucement et détruit tout sur son passage, mais le tout manque d’ampleur, souvent filmé au même niveau que le monstre, et les immeubles paraissent tous beaucoup plus grand que lui. Ou peut-être que le réalisateur n’a pas su gérer le format de l’image, passant du cinématographique scope 2.35 (tous les films de la saga depuis King Kong contre Godzilla) au plus traditionnel 1.85, comme les opus suivants (et supérieurs à ce film). Possible oui. Reste que si le film déçoit par certains aspects, il restaure le blason de notre Kaiju, et rien que ça, c’est important. Le succès fut là, mais la Toho attendit 5 ans, et donc 1989 pour continuer la saga avec une suite directe, Godzilla contre Biollante.
Les plus
Le retour du sérieux dans la saga
Les techniques qui évoluent
Godzilla, destructeur, menaçant
Les moins
Une première partie un peu lente
Un manque d’ampleur parfois
En bref : La saga repart sur de bonnes bases, avec un retour du sérieux, de Godzilla en menace de l’humanité détruisant tout sur son passage. Imparfait, mais ça fait du bien.