Titre original : Le Cold Cantarono la Morte e fu… Tempo di Massacro
1966 – Italie
Genre : Western
Durée : 1h32
Réalisation : Lucio Fulci
Musique : Coriolano Gori
Scénario : Fernando Di Leo
Synopsis : Tom Corbett rentre dans son pays qu’il a quitté étant très jeune après la mort de sa mère. Une fois sur place, il découvre que sa ferme est occupée par une autre famille et son frère Jeffrey, alcoolique, ne veut lui donner aucune explication…
En 1966, après avoir touché à pas mal de genres, Lucio Fulci se met alors à toucher à un tout nouveau genre pour lui, qu’il abordera trois fois dans sa carrière : le western. Pour sa première excursion dans le genre, Fulci s’entoure d’une équipe solide et bien connue du genre. Fernando Di Leo par exemple signe le scénario, lui qui a écrit moult métrages du genre, tout en aidant à l’écriture d’un grand nombre de western spaghetti sans être crédité. Il aura participé par exemple dés son début de carrière à Pour une Poignée de Dollars, Un Pistolet pour Ringo, Et Pour Quelques Dollars de Plus et Django. Après le western, il partira par la suite écrire des polars. La musique sera signée par Coriolano Gori, qui en seulement 20 années de carrière aura signé presque 100 score musicaux. Quand au casting, on trouve dans le premier rôle Franco Nero (Django), et à ses côtés, Gorge Hilton (un nombre incalculable de westerns, notamment des Sanatana) dans le rôle de son frère, tandis que face à eux, on trouve Nino Castelnuovo. Une bonne grande équipe. Mais que vaut donc la première excursion de Fulci dans le genre ? Et bien c’était très sympa, même si Fulci semble vouloir expérimenter à plusieurs niveaux, ce qui va par moment rendre son film incroyablement sauvage et violent, mais à d’autres moments incroyablement drôle, volontairement parfois, mais parfois involontairement. En soit, rien de dramatique, et on passe un bon moment malgré quelques grossières petites erreurs. Le film en tout cas commence fort, avec une scène d’ouverture aussi barbare que violente, qui nous présente l’antagoniste principal du métrage, en pleine partie de chasse, laissant un pauvre innocent se faire dévorer par des chiens de chasse.
Ça commence fort, et Fulci nous montre d’entrée de jeu que son western sera sans concessions. Et ça continue par la suite, avec entrain, lorsque que l’on découvre notre personnage principal, Tom, sur une douce musique qui nous rappelle la bonne époque du western spaghetti, et qui après une lettre d’un ami, décide de revenir à la ferme familiale, qu’il a laissé des années plus tôt entre les mains de son frère Jeff. Sauf qu’une fois sur place, il découvre que la famille Scott détient la ferme, ainsi qu’une bonne partie de la ville. Il retrouve son frère, vivant à l’écart dans une petite maison, devenu alcoolique. Pour son premier western, Fulci frappe fort sur plusieurs aspects. Il y ajoute un degré de violence et de sadisme assez rare. Malheureusement, si parfois, ça fait son petit effet, Fulci se plante dans certaines scènes, comme dans la classique bagarre de saloon, qui abuse un poil des accélérés et donne un côté plus cartoon à la violence, d’autant plus que l’on remarque facilement que les coups ne sont pas donnés. Alors forcément, de nos jours, lorsque l’on voit un coup donné à côté et le personnage pourtant éjecté 5 mètres en arrière dans un plan en accéléré, on a un petit sourire en coin. Heureusement, ces moments involontairement drôles sont finalement rares, et ne se reproduira que réellement une seule fois, lors de la révélation tardive d’un point très important de l’intrigue, qui arrive comme ça, et où la seule réaction du personnage sera de tourner son visage, permettant à Fulci de livrer son zoom habituel. Au-delà de ces quelques moments, Fulci maitrise son film, et se lâche clairement. Si la scène d’ouverture montrait clairement le sadisme du personnage, la suite n’est pas en reste, Fulci n’hésitant pas à montrer des familles se faire descendre, et à s’attarder sur des corps de fillettes, une balle dans la tête. C’était l’ouest ma bonne dame, sans concessions.
Mais là où Fulci fait fort, c’est dans son final, assez étrange puisque partant à 100% dans la fusillade, quitte à perdre de son réalisme et de sa violence, en se lâchant. Ça en devient fun de voir ces mecs se prendre une balle qui les éjecte en arrière, salto à l’appui, où notre brave Franco Nero se cacher dans une charrette, qu’il fera rouler jusqu’à ses ennemis cachés, pour, une fois arrivé à destination, faire un salto, passer derrière ses ennemis et faire pleuvoir les balles. Un côté totalement décontracté s’invite alors dans cette partie, là où ce qui précédait ne prêtait pas franchement à rire, notamment la scène du fouet, qui fait mal, en plus d’être bien longue. Et qui semble avoir inspiré Tarantino dans son Django Unchained. Mais là est un autre débat. Mais dans les faits, malgré quelques ratés, Le Temps du Massacre est un excellent western, et un excellent Fulci. Sans concessions parfois quand il s’agît de montrer la violence et l’horreur de l’époque, mais parfois beaucoup plus fun, notamment lors de son final. Comme deux aspects différents dans un même film, mais qui étonnement fonctionnent bien, l’un venant contrebalancer l’autre, le tout dans une pure ambiance de western à l’italienne comme à la bonne époque en décors, tension, mise en scène et musique. Que demander de plus ?
Les plus
Franco Nero à la classe
La mise en scène de Fulci
Des moments ultra violents
Le final qui se lâche
Les moins
Quelques moments involontairement drôles
La bagarre dans le saloon, peu convaincante
En bref : Fulci tente le western pour la première fois, et c’est une réussite malgré quelques ratés, volontaires et involontaires. Mais l’ensemble reste sérieux la plupart du temps, parsemé de plans iconiques et maitrisés, de fusillades marquantes et j’en passe.
C’est un Fulci qu’il me faut !
Je ne suis pas encore entré dans son œuvre côté « ouest », mais il me tarde.
L’influence sur Tarantino est plus qu’evidente, et le gaillard ne se prive pas de rendre à Lucio ce qui lui appartient à longueur d’interview. Déjà Kill Bill 2 citait « l’enfer des zombies ». Ici c’est « Django unchained » qui vient a l’esprit : visiblement la scène finale, mais aussi celle des chiens et la présence de Nero.
Et il y a dans ce splendide « Massacre » Nino Castelnuovo, qui passe de Demy (et une Palme d’or !), Varda et Godard à… Fulci !
C’était une époque formidable.
Ah je pensais justement que tu allais dire que l’avais vu ^^ Je me fais une petite cure de western en ce moment de mon côté, et j’ai enfin pu poser mes yeux sur deux Fulci que je voulais voir depuis longtemps, ce Temps du Massacre donc, et Les 4 de l’Apocalypse !
Pour Kill Bill Volume 2, il ne faut pas oublier la scène de l’entrée vivante, hommage à Frayeurs dans son concept et la façon de filmer la scène.
S’il y a bien un Fulcien, c’est Quentin !
Pas vu non plus « les 4… » ça me fait penser que je n’ai toujours pas publié mon texte sur la Cenci. Bonne idée pour ce week end. 😉
J’ai adoré Les 4 de l’Apocalypse, je viens d’ailleurs tout juste d’en prendre les captures (ainsi que celles de Rambo Last Blood haha).
Jamais vu tiens Beatrice Cenci de Fulci. À part celui-là, je crois que j’ai quasiment tout vu de lui passé 1970. Ah non, j’ai Le Miel du Diable qui m’attend encore, mais pas la motivation !
« Béatrice Cenci » est un chef d’œuvre.
Ah tout est dit ! Il faut donc que je me le procure rapidement.