FIRST LOVE, LE DERNIER YAKUZA (初恋) de Miike Takashi (2019)

FIRST LOVE, LE DERNIER YAKUZA

Titre original : Hatsukoi – 初恋
2019 – Japon
Genre : Policier
Durée : 1h48
Réalisation : Miike Takashi
Musique : Endo Kôji
Scénario : Nakamura Masa
Avec Kubota Masataka, Omori Nao, Sometani Shôta, Konishi Sakurako, Becky, Miura Takahiro, Fujoika Mami et Yen Cheng-Kyo

Synopsis : Tokyo, la nuit. Leo, un jeune boxeur, rencontre son « premier amour », Monica, une callgirl toxicomane. Elle est involontairement impliquée dans un trafic de drogue. Toute la nuit, un policier corrompu, un yakuza, son ennemi juré et une tueuse envoyée par les triades chinoises, vont les poursuivre.

Depuis des années, je suis la carrière de Miike Takashi d’un œil très discret, alors qu’il y a près de 20 ans, j’étais un grand fan de son œuvre. Mais First Love, qui a eu droit à une sortie en France en Janvier 2020, avait de quoi me séduire. De très bons avis, autant presse que public, un bon casting, et surtout, le retour au genre policier, celui qui a fait briller Miike pendant bien longtemps. Et en y regardant de plus près, pas que, puisque Miike retrouve au scénario Nakamura Masa. Et pour moi, ce n’était pas rien. Ils n’avaient plus travaillés ensembles depuis 2008 et God’s Puzzle, mais on lui devait au final pas mal de scénarios du bonhomme qui me plaisent. Outre God’s Puzzle, citons Sukiyaki Western Django, Big Bang Love Juvenile A, Dead or Alive 2 (mon Miike favori), mais aussi Young Thugs, Andromedia (aie) et Bird People in China, un des plus beaux films de Miike. Le pitch ? Un boxer rencontre Monica, une callgirl accro à la drogue. Ça aurait pu être une rencontre comme les autres, si les Yakuza, les triades Chinoises et quelques flics ripoux n’étaient pas impliqués dans une histoire de drogue qui dépasse tout le monde. On nous promet donc une histoire d’amour, des Yakuza, du sang, des exécutions, des courses poursuites, de la drogue, et pour saupoudrer le tout, un brin d’humour loufoque comme l’auteur nous a habitué par le passé. Pourquoi pas, sur le papier, j’étais preneur. Et finalement, First Love a carrément marché sur moi. Mais seulement passé les vingt premières minutes, qui m’auront clairement laissé de marbre devant mon écran. Non pas que ce début soit mauvais. Le montage est aiguisé, la boxe est filmée de manière brute, et Endo Kôji à la musique (sans doute le plus grand collaborateur de Miike) livre une magnifique reprise d’un des thèmes de Sukiyaki Western Django. Mais cette mise en place m’aura paru longue.

Et finalement, un peu couru d’avance, First Love commençant comme God Bless America. À savoir que notre héros apprend par son docteur qu’il a une tumeur en phase terminale au cerveau, et qu’il ne lui reste pas bien longtemps à vivre. Notre jeune homme va donc errer, sans but, et finalement, sa rencontre avec Monica va le changer, puisqu’il n’a rien à perdre après tout, donc autant la suivre et la protéger. Alors oui, cette mise en place est nécessaire, surtout que les personnages sont très nombreux, et venant d’horizons divers. Notre boxer, notre call girl, des bons vieux Yakuza, quelques chinois de la triade, un flic ripoux pas doué, et la copine un brin cinglée d’un Yakuza qui va faire parler les coups de pieds et le sabre. Rien que ça. Mais une fois que tout s’enclenche et que tout le monde se met à la poursuite de nos deux héros qui ne comprennent pas grand-chose à la situation (un vol de drogue par un Yakuza sur son propre camp afin de régler une querelle par la suite, mais rien ne se passe comme prévu), First Love devient alors bon, voir même très bon, et m’aura même souvent fait sourire. Notamment le personnage de Sometani Shôta, que Miike retrouve après l’avoir dirigé dans Lesson of Evil, mais que l’on connaît surtout pour ses nombreuses participations au cinéma de Sono Sion. Ici, il joue le Yakuza qui essaye de tout organiser, mais qui échoue lamentablement. Tout le temps. Par manque de bol parfois, d’autres fois par pure incompétence. Un vol qui tourne mal à cause d’une marche qui le fait trébucher et perdre son pistolet tranquillisant, le forçant finalement à abattre sa cible. Une tentative de meurtre ridicule à base d’encens et de chien électronique (oui vous m’avez bien lu). Il fut l’attraction principale du métrage. Gaffeur, pas doué, et en plus avec un mauvais fond, ce qui amène fatalement malgré tout un bon lot de scène sanglante.

Car First Love est bel et bien un film de Miike, et quand les Yakuza règlent leur compte, ça se roule dessus, ça se décapite, ça se tire dessus à bout pourtant une dizaine de fois pour être sûr. Mais la violence ne semble pas être là une fin en soit comme ce fut le cas dans quelques films passés de Miike, ou du moins, il n’appuie pas constamment dessus. Dommage, face à ces bonnes scènes de violence et ces maquillages convaincants quand ça découpe, que le film a quelques fois recours à des CGI bien voyants et surréalistes, comme cet accident de voiture qui semble nous ramener niveau CGI 15 ans en arrière. Certes, leur utilisation est très rare, mais tellement voyante et dans notre face que l’on doit le souligner. Mais le plus gros souci du métrage, c’est que si Miike réussi son coup niveau divertissement, et nous fait parfois bien rire, sans pour autant que son rythme ne faiblisse passé l’intro (ce qui est rare chez lui, il faut l’avouer), il rate la coche niveau personnages. Oui, le personnage de Sometani Shôta est bien fendard comme il faut, et les nombreux acteurs peuplant le métrage sont bien dans leurs rôles, mais il est parfois difficile de croire à cette histoire d’amour naissante entre les deux personnages principaux. Alors, rien de dramatique, mais sans doute qu’un meilleur traitement à ce niveau aurait simplement permis au film d’être touchant par moment. Voir inoubliable. Là en l’état, c’est un bon film, mais juste un bon film dans une filmographie de plus de 100 films. Une filmographie avec des hauts (plus hauts que First Love) et des bas (bien plus bas que First Love), mais déjà assez dense et diversifiée pour être plus marqué par d’autres essais.

Les plus

L’esprit déjanté de l’ensemble
Sometani Shôta, qui en fait des tonnes
Violent et parfois bien drôle
Belle galerie de personnages

Les moins

L’histoire d’amour pas vraiment crédible
Le premier acte, un peu longuet

En bref : Miike revient au polar déjanté, et balance dans son intrigue un boxeur, une callgirl, des yakuza, la triade, des flics, un voyant et j’en passe. Pas parfait, manquant d’émotions, mais amusant et divertissant.

7 réflexions sur « FIRST LOVE, LE DERNIER YAKUZA (初恋) de Miike Takashi (2019) »

  1. Coup de coeur lors de sa découverte à l’Etrange Festival 2019. J’étais heureux comme tout de retrouver un Miike sur grand écran !

    1. Chanceux ! Je l’avais loupé, sans doute car j’avais un peu peur, le dernier Miike que j’avais découvert sur grand écran était son YAKUZA APOCALYPSE, qui m’avait bien refroidit. Toujours difficile de savoir avec lui sur quel pied danser.

  2. Je te trouve un tout petit peu dur. J’entends bien tes réserves, mais celle sur l’histoire d’amour par exemple, je ne comprends pas ce qui te dérange. FIRST LOVE n’est pas un film « réaliste », c’est du Miike à l’ancienne, qui part dans toutes les directions comme tu le soulignes aussi d’ailleurs. Une farce noire. Dès lors, l’histoire d’amour telle qu’elle est présentée et introduite dans un tel récit, est à mon sens parfaitement crédible, et suffisante.

    Par contre, je ne m’explique toujours pas cet affreux épilogue.

    1. Oh tiens, tu l’as donc vu.
      Déjà dans un sens, très content que tu ai l’air de l’avoir apprécié également ce gros retour aux sources pour Miile (dire qu’il y a 5 ans, il disait que Yakuza Apocalypse était un retour aux sources, j’avais été le voir en salles pour un festival, et pas du tout aimé).
      Je sais pas, je trouve qu’il lui manque quelque chose à l’histoire d’amour, j’ai trouvé celle de CITY OF LOST SOULS meilleure par exemple (et ça n’a rien à voir avec la présence de la mignonne Michelle Reis haha).

      1. Raaaah Michelle Reis !!!

        Peut-être que l’actrice est un peu transparente alors ? En tous les cas, elle n’a pas le rôle le plus marquant du film, c’est vrai.

        1. J’ai touché le point sensible avec la belle Michelle (que tu vas revoir bientôt, à la fois dans CITY, mais aussi dans A CHINESE GHOST STORY II 😉 )

          Il est vrai que autant en terme général que de personnages féminins, elle n’est pas le personnage marquant du métrage, ni le plus fou. Ça doit jouer. Ceci dit, ça ne m’a pas empêché de beaucoup aimer le film, et de le revoir sans doute bientôt pour le montrer à un pote.

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