Titre original : Red Dragon
2002 – Etats Unis
Genre : Policier
Durée : 2h04
Réalisation : Brett Ratner
Musique : Danny Elfman
Scénario : Ted Tally d’après Thomas Harris
Synopsis : Brillant profiler du FBI, Will Graham est parvenu à arrêter le Dr Hannibal Lecter, dit « Hannibal le cannibale », au prix de bien des séquelles physiques et psychiques. Son patron Jack Crawford le tire de sa retraite car lui seul pourrait démasquer un tueur en série qui frappe les nuits de pleine lune. Mais pour parvenir à démasquer ce nouveau tueur, Graham va avoir besoin du brillant esprit de son terrifiant ennemi : le Dr Hannibal Lecter.
La saga sur Hannibal Lecter est plus complexe qu’elle n’y paraît. Si pour le grand public, la saga commence par Le Silence des Agneaux en 1990, et il faut avouer que le film de Jonathan Demme est phénoménal, ainsi qu’Anthony Hopkins dans le rôle, tout ne commença pas là, mais par Le Sixième Sens, ou Manhunter, de Michael Mann, datant de 1986. Mais le film, malgré son budget de seulement 15 millions, est un échec au box office, ce qui stoppa alors la saga. Brian Cox jouait alors Lecter à la place de Hopkins. Il faudra donc attendre le succès critique et public du Silence des Agneaux pour qu’Hopkins devienne aux yeux du public le personnage, et que la saga soit lancée. La suite, on l’a connait, Ridley Scott réalisa en 2001 le moyennasse Hannibal, qui malgré quelques fulgurances gore et une première partie fort sympathique en Italie, devenait alors clairement un film bis sans inspiration durant sa seconde heure, le tout jusqu’à un final pas loin du nanar. Mais le film est un gros succès, rentabilisant rapidement son budget de 87 millions, et il est alors décidé que Red Dragon, le premier livre, que Michael Mann avait donc adapté en 1986, aura droit à une nouvelle version. Pourquoi pas, après tout, avoir une trilogie centrée sur le personnage joué par un seul acteur, cela pouvait être intéressant, et même si j’admet avoir une très grosse sympathie pour le film de Mann, avec son ambiance et sa musique encrée dans les années 80 et un comme souvent génial William Petersen dans le rôle principal, je n’étais donc pas contre l’idée. Jusqu’à ce que le réalisateur choisi fut Brett Ratner. Oui, le réalisateur de la trilogie Rush Hour (dont je n’aime que le second opus), ou encore de X-Men 3 (soit un des pires opus). En soit, un réalisateur sachant il est vrai délivrer de belles images, et des scènes d’action lisibles, on ne pourra jamais lui reprocher, mais à qui il manque clairement un style, et pire, qui se contente de filmer un scénario, sans réussir à y mettre du suspense, de la tension, ou de l’émotion.
Et bien voilà, rassurez-vous, Dragon Rouge version 2002, c’est exactement ça. Un scénario qui adapte fidèlement un bon roman, quelques belles images, un casting en or, mais au final, un métrage qui ne créé aucune tension, aucune suspense, aucune émotion, qui ne captive jamais l’intérêt du spectateur, et sera oublié très rapidement tant on regarde la chose d’un œil peu intéressé. Par rapport à la première adaptation, il y a du changement, et par rapport au roman aussi. Le film s’ouvre d’ailleurs sur une scène nous montrant l’arrestation de Lecter par Will Graham. Un choix intéressant, et qui met d’ailleurs le spectateur en confiance, puisqu’il a devant lui la preuve que le film ne sera pas qu’un copié collé. Lecter, élément commercial du film, sera d’ailleurs forcément plus présent, ayant droit à plus de scènes, et a des scènes plus longues (parfois inutiles aussi, comme la scène du repas). La violence sera également plus présente comparé au métrage de Michael Mann. Mais Dragon Rouge rate la coche quasi dans tout ce qu’il entreprend, et ce qui est fou, c’est qu’il se rate avec un tel casting. Au final, Anthony Hopkins, connaissant le rôle par coeur depuis le temps, est sans aucune doute celui qui s’en sort le mieux. Edward Norton dans le rôle de Graham semble parfois absent et peu convaincant. Le même constat peut-être fait en ce qui concerne le trois autres grands rôles du métrage, ceux joués par Ralph Fienes (le tueur recherché par la police, peu effrayant), Harvey Keitel (en supérieur de la police, qui fait ce qu’il a à faire et rien de plus) et Philip Seymour-Hoffman (convaincant en journaliste, mais si peu présent que son développement est anecdotique). L’ambiance musicale ne viendra pas franchement relever le niveau, même si le score de Danny Elfman n’est pas mauvais en soit.
C’est tout le souci en réalité. Tous les éléments pris séparément ne sont pas foncièrement mauvais, mais dans un ensemble, cela donne un film qui manque de punch et d’identité. Il faudra finalement attendre la toute dernière partie du métrage pour être enfin réveillé, face à quelques sursauts sanglants, et un ultime affrontement facile mais plutôt maitrisé entre notre tueur et notre super détective. Un finalement triste constat, qui devient même plus grave lorsque l’on prend le métrage dans l’ensemble de la saga. En tant que préquelle, et donc ultime opus de la trilogie, il ne tient pas la comparaison face à l’opus le suivant, premier réel opus de Jonathan Demme donc, le génial Le Silence des Agneaux. Mais en le comparant au Sixième Sens, puisque ce roman de Thomas Harris avait déjà été adapté, le verdict n’est guère plus glorieux, Michael Mann avait réussi à mettre du punch et une âme dans son métrage. Certes, son métrage peut à présent paraître daté pour les spectateurs les plus jeunes, baignant dans une ambiance bleutée typique des années 80, avec sa bande son au synthé pourtant magistrale, mais il demeure un film qui a une âme. À l’inverse de ce Dragon Rouge, qui se contente de filmer platement un scénario intéressant, et où aucun élément ne semble s’emboiter avec le reste. Certes, Ratner a fait pire, et Hannibal Lecter n’était déjà plus de l’ombre de lui-même depuis l’opus de Scott, mais tout de même.
Les plus
Un bon casting sur le papier
Ça fait une trilogie avec Hopkins
Quelques bonnes séquences
Les moins
Aucun suspense, aucune tension
Mise en scène plutôt plate
Souffre de la comparaison avec les précédents, et l’original
Aussitôt vu, aussitôt oublié
En bref : Dragon Rouge, même s’il a été un succès au box office, s’est fait plombé par une partie du public. Et il faut avouer que Brett Ratner à la mise en scène saccage un peu le film, peinant à nous intéresser. C’est plat.
Jamais vu. Le nom de Brett Ratner m’a sans doute toujours effrayé. Ou bien c’est la coiffure d’Eward Norton en pseudo Bowie circa 1984.
Et puis je tiens la version de Mann tellement haut (j’invite tous les lecteurs à lire mon article, et hop unpeu de pub 😉) que franchement c’est pas la peine.
La version de Mann est excellente, de la mise en scène à l’ambiance, à l’excellente bande son que j’écoute encore de temps en temps, les acteurs.
Tu as donc bien fait d’éviter cette version, que j’avais soigneusement évité également jusque là, avant de me dire « boh, pourquoi pas, faut voir pour juger ». L’ennui durant la vision fut fatal.
Je n’ai pas vu le film qui a été fait après (une préquelle encore il me semble), mais bon, parfois il faut savoir s’arrêter dans son élan.
Je t’avoue que toute la hype autour d’Hannibal ne m’a pas passionné. Je m’en tient au film de Demme, très bien, à celui de Mann, excellent (BO avec un grand morceau d’Iron Butterfly pour une séquence d’anthologie), au Ridley Scott à la rigueur pour l’esthétique. Le reste…
Voilà, comme toi, j’adore les deux premiers opus. Le Scott, je n’arrive pas à le détester pour sa première partie et quelques scènes, mais ça reste bancal, quel gâchis quand même, dommage.
Je te préviens, je prévois du lourd dans mes prochains articles, avec du nanar, du Van Damme, du Eastwood, du Norris, du Misty !
Je ne quitte pas la chaîne alors !
Haha, surtout pour Eastwood avoue 😉
Pour tous !
Alors je vais tenter de varier les publications, pour intéresser, puis t’amuser, et te faire fuir sans doute parfois haha (car oui, je spoile mes futurs articles : il y aura BARB WIRE dans le lot!!!!)
houlà ça pique ça
Comme PrinceCranoir (PC ?). Jamais vu. Le réal me fait peur. Le projet ne m’intéresse pas. L’original est génial – je l’adore, et je l’avais d’ailleurs découvert avant LE SILENCE DES AGNEAUX. Son esthétique, sa tension, ses personnages, son ambiance… Un grand film, vraiment (peut-être que je le préfère même au SILENCE DES AGNEAUX). Faut que j’aille lire la chronique de PC maintenant !
PS : je trouve le film de Ridley Scott très digeste moi, par contre. Une suite très correcte, à mon sens. C’est tellement bien réalisé et joué que ça passe bien.
Brett Ratner fait peur à tout le monde, mais vu sa filmographie, il y a largement de quoi 😉
Je crois que je préfère de peu LE SILENCE DES AGNEAUX pour ma part, mais MANHUNTER n’est pas loin derrière.
Le Scott est correct, mais je lui trouve deux gros défauts. Bon allez, trois en comptant son final. La seconde partie hors Italie est pour moi moins intéressante. Et Julianne Moore ne semble pas à l’aise en reprenant le rôle.
Assez d’accord sur Julianne Moore.
Comme Oli, je place Manhunter tellement haut que ce que peut m’apporter Brett Ratner me semble insignifiant.
Je me sens moins seul pour Julianne Moore, actrice que j’aime beaucoup, mais qui ne semble pas à l’aise là pour le rôle. Pour ça que la partie que je préfère dans le Hannibal, c’est la partie en Italie, sans elle.
Non mais restez tous sur la version de Michael Mann hein, vraiment. Cette version n’apporte rien, et change quelques éléments en moins bons. Il n’y a que Anthony Hopkins qui reste bon, mais vu ses 3 scènes, ça ne sauve pas le film.