JOSEY WALES HORS-LA-LOI (The Outlaw Josey Wales) de Clint Eastwood (1976)

JOSEY WALES HORS-LA-LOI

Titre original : The Outlaw Josey Wales
1976 – Etats Unis
Genre : Western
Durée : 2h15
Réalisation : Clint Eastwood
Musique : Jerry Fielding
Scénario : Philip Kaufman et Sonia Chernus d’après le roman de Forrest Carter
Avec Clint Eastwood, Chief Dan George, Sondra Locke, Bill McKinney et John Vernon

Synopsis : À la fin de la guerre de Sécession Josey Wales cultive tranquillement son champ dans le Missouri quand les irréguliers nordistes du Kansas du capitaine Terrill surgissent, incendient son ranch, violent sa femme et massacrent sa famille. Une bande de partisans sudistes arrivant peu après, il la suit. Mais le Sud est vaincu et le sudiste Fletcher annonce une amnistie aux partisans qui déposeront les armes. En fait, c’est un piège : lors de la reddition, au moment où les partisans prêtent serment à l’Union, les nordistes les abattent à la mitrailleuse. N’en réchappent que Josey Wales, qui avait refusé de se rendre (il est très méfiant, ce qui lui sauvera la vie plusieurs fois), et un jeune franc-tireur blessé. Josey Wales ayant dans l’affaire massacré un gros paquet de Nordistes, sa tête est mise à prix.

En 1972 paraît le roman Josey Wales écrit par Forrest Carter, ancien membre du KKK. Eastwood investie son propre argent pour obtenir les droits, et Sonia Chernus s’occupe de l’adaptation, bientôt aidée par Michael Cimino et Philip Kaufman. Kaufman qui devait d’ailleurs réaliser au départ, mais des conflits éclatent puisqu’il juge l’aspect politique du roman beaucoup trop cru et violent. Mais le tournage commence malgré tout le 6 Octobre, et les gros conflits continuent, entre la méthode Eastwood (tournage rapide, sur le vif) et la méthode Kaufman (attention de tous les détails, préparation). À peine 2 semaines plus tard, Eastwood et le producteur Bob Daley virent Kaufman, et Eastwood récupère le poste de réalisateur. Un retournement de situation assez mal vu à Hollywood et par les guildes, qui créent alors une nouvelle législation dans le milieu. Ah ça, c’était un beau bordel. Qui a raison, qui a tort ? Peu importe, Eastwood a donné son point de vue sur la question depuis un bail, et que sa façon de faire ai été bonne ou pas, son argument se tenait (la vision d’une œuvre dans laquelle il s’est investi, en terme de temps, de travail, mais également d’argent personnel). Bref, Josey Wales est un des westerns réalisés par Eastwood dont on parle un peu moins, surtout si on le compare à l’énorme Impitoyable en 1992. Impitoyable est le chef d’œuvre, et à côté, les ont leur préférence entre les œuvres restantes, en particulier ce Josey Wales et Pale Rider, qu’Eastwood signa en 1985. Personnellement, je lui préfère Josey Wales. Car en plus d’être un bon, que dis-je, un excellent western, Josey Wales représente en plus en quelque sorte un résumé du genre en lui-même, et on y trouve quasiment tous les éléments du genre, que ce soit au niveau des personnages, des situations, des thèmes. L’intrigue se déroule pendant et après la guerre de sécession, et reste, dans les faits, une simple histoire de vengeance. Josey est au départ un fermier qui vit avec femme et enfant une petite vie tranquille, mais dés la scène d’ouverture, le drame survint, et Josey change, se durcit, et devient un homme poussé par la vengeance. Du classique, surtout si l’on rajoute son humanisation, petit à petit, au contact d’autres personnages.

Une sorte de rédemption en quelque sorte. Le métrage se découpe donc clairement en deux parties. La première, faisant plus ouvertement parler la poudre et montrant un personnage violent qui n’hésite pas à tuer de sang froid et à cracher sur les cadavres de ces victimes. En toile de fond ? L’absurdité de la guerre, de la violence se laquelle le pays s’est bâtie, et les trahisons des hommages pour des raisons diverses, et très souvent financières, et ce dés le début lorsque Fletcher, chef de groupe que Josey Wales a rejoint par le passé, passe un pacte avec les Nordistes en leur livrant ses hommes, les sacrifiant ainsi pour sa survie et ses envies personnelles. La première partie, outre la vengeance de Wales, est surtout une fuite en avant, Wales étant traqué, et trainant avec lui un blessé. C’est finalement sa rencontre avec un chef indien par la suite, puis en sauvant un groupe attaqué par des bandits, en particulier la jeune Laura Lee (jouée par Sondra Locke) que Josey Wales va s’humaniser, se trouver de nouveaux buts, se reconstruire également en quelque sorte. Intéressant dans le fond, Josey Wales l’est, mais il l’est aussi dans la forme. Les images sont souvent magnifiques, la mise en scène comme toujours simple mais appliquée, et les acteurs excellents. Même au niveau du scénario, malgré un côté best of qui contient tout ce que le western a à proposer (à part l’attaque de diligence, absente du métrage), sait quand il doit surprendre le spectateur, via l’évolution de son personnage principal. Ainsi, lorsque Josey Wales partira négocier avec un autre groupe d’indien, il surprend, prouvant ainsi la subtilité d’écriture du personnage., son évolution, mais également le message du métrage. Un grand moment, qui parvient donc à surprendre le connaisseur du genre qui s’attend, aussi tardivement dans le métrage, à un nouveau déferlement de violence.

Comme souvent avec Eastwood, les dialogues sont percutants, et fusent telles les balles de ses pistolets, les scènes d’action sont très bien rendues, les images magnifiques, et le film a bien plus à raconter en grattant la surface, ce qui en fait plus qu’un simple western. Saluons, outre les interprétations d’Eastwood et Locke, la fabuleuse interprétation de Chief Dan George, dont une scène fut improvisée et réussie du premier coup. Et malgré l’humanisation du personnage au fur et à mesure, on ne peut que souligner le final, offrant à Wales à la fois une résolution, et donc, une vengeance, mais également un avenir. Du coup, un métrage à la fois sombre, sauvage, violent, mais finalement optimiste pour le futur de ses personnages, tout en portant un regard amer sur l’environnement dans lequel ils vivent, un environnement à l’image du pays, battit sur la violence, les coups bas et avec son lot de trahisons, juste pour s’assurer de s’en sortir. Un film hautement complet et qui, malgré sa durée, comme souvent longue dans le genre, de 2h15, ne contient pas une seule longueur, même dans ses moments calmes et plus contemplatifs. Du grand art j’ai envie de vous dire. Du grand art maitrisé dans tous ces aspects, par un grand artiste qui n’aura pas fait une seule fausse note dans le western, même si l’on sent encore ici les influences des maîtres qu’Eastwood a côtoyé comme acteur.

Les plus

Magnifiquement filmé
Un western complet
Les thématiques abordées
Parfois surprenant malgré ses thèmes classiques

Les moins

Des influences parfois marquées… est-ce un mal ?

En bref : Pour son deuxième western comme réalisateur, Eastwood frappe fort et livre un film magnifique visuellement malgré ses influences diverses, et surtout passionnant dans son texte et sous texte.

9 réflexions sur « JOSEY WALES HORS-LA-LOI (The Outlaw Josey Wales) de Clint Eastwood (1976) »

  1. Un très bon western et un très bon film du grand Clint, je trouve. N’oublions pas également ‘L’Homme des hautes plaines’ et sa touche fantastique.

    1. J’adore également l’Homme des Hautes Plaines, je compte me le refaire très bientôt. Je me suis refais hier soir Pale Rider, très bon mais le western d’Eastwood que j’aime le moins au final.

  2. On monte sérieusement de niveau avec Josey Wales. Je t’avoue que je ne saurais vraiment faire de hiérarchie entre ses westerns, mais disons que je place celui-ci un léger cran en-dessous d’Impitoyable (bien qu’ il le soit aussi), au même niveau que Pale Rider dont, j’en suis sûr, tu diras aussi les grandes qualités dans un prochain article.
    La dernière fois que j’ai vu Outlaw Josey Wales, c’était juste après avoir lu le roman. Un livre excellent, à lire tout de même avec dans l’idée que c’est un roman sudiste et que Forrest Carter n’est qu’un prétendu descendant d’indien mais authentique sympathisant du Klan. Pas de touche raciste néanmoins dans le livre comme dans le film, mais un bel éloge à l’émancipation. C’est du Eastwood tout craché, façon Richard Jewell : l’Etat yankee piloté par Washington n’est qu’un ramassis de crapules à « pattes rouges », amours que l’Amérique est une terre d’opportunité où l’on doit pouvoir vivre en paix selon ses règles locales. C’est aussi un formidable film de vengeance qui en cela préfigure Mystic River, presque aussi sombre.

    1. Voilà, on est néanmoins d’accord pour dire que dans tous les cas, Impitoyable se situe au-dessus, c’est son chef d’oeuvre dans le genre. Pale Rider j’en parlerais oui, même si je vais essayer d’espacer un peu les westerns, sinon plus qu’à renommer le site LovingWestern haha !
      Je n’ai pas lu le roman par contre, il y a énormément de différences ? Kaufman au scénario a réussi à en tirer le meilleur ?
      Dans les deux cas, la vengeance doit avoir lieu, malgré les événements extérieurs. Mais la vengeance a néanmoins ici un goût moins « amer » 😉

      1. Le script suit assez fidèlement les étapes du roman, mais insiste moins sur le contexte, plus détaillé chez Carter. Quelques personnages sont ajoutés, et la fuite semble plus abstraite dans le film que dans le roman.

        1. Ce qui est sur, c’est que l’ombre de Leone plane encore derrière Josey Wales (Eastwood parviendra à s’en affranchir avec le western suivant) : ayant revu « Fistfull of dollars » ce soir, on y trouvait déjà la scène du massacre à la Catlin par des pourritures en uniformes yankees. Certes, ce sont ici les Rodos qui ont fomenté un sale coup, mais le symbole est présent dans la tête de Clint quand il introduit la scène dans son film.

          1. Merci pour les précisions vis-à-vis du roman 🙂
            J’avais revu A Fistfull of Dollars le mois dernier et oui, les influences des plus grands sont encore voyantes dans Josey. Ça ne dérange pas du tout, mais elles sont là oui. Les deux films sont fièrement dans ma collection !

  3. Un super film. J’ai envie de le revoir. Je mets UNFORGIVEN devant bien évidemment. Mais JOSEY juste derrière. Puis PALE RIDER, extrêmement classique en fait – mais tellement efficace. HIGH PLAINS DRIFTER, je l’aimais beaucoup aussi à l’époque, mais je ne l’ai pas revu depuis tellement longtemps… Je me souviens surtout que la VF avait honteusement gommé toute trace de fantastique en changeant quelques lignes de dialogue à la fin.

    1. PALE RIDER est très classique, et en ce sens, sans doute un peu moins ambitieux, peut-être pour cela que je le place un peu en dessous. Mais ça reste un excellent western, avec quelques seconds rôles (Richard Kiel) qui ont de la gueule, des scènes très violentes, une montée en puissance. Dans sa narration, je me demande s’il n’a pas influencé un peu OPEN RANGE, mais je vais peut-être trop loin là.
      HIGH PLAINS DRIFTER, c’est sans doute le prochain sur ma liste de western à revoir, peu de souvenirs si ce n’est que j’avais beaucoup aimé. Le voir enfin en VO me fera du bien ^^

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