Titre original : Invasion U.S.A.
1985 – Etats Unis
Genre : Action
Durée : 1h47
Réalisation : Joseph Zito
Musique : Jay Chattaway
Scénario : James Bruner et Chuck Norris
Avec Chuck Norris, Richard Lynch, Melissa Prophet, Alexander Zale, Alex Colon, Eddie Jones, Jon DeVries, James O’Sullivan et Billy Drago
Synopsis : Une armée de guérilleros extrémistes communistes dirigée par Mikhail Rostov, d’origine soviétique, un vieil ennemi de l’ex agent de la CIA Matt Hunter, débarque en Floride afin de provoquer le chaos aux États-Unis. Le pays est bientôt secoué par une vague de terrorisme. Hunter se voit confier la mission de localiser et d’éliminer Rostov afin de stopper ces attaques.
Voilà, il est là, le divin, le grand, l’unique, le chef d’oeuvre de Monsieur Chuck Norris pour le compte de la Cannon Films, j’ai nommé Invasion U.S.A. Après avoir gagné plusieurs fois la guerre de Vietnam à lui tout seul dans Portés Disparus (1984), sa préquelle Portés Disparus 2 (1985) et un peu plus tard dans le troisième opus (1988), et juste avant avoir vaincu de méchants terroristes Israéliens presque tout seul dans Delta Force (1985), puis le cartel Colombien dans sa suite Delta Force 2 (1990) que je n’ai toujours pas vu, Chuck Norris se retrouve en 1985 face à son plus grand ennemi, à savoir, les Russes. Oui, en 1985, la Guerre Froide n’est pas terminée, et en bon studio mettant en avant les valeurs et la grandeur de l’Amérique, la Cannon se doit à présent de mettre Chuck contre les soviétiques, et bien entendu, qu’il en sorte victorieux, et si possible, tout seul comme un grand. Pour se faire, la Cannon met 10 millions dans le budget du film, permet à Chuck de coécrire le scénario, et fait appel à Joseph Zito, réalisateur du premier Portés Disparus pour mener à bien le projet. Encore mieux, durant le tournage, contents des retours, les producteurs décident de donner une allonge de 2 millions, faisant ainsi monter le budget à 12 millions, soit l’opposé de leurs pratiques habituelles. Quelle générosité n’est-ce pas ? La raison ? Invasion U.S.A est sans doute le film qui se prend le moins la tête pour raconter une histoire, et fait plus office de multiples scénettes parfois juste montées bout à bout, où Chuck va en finir avec cette racaille soviétique. Face à lui, une grande gueule du cinéma B, le grand Richard Lynch (Les Barbarians de Deodato, Alligator 2, le méchant dans Puppet Master 3, mais aussi Necronomicon pour Christophe Gans, Cyborg 3, Panics, et tout simplement un nombre incalculable de séries B et Z), qui n’a clairement pas l’air là pour rigoler.
La preuve, dés qu’on le rencontre, il fait un deal avec une autre belle gueule du cinéma B, à savoir Billy Drago (Pale Rider, Les Incorruptibles, Delta Force 2, Tremors 4, le remake de La Colline a des Yeux, toujours à jouer le méchant), il ne plaisante pas, tirant la gueule, le regard halluciné, n’hésitant pas à tabasser une femme, puis à exploser l’entre jambe de Billy Drago au flingue, avant de balancer la femme par la fenêtre. Oui, et ça, ce n’est que le début du film, c’est vous dire à quel point Invasion U.S.A décide d’aller loin, très loin. Les méchants doivent être encore plus méchants que d’habitude, et virer à la caricature totale, comme lors de ce débarquement Russe sur les côtes de Miami, qui semble tout droit sortir du débarquement de la Normandie, et avec des figurants qui ne parlent même pas Russe mais Allemand (un détail pour la Cannon), ou de l’explosion d’un quartier résidentielle au bazooka qui n’a même pas besoin d’être rechargé pour tirer 5 ou 6 fois de suite. Mais rassurez-vous, si les traits sont grossis à l’extrême du côté des gros méchants Russes, c’est le cas aussi pour notre héros, retraité vivant dans sa petite maison avec son Tatou (l’animal hein), et qui après l’explosion de sa maison de manière radicale par les méchants (qui en toute logique ne vérifient pas si Chuck est vraiment mort), part en chasse. Et là, festival, Chuck n’aura pas à chercher bien loin, puisque le film a alors une structure totalement je m’en foutiste de l’extrême. À savoir que l’on suit généralement les coups des méchants pour plonger l’Amérique dans le chaos, et que à chaque fois, Chuck passe miraculeusement dans le coin avec son 4X4 pour rétablir la paix à l’Amérique : avec deux uzis dans la face qu’il tient comme des colts. Expéditif. Des terroristes qui veulent faire exploser une bombe dans une église ? Mince, ça n’explose pas, et voilà que Chuck apparaît derrière eux, leur lance leur propre bombe et la fait exploser. Des méchants déguisés en militaires qui veulent faire un carnage dans la rue, mais Chuck débarque et les déglingue tous en quelques secondes.
Des terroristes voulant faire un carton dans un centre commercial en pleine période de fête de fin d’année ? Pas de souci, Chuck sortira d’on ne sait pas trop où, avec son fidèle véhicule, pour défoncer l’entrée du centre commercial et rétablir l’ordre. Il y a quelque chose de clairement primaire dans Invasion U.S.A., un film de sale gosse en fait, qui ne s’ennuie pas des détails, de la cohérence, du message ou de quoi que ce soit, et fonce dans le mauvais goût total, à tel point que ça en devient parfois du génie. Bien entendu, les amateurs de nanar vous citeront la VF et son fameux « tu vas repartir avec la bite dans un Tupperware », mais même en VO, ça ne vole pas forcément plus haut, même si ça se lâche moins. En fait, le spectacle proposé est tellement primaire que le film est devenu culte pour beaucoup, et qu’il est resté pour la MGM, qui distribue le film, leur second plus gros succès de tous les temps pendant quasi 20 ans. Si ça ne prouve pas le génie de la démarche, je ne sais pas ce qu’il vous faut de plus ! Mais plus sérieusement, quelque chose parvient néanmoins à surprendre dans ce festival du n’importe quoi, et c’est le final. Le film ne respecte pas franchement la narration classique des habituels films du studio, ou des films de Norris d’ailleurs. Là où d’habitude, la montée en puissance se fait doucement, Invasion U.S.A. préfère être un spectacle non stop de tous les instants, avant de livrer un final étrange, où d’un côté, des militaires affrontent dans le festival habituel d’explosions les terroristes, et de l’autre, Chuck, seul, affrontant son nemesis, le tout sans musique, essayant vainement de jouer sur la tension. De quoi décevoir, si le coup final n’était pas porté au bazooka, ouf ! Invasion U.S.A., c’est donc mauvais, mais mauvais dans le sens où dans de bonnes conditions, ou avec des potes sans doute, c’est un spectacle régressif jouissif. Qui se retrouve avec un 13/20 oui, vous n’êtes pas aveugles !
Les plus
Chuck Norris contre les Russes
Richard Lynch et son regard halluciné
Des scènes d’action en veux-tu en voilà
Ça n’a tellement pas de sens que c’est génial
Les moins
Mais ça n’a aucun sens
Son côté ouvertement nanar, pas pour tout le monde
Un final en dessous du reste
Les clichés et défauts habituels de ses productions
En bref : Après le Vietnam, Chuck Norris reste en Amérique pour sauver le pays de l’invasion Soviétique. C’est du grand n’importe quoi, tout s’enchaîne sans temps mort (et sans logique) et pour peu que l’on soit d’humeur, le spectacle est tellement régressif qu’il devient fun.
L’apothéose du n’importe quoi, guidé par un profond sentiment anticommuniste primaire. C’est le degré zéro de l’intelligence. Fallait oser.
Je me doutais que tu sauterais sur l’occasion haha.
Il est très facile de taper sur le film, véritablement n’importe quoi, et qui ne se soucie plus de la logique, narration, des trois actes habituels, de la montée en puissance ou quoi que ce soit. C’est un spectacle clairement primaire et non sensique (presque sublimée par la VF haha) que ce fut assez hallucinant. Et ça m’a diverti oui oui. Dans son genre, sans doute leur projet le plus « extrême ».