Titre original : Koma – Кома
2019 – Russie
Genre : Fantastique
Durée : 1h51
Réalisation : Nikita Agunov
Musique : Ilya Andrus
Scénario : Nikita Agunov, Timofei Dekin et Aleksey Gravitskiy
Avec Rinal Mukhametov, Lyubov Aksyonova, Anton Pampushnyy, Milos Bikovic et Konstantin Lavronenko
Synopsis : Après un terrible et mystérieux accident, un jeune architecte talentueux se retrouve entre la vie et la mort dans un monde étrange basé sur la mémoire des personnes plongées dans un profond coma. Dans cet espace – où l’Empire State Building côtoie Big Ben, rivières, glaciers et villes semblent tenir dans une seule pièce une forme de souvenir du monde réel, déformé et tordu par une perception subjective, inconstante et fragmentaire. Le jeune homme va devoir se battre contre de nouvelles lois de la physique pour survivre.
Continuons d’explorer le cinéma de genre Russe actuel voulez-vous bien ? Après le succès que fut Attraction en 2017, menant à une suite en 2020, et avant le succès énorme en VOD de Sputnik, voilà que débarquait Koma, ou Coma tel qu’il est renommé en France, sorti en Janvier 2020 en Russie. Un film mélangeant basiquement Inception pour son visuel et le jeu The Evil Within pour son concept. Alléchant n’est-ce pas ? Le tout en mode film à grand spectacle au budget énorme d’environ… 4 millions de dollars. Ah oui, je l’avais déjà dit, mais faire un film à effets spéciaux en Russie, ça n’a pas le même coût qu’ailleurs. À croire que les techniciens et autres responsables des effets spéciaux ne sont pas payés là-bas, ou acceptent juste un SMIC tant pour un film comme Coma, tout passe par le visuel, et que chaque plan semble contenir son lot d’effets digitaux et de fonds verts, sans pour autant que cela fasse tâche. Certes, ils ne sont pas tous parfaits, mais certains parviennent à impressionner, certains designs sont bien trouvés, et malgré tout, même pour ceux moins convaincants, on peut toujours les excuser, puisque comme son nom l’indique, Coma se déroule dans un monde imaginaire. Le pitch est simple, Viktor est un architecte et après un accident de voiture, le voilà dans le coma, dans un lit d’hôpital. Sauf qu’ici, le coma, c’est un peu plus excitant que dans notre monde à nous. Inconsciemment, le personnage se retrouve plongé dans un monde où la conscience de tous ceux dans le coma se mélange, où rêves et souvenirs s’entremêlent pour donner vie à un monde qui à première vue, n’a ni queue ni tête, où les routes sont de travers, la gravité change parfois brutalement, une forêt peut mener à un appartement avant de voir par la fenêtre une cascade, puis un monument connu normalement situé à l’autre bout du monde.
Visuellement, c’est simple, on pense énormément aux quelques scènes d’Inception qui se déroulaient à Paris et s’amusaient à modifier la géographie des lieux, en tordant les rues, voir en les renversant, et en renversant la gravité pour les personnages. C’est un peu la même chose ici. Nos personnages sont prisonniers de ce monde tant qu’ils sont dans le coma, et doivent s’organiser, pour survivre, car sans menace, avouez que ce serait moins passionnant, et qu’il n’y aurait sans doute pas moyen de faire un film malgré le concept bien sympathique. La menace ici, ce sont les faucheurs, des créatures qui traquent sans relâche nos personnages, semblant n’avoir aucune vraie substance, ayant plus souvent l’air d’être des fantômes vêtus de noir et qui se reforment quand ils explosent. Et comme notre héros est de base architecte, et que tout ce bon monde est prisonnier dans un monde imaginaire, ils comptent bien profiter du talent de Viktor pour se créer un abris, un lieu qui ne sera pas formé à partir de souvenirs quelconque, et donc, un lieu qui sera inaccessible à ces faucheurs. Simple, mais accrocheur. D’autant plus que si visuellement, on pense à Inception, le concept même du film lui fait plus penser au jeu The Evil Within, ou à Nightwish, film méconnu de 1989. Plusieurs esprits connectés, des lieux reliés sans queue ni tête à partir de souvenirs. Oui, la ressemblance est frappante, mais Coma n’est pas une descente aux enfers, mais un simple film de divertissement, et pas mal fichu qui plus est. Si l’on pourra reprocher quelque chose au métrage, ce sera peut-être plus au niveau des personnages. Certains auraient mérités une psychologie un peu plus développée pour rendre certains enjeux, ou du moins certains petits rebondissements plus intéressants. Rien de catastrophique malgré tout, le casting étant solide.
On retrouve d’ailleurs dans le rôle principal Rinal Mukhametov, qui semble s’amuser dans la science fiction à grand spectacle, puisqu’il était déjà à l’affiche d’Attraction, et de sa suite cette année. En tout cas, l’ensemble est solide, et si pas franchement original pour qui a pu poser ses yeux sur les influences du métrage, ce qu’il en fait rend plutôt bien à l’écran. Pas de temps morts, beaucoup d’images fortes, d’idées de mise en scène ou dans les effets spéciaux. Il y en a bien des moins naturels que les autres, comme lors des inversions de gravité, ou certains sonnant un peu faux, comme la fameuse ville que l’on demande à Viktor de construire, mais pour peu que l’on adhère au film et à son concept, même ce petit côté faux se fait justifié par l’intrigue. Puis honnêtement, avec un budget aussi petit, c’est déjà un miracle que Coma tienne autant la route sur quasiment deux heures, où quasi chaque plan contient son lots d’effets visuels, que ce soit dans les interactions, dans ses créatures ou dans ses nombreux arrières plans. Bien entendu, narrativement, l’ensemble est plutôt couru d’avance, on devine bien la finalité de l’histoire, qui aurait pu sans doute se la jouer un peu plus ambigu, mais rien de catastrophique vu que le métrage maitrise ce qu’il veut faire et nous montrer, malgré son petit côté fin ouverte. Encore une excellente surprise pour le coup, vivement le prochain, qui ne saurait tarder !
Les plus
Visuellement hyper léché
Un concept très permissif
Rythmé et plaisant
De bons acteurs dans l’ensemble
Les moins
Quelques éléments moins exploités
Tous les effets ne sont pas de la même qualité
En bref : Entre Inception et the Evil Within, Coma est un film à grand spectacle qui se permet énormément de choses visuellement, et se donne les moyens d’en mettre plein la vue. Pari réussi malgré quelques défauts.
Je cultive une certaine méfiance vis-à-vis de ces films qui nous font voyager dans l’inconscient humain mais je dois avouer que celui-ci propose des visions assez bluffantes. C’est en tout cas ce qui ressort des captures qui illustrent ton article. Je me balader aïs bien dans cet univers, j’avoue, même si le scénario et la caraterisation semblent manquer d’épaisseur.
Disons qu’il faut le prendre pour ce qu’il est, du cinéma à grand spectacle un peu simple dans son écriture. Ça n’a pas la prétention d’éblouir à ce niveau. Mais visuellement, en terme de rythme, même de mise en scène finalement, qui se permet beaucoup de choses avec ces tableaux dans tous les sens, ça fait voyager, ça arrive par moment à surprendre, sans trop forcer le trait, et ça en fait un divertissement plus que recommandable à mes yeux.
Maintenant, j’attend une adaptation de The Evil Within pour avoir la version crade et cauchemardesque de ce concept 😀
Ce genre d’adaptation ça passe ou ça casse.
Quant au visuel fantasmagorique, je pense aussi à « the Cell » que je n’avais pas trop aimé.
Jamais vu The Cell. Je l’ai d’ailleurs depuis un mois ou deux en stock, mais il m’a toujours fait peur depuis sa sortie, d’où l’impasse totale. Mais bon, la curiosité finira par l’emporter, il faut que je trouve la motivation. Peut-être y trouverais-je au moins un visuel accrocheur qui rendra la vision passable ?
Du visuel, tu en trouveras à foison ! Le film se veut une expérience esthétique, mais que j’ai trouvé d’une vacuité barbante et prétentieuse.
Je tente de me le faire dans pas trop longtemps alors.
Et ce COMA, je met le Blu-Ray de côté, il sera sans doute revu lors des soirées avec quelques amis cinéphiles, avec probablement la petite pépite découverte hier soir que je te conseille dés à présent même si je n’ai pas encore pris le temps de poser par écrit mon ressenti : ONE CUT OF THE DEAD ! Une ode au cinéma, grand comme petit, au système D, et drôle comme pas possible par moment.
J’en ai lu des éloges déjà. Il faut que je me le procure.
Si tu le souhaites, je peux te le passer 😉
Ah ben j’veux bien 😀