THE WOMAN WHO KEEPS A MURDERER (殺人鬼を飼う女) de Nakata Hideo (2019)

THE WOMAN WHO KEEPS A MURDERER
Titre original : Satsujinki Wo Kauonna – 殺人鬼を飼う女
2019 – Japon
Genre : Thriller érotique
Durée : 1h22
Réalisation : Nakata Hideo
Musique : Sakamoto Hidekazu
Scénario : Yoshida Kaori d’après le roman de Ôishi Kei

Avec Asuka Rin, Hamada Shin’ya, Matsuyama Airi, Mizuhashi Kenji, Nakatani Hitomi et Negishi Toshie

Synopsis : Abusée par son père lorsqu’elle était enfant, Kyoko a depuis développé des personnalités multiples pour se protéger. Devenue adulte, elle vit avec Naomi, Yukari et Haru, et Naomi est une lesbienne amoureuse de Kyoko. Sauf que Kyoko commence a tomber amoureuse de son voisin, un romancier.

Nakata Hideo a vraiment une carrière étrange, et surtout, une carrière bancale, ou le bon voir le très bon côtoie le moyen, le mauvais voir le pitoyable. Forcément, quand avec son troisième film seulement, on bouleverse le cinéma de genre Asiatique tout entier et que l’on créé un phénomène mondial, la suite doit tenir la route car tous les regards sont tournés vers lui. Sauf qu’après Ring, Nakata fera le plus méconnu Chaos, puis signera logiquement un Ring 2 la même année (retenez ça, car Nakata aime tourner deux films par année). Sauf que Ring 2, c’était moins bon. La suite, on l’a connaît, passé un bon Dark Water, le reste est plus anecdotique, alternant alors véritablement le bon et le mauvais. Le bon, il y a The Complex ou Ghost Theater, et à côté, il y a des The Incite Mill et autres Monsterz. Mais après son énième retour au film de fantômes en 2015 avec Ghost Theater (que j’avais bien aimé), Nakata change radicalement, alternant alors thrillers télévisuels (Stolen Identity 1 et 2, en 2018 et 2020) et Pinku pur et dur, avec White Lily en 2017 et The Woman Who Keeps a Murderer en 2019, que l’on nous vends comme un thriller horrifique, mais ne vous y trompez pas, il s’agît bien là d’un thriller érotique. D’ailleurs, Nakata y retrouve l’actrice principale de White Lily, Asuka Rin, fort charmante, et dont le visage m’a toujours interpelé. Pas étonnant, car bien que rare sur les écrans, j’ai découvert l’actrice dés ses débuts, en 2008 avec le très bon Carved 2, puis les deux adaptations d’Higurashi No Naku Koro Ni (Shrill Cries of Summer), ainsi que le petit film de V-Cinema Uniform Survigirl. Depuis sa rencontre avec Nakata par contre, elle se dénude, beaucoup, souvent. Nakata d’ailleurs qui signa deux films en 2019, avec ce thriller érotique d’un côté, et un ultime retour au film de fantômes en revenant à sa saga culte en signant… l’immonde et honteux Sadako. Nakata est-il donc en pilote automatique depuis des années, sortant des films honteux et de temps en temps, des films sympathiques par pure chance ? Difficile à dire tant on a du mal à voir un fil rouge dans sa filmographie.

Surtout que lorsque l’on croit le réalisateur enfin débarrassé de Ring qui a hanté toute sa carrière, il saute dedans les deux pieds devant pour Sadako, livrant au passage le pire de la saga. The Woman Who Keeps the Murder alors, c’est un peu comme White Lily, mais avec un cachet très téléfilm rappelant donc ces œuvres récentes comme Stolen Identity, le tout pour une intrigue au départ surprenante puis prévisible au possible. Loin d’être un grand film, mais loin d’être désagréable pour autant, alors que, comble de l’ironie, le métrage possède d’affreuses longueurs, malgré ses très courtes 1h22 au compteur. Nakata adapte là un roman de Ôishi Kei, pas inconnu du monde du cinéma, puisque ces romans furent adaptés plusieurs fois depuis 2005. Et ça tombe bien puisque la même année est sortie sur les écrans Under Your Bed de Asato Mari, une bien belle réussite. Mais Nakata malheureusement a perdu de sa superbe, et son film est largement inférieur à Under Your Bed. Il est ici question de Kyoko (Asuka Rin) donc, qui souffre d’un trouble de la personnalité suite à des traumatismes dans sa jeunesse, du à l’abus de son père. Bon, sa mère, ce n’est pas mieux, mais passons. Elle vit dans un appartement qu’elle partage avec trois colocataires. Enfin dans les faits, puisque rapidement, le spectateur comprend que les colocataires sont en réalité les autres personnalités de Kyoko, qui semble malgré tout être plus ou moins épanouie et vivre normalement. Jusqu’à ce qu’elle jette son dévolue (et tout son amour) sur son voisin, un romancier dont elle apprécie grandement l’œuvre. Ce qui va un peu chambouler sa vie, son mental, rendre ses personnalités plus violentes. L’apparition de sa mère ne va pas venir aider le mental de la jeune femme. Un propos simple mais pouvant amener de bien belles choses, avec des actrices appliquées (et dénudées aussi), la promesse d’un thriller, de meurtres sanglants, de scènes érotiques esthétiques. Seulement voilà, The Woman Who Keeps a Murderer, malgré il est vrai un casting investi et une certaine patte, a du mal à convaincre sur la durée.

Son principal défaut en réalité, c’est le gros déséquilibre entre ce qu’il raconte et comment il le raconte, comment il le montre au spectateur. Nakata aime filmer les corps dénudés, pas pour rien qu’il avait filmé White Lily pour le revival de Pinku pour la Nikkatsu, et en plus, contrairement a beaucoup, je l’avais aimé son film. Sauf qu’ici, du moins dans la première partie, il fait trainer son intrigue en longueur pour accumuler les scènes de sexe. Avec des hommes, entre femmes, peu importe. Le métrage relègue alors son concept et son intrigue au second plan, et avec ses 1h22, on a l’impression que la moitié est dédiée à l’histoire, mais que l’autre est entièrement dédiée aux scènes érotiques. Du coup, les longueurs pointent le bout de leur nez, surtout que comme dit, le film a un rendu très lisse, très téléfilm dans les faits. Beaucoup de temps à l’écran pour le sexe donc, moins pour l’intrigue et la psychologie, ce qui paraît étrange vu certains choix du film, comme celui de ne faire apparaître le titre qu’au bout de 20 minutes, alors qu’il est si court. Heureusement, The Woman Who Keeps a Murderer n’est pas un ratage. Du moins pas total. Nakata se réveille lors de quelques scènes, livrant alors des moments beaucoup plus beaux, plus réussis. Les scènes de violence restent très soft, ce qui renforce le côté téléfilm de l’entreprise, mais certaines sont joliment mises en scène. De même pour le sexe, si parfois Nakata est trop frontal et abuse des bruits de langues (tiens, comme dans White Lily), il livre dans le dernier tiers du métrage des moments plus inspirés, mieux filmés, plus jolis tout simplement. Il aura fallut être patient finalement. Et le final, bien que relativement prévisible, fonctionne plutôt bien et permet de conclure sur une note positive. Un peu comme si Nakata ne savait pas trop où aller au départ, avançant timidement en allongeant ses scènes, avant de trouver le bon chemin et de s’appliquer plus dans la seconde moitié. À conseiller donc surtout aux amateurs du genre, ou aux curieux, mais pas mauvais pour autant en tout cas.

Les plus

Asuka Rin retrouve Nakata et se dénude encore beaucoup
Quelques jolies scènes
Le final

Les moins

Rythme bancal
Trop de sexe dans la première partie
Un rendu très lisse

En bref : The Woman Who Keeps a Murderer est vendu comme un thriller horrifique, mais il est en réalité un thriller érotique. Pas le plus palpitant qui soit, mais néanmoins possédant quelques atouts. Il est court, mais ironiquement souffre de pas mal de longueurs dans la première partie, avant une seconde bien plus convaincante, bien que bancale.

4 réflexions sur « THE WOMAN WHO KEEPS A MURDERER (殺人鬼を飼う女) de Nakata Hideo (2019) »

    1. WHITE LILY j’avais franchement bien aimé, je dois le revoir pour écrire un texte dessus. Il me semble qu’Oli aussi avait apprécié d’ailleurs.
      On a une belle édition en France. Belle en terme d’image et de son, car je trouve le design des pochettes Françaises de la collection ignobles…. Jaquettes réversibles avec l’originale derrière, mais en résolution malheureusement pauvre et limite pixélisée, mais j’ai tout de même fait ce choix dans ma collection. Il faut d’ailleurs que je me penche sur les 3 titres qu’il me manque dans cette collection.

        1. Yes je crois que l’éditeur n’a fait que des éditions combi pour la collection (bon je voulais prendre une photo et la mettre dans le com mais impossible de trouver comment faire….)

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