Avec Jim Cummings, Riki Lindhome, Robert Forster, Chloe East, Will Madden, Annie Hamilton et Jimmy Tatro
Synopsis : John Marshall est un officier de police dans la petite ville paumée de Snow Hollow dans l’Utah. Divorcé, n’arrivant pas à gérer sa fille adolescente, ancien alcoolique, colérique, il va pourtant devoir faire avec son père, le shérif qui refuse la retraite, pour trouver le coupable de meurtres en série, soupçonné par les habitants d’être un loup-garou.
Les loups-garous se font rares sur les écrans, et quand on voit certains des récents efforts, ce n’est peut-être pas plus mal. Comparé aux vampires ou encore à la momie, il faut dire que le loup-garou nécessite souvent beaucoup plus d’effets spéciaux pour le rendre crédible, et les derniers efforts des studios pour nous faire du loup-garou en CGI, on a bien vu ce que ça a donné. Le dernier gros effort qui fait du bien, c’était la trilogie Ginger Snaps, et ça remonte au début des années 2000 (une série a été annoncé d’ailleurs). Et 2020 a décidé de remettre les loups sur le devant de la scène, de manière plutôt habile d’ailleurs avec ce The Wolf of Snow Hollow, film bénéficiant d’un excellent bouche à oreille, et qui décide de prendre le fameux mythe et de le détourner pour livrer un mélange de comédie noire, de thriller et de film d’horreur. Dés la scène d’ouverture avec de très beaux plans sur des paysages enneigés, on sent que l’on a devant les yeux un film fait avec sérieux, et qui sait ce qu’il veut faire et où aller, et rien que ça, ça fait du bien. Car sous ses allures de films parlant de loup-garou, The Wolf of Snow Hollow prend une direction différente. Très classique dans le fond malgré tout, mais qui, avec un tel traitement, fonctionne. À savoir donc, l’animal qui sommeille en chacun de nous, et le personnage principal joué par le scénariste et réalisateur Jim Cummings en est la parfaite incarnation. Un homme colérique, ancien alcoolique, qui n’arrive à rien gérer dans sa vie, de son père le shérif vieillissant et malade, à sa fille adolescente qu’il n’écoute pas (et qui ne l’écoute pas en retour, pas de jaloux), jusqu’à ces collègues, la moitié passant leur temps à se moquer de lui et à ne pas écouter les ordres, et l’autre. Ah non, un peu pareil en fait.
Mais revenons au commencement, comme tout le film du genre, le métrage s’ouvre par une attaque. En fait, pas vraiment, le film présentant ses ambitions et son carnet de route dés les premiers instants, à savoir un film qui prend son temps, aime développer ses personnages et amener les spectateurs vers de possibles fausses pistes. Vous vouliez une intro concise qui mette dans le bain ? À la place, le film étire son ouverture, nous faisant limite croire que l’on ne suit pas les premières victimes d’un massacre mais les personnages principaux. Puis le film nous dévoile une de ses forces, à savoir son montage, qui aime montrer plusieurs scènes en alternance, et le fait bien, parvenant à créer souvent des situations décalées, car oui, l’humour est bel et bien présent dans le métrage. Il est noir, parfois subtil (parfois moins), mais toujours présent. Notre héros, John Marshall, va donc devoir tout faire pour tenter de résoudre des meurtres en série dans sa ville. En est-il seulement capable ? Ou va-t-il craquer avant de trouver le coupable ? La première force du métrage, outre son montage, c’est finalement sa qualité d’écriture. Le film bénéficie d’un grand soin dans l’écriture de ses personnages, et on pourra d’ailleurs dire que cela fait grandement plaisir de voir une dernière fois Robert Forster à l’écran (le film lui est dédié). Par moment, une écriture fine mais un peu au détriment du reste il est vrai. Car finalement, le film tient beaucoup plus de la description et de la détresse psychologique de son personnage à bout que du vrai film d’enquête sur des meurtres en série sanglants possiblement perpétués par un loup-garou si l’on en croit les rumeurs. D’ailleurs, assez tôt, nos personnages ont les clés de l’enquête, et pourtant, ça patauge.
Et la bête dans tout ça ? Si le film a bel et bien des retournements de situations, souvent bien vus d’ailleurs, une bête sera bien présente, et elle s’insère plutôt bien dans le récit, et les quelques scènes d’attaques sont finalement bien fichues et n’ont pas à rougir face à d’autres scènes du genre chez la (lointaine) concurrence. Le métrage n’en fait juste pas le centre du récit, ni le centre d’intérêt principal, et donc retire en quelque sorte la classique mise en avant du loup, n’en fait pas un icône, alors que normalement il est le principal intérêt de ces métrages. Ce qui surprendra le spectateur bien entendu, dans le bon ou le mauvais sens du terme en fonction de ses goûts et de ses attentes, mais l’effort est louable de vouloir nous conter quelque chose de différent en y insérant cet élément bien connu. Il est vrai en tout cas que le métrage n’échappe pas à quelques défauts, quelques coups de mou malgré une durée très courte (1h23). Heureusement, visuellement, le film se rattrape, par son astucieux montage, mais aussi par sa magnifique photographie qui met en avant les superbes décors tout en donnant un côté minimaliste au film. Mais encore une fois, ces choix ne plairont pas à tous, tout comme finalement son humour, certains y seront réceptifs, d’autres non. L’effort est plus que louable.
Les plus
L’écriture des personnages
Le loup, bien fichu
Techniquement très travaillé
Les thématiques, classiques mais intéressantes
Les moins
Des choix qui peuvent frustrer
L’humour qui ne marchera pas sur tout le monde
Un rythme étrange, mais intéressant
En bref : The Wolf of Snow Hollow, c’est limite un film qui va diviser. Malgré des thématiques assez classiques, l’ensemble bénéficie de bons personnages et d’un visuel travaillé, qui lui confèrent une ambiance plus que sympathique. Il faut juste adhérer à la proposition de Jim Cummings.
RIP Robert Forster. 😥
Rien que pour pour lui, le film vaut sans doute le hurlement.
C’est le Jim Cummings de Thunder Road qui réalise?
C’est bel et bien le même Jim Cummings, qui écrit, réalise et joue dans les deux 😉
Robert Forster, un acteur que j’apprécie énormément et qui a eu beaucoup de mal à être reconnu à sa juste valeur.
Encensé sur le tard c’est vrai, grâce à ton copain Tarantino 😉
Hey si la présence de Forster te motive à voir le film et à avoir une belle surprise, merci Tarantino alors (mais je rappelle que JACKIE BROWN c’est mon Tarantino préféré, donc tout va bien haha). Encore un film balancé par les éditeurs en VOD en Décembre 2020 sans pub ni rien, et donc passant totalement inaperçu.
Bien dommage ce marketing sauvage. En même temps en ce moment c’est un peu aride côté sortie.
Deux possibilités, je vois ça comme ça. Soit les studios ont peur de laisser de l’argent qui dort pendant des mois (d’où le choix de Warner de sortir les films sur HBO Max en même temps, même si bon, je rejoins Nolan et Villeneuve sur ce point). Soit ils ont peur qu’avec les films terminés, ceux en post prod et les quelques uns qui se tournent malgré tout, que le marché soit totalement saturé lors du retour à la normale, et donc préfère balancer leur catalogue comme ça sans prévenir. Pas sûr que ça fasse du bien aux films, car les perles comme ce Loup de Snow Hollow, ou Hunter Hunter se retrouvent catapultés sans publicités à côté de films bien plus honteux (je ne donne pas de titres, dans quelques jours, j’en posterais 2 ou 3 ici haha).
Espérons que la situation évolue le plus rapidement possible.