Avec Mel Gibson, Gregg Henry, Maria Bello, David Paymer, Bill Duke, Deborah Kara Unger, John Glover, William Devane, Lucy Liu, James Coburn et Kris Kristofferson
Synopsis : Poussé par sa femme Lynn, Porter, petit escroc gangster et criminel tenace fier d’être à son propre compte, accepte de faire équipe avec Val Resnick, malfrat sans scrupule qui ambitionne d’intégrer l’Organisation, la mafia qui contrôle Chicago. Les deux hommes organisent un hold-up contre la mafia chinoise. L’opération tourne mal, Val s’approprie le magot avec la complicité de Lynn qui abat froidement Porter qu’ils laissent pour mort. Cinq mois plus tard, Porter refait surface bien décidé à se venger et à récupérer son dû.
Mal accueilli par les critiques à sa sortie en 1999, et ayant eu une production difficile avec un retournage de son dernier acte sans son réalisateur, Payback a malgré tout acquit avec les années un petit statut auprès du public, celui d’être un excellent film, un très bon polar en tout cas. Le film est apprécié, et la joie du Blu-Ray (sauf en France) fait que l’on peut à présent voir le film dans sa version cinéma, mais également dans sa version Director’s Cut, bien différente (outre le dernier acte, une colorimétrie totalement différente et un nouveau score musical, ainsi que le retour de quelques scènes coupées par le studio et jugées trop violentes) depuis 2006. Juste retour des choses pour Brian Helgeland, scénariste réputé aux débuts modestes (976-Evil, Le Cauchemar de Freddy) mais qui se fit rapidement un nom (Assassins pour Richard Donner, L.A. Confidential pour Curtis Hanson, Créance de Sang et Mystic River pour Clint Eastwood, il y a pire comme CV), avant de passer réalisateur, justement avec Payback. Tristesse que quelques jours après avoir reçu un prix pour son travail sur L.A. Confidential, il fut tout simplement viré de la post production de Payback. Mais bon, tout ça, cela concerne les studios, les exécutifs, et la création du film, maintenant, parlons de Payback, dans sa version la plus connue, la version cinéma, de 1h41 (plus longue que le Director’s Cut), avec son filtre légèrement bleuté donnant un ton désespéré et noir à l’ensemble. Et ça tombe bien, car dans le genre, Payback est un film noir. Mel Gibson y joue Porter, un petit arnaqueur bien décidé à prendre sa revanche sur Resnick, qui l’a trahis après un petit boulot pour seulement 70 000 dollars. Mais pas trahis en lui prenant son argent, non non, trahis en lui prenant son argent, en ralliant la femme de Porter à sa cause, et en lui tirant dans le dos, ce qui le laissera dans un lit pendant un bon six mois avant que le film ne puisse débuter. Du coup Porter, il en a gros, et même si dans les faits, cela semble dérisoire, de partir en guerre pour 70 000 dollars, et bien, il n’est pas content et est prêt à tout pour régler son compte avec Resnick, qui a depuis donné l’argent à l’organisation, ou le syndicat, peu importe le nom, Porter s’en moque de toute façon, et qui a transformé la femme (hmmm, ex femme du coup ?) de Porter en accro à l’héroïne.
Une histoire de vengeance en soit tout ce qu’il y a de plus classique, avec Porter seul ou presque contre tous. Seul contre l’organisation et ses hauts dirigeants qui se la coulent tous dans de beaux bureaux, contre Resnick, contre la mafia Chinoise, contre des petits dealers au rabais, contre des flics ripoux. Avec sa petite vendetta, Porter se met tout le monde à dos, et bon, il faut dire qu’il ne rigole pas, frappe avant de poser les questions parfois, ou directement après, et qu’il a le don de fouiner là où il ne faut pas. Forcément, son premier pas pour retrouver la trace de Resnick sera sa femme, et après de chaudes retrouvailles (une dispute physique coupée de la version cinéma qui valut deux côtes cassées à Deborah Kara Unger), overdose. Pas démoralisé pour autant, Porter a de la chance, puisque le matin suivant, voilà que son dealer frappe à la porte, et c’est ainsi, rencontre avec rencontre, qu’il va remonter la trace de Resnick, et finalement, de la chaine alimentaire du milieu, en manipulant, frappant, et en se mettant, à tort ou à raison, un peu tout le monde à dos, exception faite d’une ancienne amie prostituée avec qui il était proche. Payback, malgré sa production difficile, est un film noir qui tient hautement la route. Pour peu que l’on aime le genre, on est d’ailleurs captivé dés la scène d’ouverture, qui annonce la couleur avant de nous présenter le personnage de Porter durant le générique, en quelques minutes où il remonte la pente, arnaquant dans la rue le premier venu, nous montrant comment il peut, en quelques tours de passe passe se faire un peu d’argent, récupérer une carte de crédit, se faire plaisir, acheter une arme sans éveiller les soupçons, tout ça pour préparer sa vengeance. Payback est un film rythmé, bénéficiant d’une belle maitrise de la caméra finalement, et surtout, bénéficiant d’un énorme casting de têtes connues, d’un rythme qui ne faiblit jamais, et qui ne recule pas devant ce qu’il est censé être : un film noir violent, avec des personnages sans scrupules.
D’ailleurs, oui, excellent casting pour d’excellents personnages. Tous des crapules bien entendu. Mel Gibson campe un anti-héros parfait, déterminé, qui a parfois le petit mot pour rire, mais qui souvent, préfère tuer ou faire souffrir pour faire passer le message. À ses côtés, toute une galerie de personnages et d’acteurs plus ou moins marquants ou importants, mais qui vont pour la plupart regretter d’avoir croisés la route de Porter. Gregg Henry, habitué du cinéma de Brian De Palma, campe un Resnick parfaitement détestable. David Paymer, seconds couteaux dans énormément de films (Get Shorty, Nixon, City Hall) est un petit profiteur finalement innofensif, le grand bill Duke (Predator, Commando, Mandy) est un flic ripoux ne pensant qu’à s’acheter un beau bateau, John Glover finalement assez en retrait (Gremlins 2, L’Antre de la Folie) est un homme de main sûr de lui, et l’on peut ajouter à cette belle liste l’apparition de James Corburn qu’on ne présente plus, de Kris Kristofferson (Blade, The Jacket) en dirigeant de l’organisation, et même un casting féminin qui n’a pas à rougir dans cet environnement noir et masculin. Lucy Liu dans son premier rôle joue une mafieuse sado-maso avec humour, Deborah Kara Under (The Game, Crash, Silent Hill) est la femme de Porter, tandis que Maria Bello (A History of Violence) est la seule amie que Porter a. Et si en soit, la proposition de Payback n’a rien de nouveau, avec sa vengeance, son lot de manipulation pour arriver à ses fins, ce qu’il propose, il le fait bien, même très bien. Même son dernier tiers, retourné tardivement et sans la présence ni l’accord du réalisateur, alors viré de son film, s’en sort très bien et conserve le côté noir, manipulateur, voir parfois immoral du film et du personnage. Oui, par moment, Payback est prévisible pour qui connaît bien le genre, mais avec une telle avalanche de talents, une telle envie de bien faire et d’aller à fond dans ce qu’il entreprend, c’est à mes yeux une petite perle. Et en version Director’s Cut ? Plus court, totalement différent dans son dernier acte, sans filtre sur l’image, avec une bande son différente (je préfère la musique de la version Cinéma pour le coup), une variation qui mérite le détour pour voir la vision originale du réalisateur, mais avec quelques scènes moins percutantes sur la fin. Et paradoxalement, plus percutantes au début. Excellente alternative donc.
Les plus
Un polar bien noir, et j’adore ça
Casting de haute volée
Rythmé de bout en bout
Belle galerie de personnages
Violent, manipulateur, parfois jouissif
Les moins
Prévisible pour le genre
Quelques éléments un peu faciles, c’est vrai
En bref : Payback a beau avoir été (gentiment) mutilé par le studio, notamment sur la fin, il reste un excellent polar bien ancré dans son époque, violent, immoral, avec ses personnages marquants, ses petites notes d’humour. Brian Helgeland maitrise sa mise en scène, livre un scénario certes classiques mais bien ficelé, et le casting est une grande réussite.
Je n’ai pas aimé ce film. Je trouve que c’est un décalque grossier et fadasse de « Point Blank », voire de l »Alfredo Garcia » de Peckinpah déguisé (grosse référence à Bloody Sam avec Coburn et Kistofferson au casting). C’est pas un Film Noir, c’est un film gris.
Peut-être devrais-je retenter avec le director’s cut, surtout s’il est plus court. 😉
Oh notre premier gros désaccord !!! Enfin il y en a sûrement eu d’autres mais en plus modérés haha !
Le truc c’est que de base, Kristofferson n’était pas dans le film, c’est un ajout de la version cinéma, et donc du retournage. Le personnage était au départ une femme et présent uniquement au téléphone, donc la voix. Peut-être Mel Gibson qui a voulu se faire plaisir.
Le Director’s Cut, plus court, intéressant car un troisième acte bien différent et tout, ne change pas non plus dramaticalement l’aventure, donc pas certain que tu y adhères plus. Le Director’s Cut a par contre un défaut : sa musique, beaucoup moins percutante et agréable à l’écoute je trouve que celle de la version cinéma.
Oh, tu sais, même la musique m’avait gavé. 😉
Que de haine envers ce pauvre film 😀 On dirait mon avis sur l’ensemble de la filmographie de Snyder haha ! Non ben tiens toi éloigné du coup de ce film, peu importe la version 😉
Honnêtement, j’ai oublié ce film. Mais je crois me souvenir… que je ne l’avais pas aimé.
Damned. J’ai vraiment oublié en fait.
Mince, toi aussi ! Je suis donc seul contre tous !
Il m’avait marqué à l’époque lorsque je l’avais loué en VHS ou DVD pourtant. Pas un polar majeur certes, mais j’aime beaucoup, ces personnages, ces acteurs, sa violence.