A RECORD OF SWEET MURDER (ある優しき殺人者の記録) de Shiraishi Kôji (2014)

A RECORD OF SWEET MURDER

Titre original : Aru Yasashiki Satsujinsha no Kiroku – ある優しき殺人者の記録
2014 – Japon / Corée du Sud
Genre : Mockumentary
Durée : 1h26
Réalisation : Shiraishi Kôji
Musique : –
Scénario : Shiraishi Kôji

Avec Yeon Je-wook, Kkobbi Kim, Aoi Tsukasa, Yonemura Ryôtarô, Shiraishi Kôji, Park Jeong-yoon et Yeo Min-jeong

Synopsis : Une journaliste Coréenne et un caméraman Japonais en Corée du Sud sont invités dans un appartement abandonnée par un tueur en série, que la journaliste connaît. Après 25 meurtres au compteur, le meurtrier affirme qu’il a obéit à la voix de Dieu, et que s’il parvient, en suivant les signes, à tuer 27 personnes, sa sœur morte reviendra à la vie, ainsi que les 27 victimes.

Shiraishi Kôji, je l’aime bien, mais je me pose tout de même une question. Pourquoi y a-t-il autant de found footage et autres faux documentaires dans sa filmographie ? Certes, le bougre maitrise le genre et lui a offert certains de ces meilleurs représentants, mais quand même. Noroi, Occult, Shirome, Chô Akunin, Cult, Ada Part 1 et maintenant ce Record of Sweet Murder, co-production entre le Japon et la Corée qui plus est, ce qui signifie qu’il y avait très probablement un minimum d’argent derrière le projet, déjà pour amener l’équipe technique à l’étranger vu le tournage en Corée du Sud (en soit, rien que ça, ça vous bouffe le budget des plus petits films de V-Cinema, entre l’avion, l’hôtel, les déplacements sur place), avoir un traducteur en permanence vu le tournage dans les deux langues. Et puis techniquement, Shiraishi maitrise le genre comme je l’ai dit plus d’une fois, et ici, il semble vouloir se dépasser en donnant l’illusion d’un plan unique. Illusion réussie 90% du temps d’ailleurs, donc chapeau. Enfin, finalement, peu importe que cela soit un choix artistique, un défi personnel, une envie de pousser toujours plus loin un genre qui lui plait ou l’amuse, une contrainte budgétaire ou même une condition des studios derrière face au passif du réalisateur, A Record of Sweet Murder et sa magnifique pochette US qui spoile juste la fin du métrage est là, et il faut le prendre pour ce qu’il est. Une journaliste, Coréenne du coup, jouée par Khobbi Kim (à la carrière assez étrange, il faudrait que je m’y attarde d’ailleurs car ça a l’air intéressant et varié), se rend à un rendez-vous avec une vieille connaissance à elle, recherché pour meurtre par la police. L’homme l’a contacté, et stipule qu’un caméraman Japonais doit être avec elle.

Sur place, l’homme les emmène dans un appartement abandonné, où il va leur expliquer le pourquoi du comment. Pourquoi il a déjà commit 25 meurtres, pourquoi il s’apprête à en faire deux de plus aujourd’hui. Oui, il a entendu Dieu, une voix dans sa tête, des messages dans des magazines, bref, il est persuadé qu’en tuant 27 personnes, une amie d’enfance reviendra à la vie, elle qui est morte depuis des années. Mais pas que, car les 27 victimes qui auront croisé son chemin reviendront également d’entre les morts. Bref, un personnage que l’on pourrait aux premiers abords qualifier de fou à lier, un caméraman comme toujours joué par Shiraishi lui-même, une journaliste, deux pauvres potentielles victimes pour avoir le bon compte, le tout pour un quasi huis clos dans un appartement. Shiraishi oblige, on peut s’attendre donc à un peu de sang, un peu de nudité, de longs plans séquences, des retournements de situations, et même de l’humour grotesque. Le souci, c’est qu’un peu à la manière de Occult, que je n’avais pas spécialement apprécié (mais pas détesté), il partira lors de sa dernière partie vers des horizons certes surprenantes mais too much ou peu crédibles. Mais reconnaissons lui au moins une belle maitrise technique, ça c’est indéniable, et le fait que l’on se prenne clairement au jeu pendant la première heure, malgré des défauts par-ci par-là. Aucun film n’est parfait, peu importe son genre et son style. Mais en technique pure, A Record of Sweet Murder est sans doute le métrage tourné caméra à l’épaule le plus ambitieux et maitrisé de Shiraishi. Il y a bien un ou deux mouvements de caméra suspects, quelques gros plans sur des vêtements qui pourraient aisément camoufler une coupe, mais pour un spectateur non habitué, non averti, non cinéphile ou qui se contrefiche de la technique, c’est de l’excellent travail, presque imperceptible. Surtout que malgré son côté reportage caméra à l’épaule, le film de Shiraishi reste totalement lisible.

Que ça parle, que ça marche dehors ou dans l’appartement, que ça cogne, tranche ou autre, on comprend toujours ce qu’il se passe à l’écran. Du bon boulot oui. Mais la technique, c’est bien, surtout dans ce genre mal calibré et mal aimé par moi qu’est le found footage, mais ça ne suffit pas à faire un film. Celui-ci doit demeurer efficace, intéresser, surprendre. Alors, niveau efficacité, il faut avouer que ça parle parfois énormément. Jamais ennuyeux, mais très bavard malgré tout, si vous voulez que ça bouge vraiment, il va falloir attendre un bon 40 minutes. Un peu le même défaut que son Chô Akunin réalisé quelques années plus tôt. Mais si malgré tout on suit l’aventure jusqu’au bout, c’est que le fond est un minimum prenant, intéressant, et donc Shiraishi, signant également seul le scénario, s’en sort bien. Mais niveau surprise, il en fait trop, notamment sur la fin. Il veut absolument surprendre, et parfois, par le passé, ça marche. Noroi et Cult, ce sont deux très bons films dans le genre, je conseille d’ailleurs vivement le premier (existant en France en DVD). Mais Shiraishi flirte comme très souvent avec le grotesque, et des fois, son envie de surprendre ne fonctionne plus. Sur A Record of Sweet Murder, il va parfois trop loin, si bien que j’aurais eu un petit rire étouffé lors d’une situation qui était pourtant tendue à la base. Ce qui est dommage, car certains de ses petits twists qui veulent surprendre, certains n’ont pas vraiment d’influence directe sur les événements finalement, et auraient donc pu être facilement évités. Clairement dommage, car le métrage se regarde facilement, fait preuve de maitrise sur pas mal de points. Mais demeure finalement assez mineur, pour le genre, et pour la filmographie de Shiraishi.

Les plus

Techniquement très solide
Des acteurs pour la plupart bon
Se suit bien même si bavard
Parfois surprenant dans le bon sens

Les moins

Quelques égarements
Par moment quand même trop bavard sans doute
Parfois surprenant dans le mauvais sens
Ça va trop loin dans la dernière partie

En bref : Énième faux documentaire caméra à l’épaule pour Shiraishi Kôji. Techniquement, sans doute un de ses meilleurs, si ce n’est le meilleur. Mais c’est parfois trop bavard (mais pas ennuyeux) et certains retournements sont trop grotesques.

6 réflexions sur « A RECORD OF SWEET MURDER (ある優しき殺人者の記録) de Shiraishi Kôji (2014) »

  1. « sa magnifique pochette US qui spoile juste la fin du métrage »

    Ils ont osé !

    Je suis globalement d’accord avec toi, avec en plus un certain rejet (disons plutôt un malaise) pour le fond du propos.

    1. N’est-ce pas 😉 Encore un coup honteux du marketting. Ils ont du se dire que le film n’intéressera que les connaisseurs du réalisateur, et qu’on connait la musique avec OCCULT déjà ! D’ailleurs je vais aller changer la pochette dés que j’ai une seconde sur l’ordi, même si en soit, trouver le film est assez compliqué, à part en import, et donc de base, avec cette pochette….

      SPOILERS
      Un rejet ? Ah oui je crois comprendre, lA morale de l’histoire, qui te dit qu’en fait, ben il avait raison, ça a marché, donc dans un sens, tuer autant de monde avait du sens ?
      Vrai que c’est hyper maladroit en fait… Enfin on voit bien sur le final que les voix qu’il dit entendre, ce n’est pas Dieu (ou alors un Dieu venu de chez Lovecraft), mais comme finalement il n’y a aucune contrepartie de son côté, après les actes, ou de contre-partie en échange de tout ça, ça rend le truc assez bizarre. Perso j’ai pas été chercher trop loin (enfin si c’est bien de cet aspect là dont tu parles).

      1. Oui c’est ça.

        Concernant les fautes de goût des marketeux, pour moi l’une des plus grandes de l’histoire du cinéma en France c’est le titre français de THE SHAWSHANK REDEMPTION. C’est quand même ridicule quand on y songe.

        1. Ah oui tiens je l’avais zappé celle-là ! Mais il y en a pleins d’autres, que ce soit les gros films au cinéma (coucou TERMINATOR GENYSIS et son gros twist révélé cash en pleine bande annonce) ou dans les sorties dvd et blu-ray (coucou le merveilleux coffret de L’ÉVENTREUR DE NEW YORK en double dvd, où en l’ouvrant, tu as une magnifique photo sur le coffret qui te révèle l’identité du tueur).

          1. Ah oui pour TERMINATOR ce fut épique ahahah (bon pas grave le film était mauvais…). Il faudrait faire une encyclopédie de ces « gaffes » volontaires…

            1. Je suis certain que plusieurs volumes seraient nécessaires pour que ça tienne dans une encyclopédie, malheureusement !
              En tout cas oui, le TERMINATOR 5 n’était pas bon (sauf allez, le début, dans le futur, ça passait franchement, ça avait de la gueule), mais il m’avait parfois fait rire et ne m’avait pas ennuyé. Tandis que le suivant…. Bon après, large débat, les deux ne sont techniquement pas bons 😀

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