Titre original : Open Range
2003 – Etats Unis
Genre : Western
Durée : 2h19
Réalisation : Kevin Costner
Musique : Michael Kamen
Scénario : Craig Storper d’après le roman de Lauran Paine
Avec Kevin Costner, Robert Duvall, Annette Bening, Michael Gambon, Michael Jeter, Diego Luna et James Russo
Synopsis : En 1882, quatre cow-boys conduisent un troupeau de vaches et de chevaux à travers un immense paysage vallonné quand un orage éclate. La violence de la pluie les oblige à faire une pause prolongée. Lorsque le temps se lève enfin, leur chef, Boss Spearman, envoie Mose Harrison à la ville la plus proche pour les réapprovisionner. Mais Mose tarde à revenir. Boss et Charley Waite, son bras droit taciturne, décident alors de partir à sa recherche, laissant le troupeau sous la garde de leur plus jeune recrue. Dès leur arrivée en ville, ils apprennent que leur compagnon a été mêlé à une bagarre et emprisonné par le shérif. Très vite, la situation va dégénérer car le shérif est vendu à un gros propriétaire qui entend faire sa loi sur tout et tous. Mais Boss et Charley ne sont pas du genre à se laisser faire.
Kevin Costner adore les westerns, il l’a prouvé à maintes reprises durant sa carrière, en tant qu’acteur ou réalisateur. Danse avec les Loups, Wyatt Earp en sont deux grands exemples. Mais les années 90 ne furent pas toujours tendres avec lui après le gigantesque succès de Danse avec les Loups à la réalisation, et sa participation à JFK et Un Monde Parfait, respectivement d’Oliver Stone et Clint Eastwood. En tant qu’acteur, Waterworld et Wyatt Earp ne fonctionnent pas au box office, voir sont des flops. Pire, son second film comme réalisateur, The Postman, avec ses 2h57 et son budget de 80 millions, n’en récolte que 17 millions dans le monde. N’ayant pas vu le film, ne je jugerais pas, mais le film n’est pas très apprécié. Heureusement, Costner ne se laisse pas abattre pour autant, et pour son troisième métrage comme réalisateur, il revient au western pur et dur, plus classique sans doute dans le fond, avec ce Open Range en 2003. Il réalise, joue l’un des deux rôles principaux, et a l’excellente idée pour le second rôle principal de prendre Robert Duvall. Une légende à l’imposante filmographie contenant des films comme Le Parrain, Apocalypse Now, Chute Libre, ou plus récemment La Route. Le budget est moindre (22 millions), ce qui permet au film un succès d’estime, avec 68 millions récoltés dans le monde entier. Et pourtant, il m’aura fallut, malgré des excellentes critiques, quasiment 20 ans avant de regarder Open Range. Alors que j’adore le genre, et que le casting est solide. Et oui, j’ai eu tort, car Open Range était excellent. Pas forcément révolutionnaire, quoi que son approche du duel final usant majoritairement du grand angle est assez inédit comparé d’habitude aux plans rapprochés pour faire monter la tension, mais un film honnête, fait avec amour pour le genre, et pour l’histoire qu’il raconte et les personnages qui peuplent cette histoire. Un film qui fait du bien, et ce dés le plan d’ouverture, avec cette étendue sauvage à perte de vue, le bétail, et ces cowboys chevauchant, vers l’inconnu, vers la liberté.
Open Range, c’est l’histoire de Boss Spearman et Charley Waite, deux anciens pistoleros, qui vivent à présent du bétail. Ils vivent la belle et grande vie, libres, certes sans « chez eux », mais vivant comme ils le veulent, sans embêter personne. Dans les faits, Open Range prend une voie très classique. Celle de la confrontation entre deux façons de vivre. Nos personnages vivent libres au grand air, sans embêter personne, ne se souciant que des leurs et de leur petit commerce, qui leur permet de vivre. Et face à eux, l’industrialisation, la grande ville, les grands commerces donc forcément, qui veulent toujours plus, plus de pouvoirs, plus de revenus, et donc, écraser les autres pour servir leurs propres intérêts, en se servant de la loi (en payant le shérif) pour avoir toutes les chances de leur côté. Open Range est classique, sans que cela ne soit un défaut. C’est un film de contraste. Les vastes étendues calmes et synonymes de libertés, contre la ville apeurée où la violence guette. Le sombre passé du personnage de Costner contre son émancipation arrivé dans la ville au contact de la sœur du docteur qui soigne l’un des siens. Le personnage de Robert Duvall, aidé par le talent de l’acteur, fait passer le message du film avec une classe incroyable. Il dit ce qu’il pense, et permet aux autres personnages d’évoluer. Il est le sage du film. C’est d’ailleurs bel et bien le premier gros point fort du titre, ses personnages et leurs acteurs, délivrant de manière convaincante les émotions voulues, disant de manière simple et efficace ce qu’il faut dire, et donnant ainsi au métrage une certaine sensibilité, et donc une certaine justesse dans son propos même si celui-ci n’est pas nouveau, arrivé en 2003 après plus de 70 ans de westerns. Techniquement aussi Open Range n’a pas à rougir.
Kevin Costner sait pertinemment ce qu’il fait avec la caméra, et soigne chacun de ses cadrages, son directeur de la photo soigne chacune de ses lumières pour un rendu magnifique. Même Michael Kamen (L’Arme Fatale, Die Hard, Event Horizon) surprend à la musique en livrant un score parfaitement nuancé et s’inscrivant à merveille dans l’épopée voulue, celle d’un western classique et classe comme ceux de la belle époque. Open Range tient plus des grands westerns que des westerns popcorns qui sont pour la plupart arrivés avec les années 80. Les personnages sont au cœur du récit, le récit se fait lent pour mieux dévoiler ses thèmes et faire monter la tension, et le final tant attendu, confrontation entre les deux camps, laisse certes parler la poudre mais sans jamais en faire trop, ce qui aurait fait beaucoup de mal au métrage. En soit, un duel tout ce qu’il y a de plus classique, pouvant d’ailleurs rappeler Pale Rider de Clint Eastwood, ou tant d’autres, mais qui fonctionne pleinement grâce à sa sobriété et à l’attachement que le film nous a apporté envers les protagonistes. Kevin Costner réussi donc son pari ici, en plus de camper un personnage comme il semble les apprécier, avec ce cowboy au lourd passé et peu bavard, au départ peu ouvert au monde qui l’entoure, avant de changer au contact des autres. Si dans le fond il est clair qu’Open Range n’ajoute rien de spécial au genre, il faut plutôt le prendre comme une déclaration d’amour, un hommage à un genre presque éteint de nos jours, un genre pour lequel les financiers ne croient plus du tout. Et Open Range est en effet une très jolie réussite à ce niveau, porté par un excellent casting. Classique dans le bon sens du terme.
Les plus
Visuellement somptueux
Costner et Duvall, parfaits
Une histoire classique mais jolie
Le duel final, réaliste mais intense
Les moins
Trop classique pour figurer parmi les meilleurs ?
En bref : Costner revient au western, et s’entoure d’une équipe solide devant et derrière la caméra pour livrer un film solide, magnifiquement filmé, intéressant, et qui se veut réaliste et prenant, parfois intense, et parfois même touchant. Chapeau !
un film qui mérite largement le grand écran, mais qui aujourd’hui aurait, je pense, à peine sa place sur plateforme de Streaming. Pourtant, j’ai encore en mémoire, lorsque je l’ai vu en salle, le son du vent qui siffle aux oreilles des cavaliers, le craquement du cuir des sangles qui les maintiennent sur les chevaux, le claquement sec des pistolets bien moins fiables et précis que dans les films de Leone. Tout est dit dès la première scène avec cette pluie torrentielle qui vient ruiner le campement faute de rigoles suffisamment profondes. Ce film de Costner est presque un documentaire sur la vie du cow-boy à la fin du XIXème siècle, mais il y a aussi, comme tu l’as très bien décrit, une formidable histoire derrière. Bien sûr, rien n’est vraiment révolutionnaire de ce côté là des barbelés, l’intrigue rappelle les grands classiques du genre mais filmé sous un autre soleil, avec des acteurs bien dedans.
A voir pour tous ceux qui aiment le western.
Même tes commentaires brillent de ton style tout en retenue et en mots bien trouvés !!
Je ne sais absolument pas au final si ce Ranch est disponible en streaming, mais le public a, de ce qu’on m’a dit, un peu changé ces habitudes en 2020 (plus de temps, donc fouille des catalogues et recherche de films qu’ils ne regardent pas habituellement). Après, les vastes étendues vertes et parfois pluvieuses n’ont pas le même effet sur une plateforme de streaming que sur un grand écran de cinéma, c’est certain. Comme pour tous les films du genre utilisant le grand angle, le format scope et des décors naturels (je me suis revu le mois dernier IL ÉTAIT UNE FOIS DANS L’OUEST tiens, avec ce cher Bronson). Le film est une lettre d’amour à la liberté, à ce mode de vie dans un sens totalement révolu aujourd’hui. En tout cas, depuis les années 2000, sans doute un des meilleurs représentants du genre à mes yeux, si ce n’est en fait le meilleur.
Sous cette forme classique, il l’est assurément. Dans le même esprit, j’avais aussi aimé « Apaloosa » de Ed Harris. On a vu depuis passer quelques autres représentants tout de même pas mal (« News of the world » pour prendre un des plus récents), ou d’autres plus baroques (les 2 Tarantino) ou plus dépouillés, style européen (« les frères sisters » ou « Gold »), ou bien plus sombres (« never grow old »).
Et parmi tous ces films que tu cites, deux que j’ai dans ma liste à voir, dont un que j’ai faillis lancer hier soir, avant de mettre un film volontairement plus léger.
Donc oui, NEWS OF THE WORLD c’est pour bientôt. LES FRÈRES SISTERS, malgré ce titre Français un brin débile, c’est aussi prévu pour bientôt ^^
Mais bon, les deux opus de Tarantino, tu connais déjà mon avis dessus, même si je n’ai pas vu le second haha.
Mais au final, le côté classique ne dérange absolument pas, tant que c’est bien fait, et puis quel genre représente le plus l’aspect classique Hollywoodien, si ce n’est le western !
Sinon, dans un genre assez voisin, je te recommande « Onoda », qui fera en plus le lien avec le Japon qui t’attend sous peu je crois.