AMERICAN NIGHTMARE 5 : SANS LIMITES
Titre original : The Forever Purge
2021 – Etats Unis
Genre : Suspense
Durée : 1h43
Réalisation : Everardo Gout
Musique : The Newton Brothers
Scénario : James DeMonaco
Avec Ana de la Reguera, Tenoch Huerta, Josh Lucas, Cassidy Freeman, Veronica Falcon, Leven Rambin, Alejandro Edda et Will Patton
Synopsis : En 2048, la Purge cogne à nouveau à la porte. Toute la nuit, la population américaine pourra s’entretuer. Cela n’empêche pas des gens de trouver cette pratique barbare. C’est le cas de la famille Tucker, qui possède un ranch au Texas. Malgré tout, le fils Dylan aimerait bien remettre à sa place Juan, un travailleur mexicain qui travaille pour son père… Cette année, cette tradition sera bien différente, car elle risque de continuer bien au-delà du temps permis. Lorsque les États-Unis sont mis à feu et à sang, la survie de la population passera par une migration vers le Mexique et le Canada.
Blumhouse ne laisse oh jamais une licence juteuse dormir ! Et si l’envie de revenir sur ce titre Français débile me prend, on évitera d’en faire un paragraphe pour se focaliser avant tout sur le film, The Forever Purge donc. Saga donc débutée il y a de cela quelques années maintenant, avec une trilogie de base écrite et réalisée par James DeMonaco, et qui malgré la simplicité ou plutôt le côté rentre dedans et peu nuancé de son propos, tient plutôt bien la route. Puis vint une série, sur laquelle j’ai fais l’impasse, toujours écrite par DeMonaco, puis un quatrième film, une préquelle, où DeMonaco, toujours scénariste, cède enfin la chaise de réalisateur. Bon, pas de bol, le film n’était pas fameux, en plus d’être finalement inutile, puisque nous montrant ce que le troisième film nous avait déjà parfaitement bien expliqué. Et puis bon, la fin du trois, c’était la fin de la purge, du système établit, donc techniquement, et bien, la fin ! Mais le pouvoir du saint dollar a ramené Blumhouse et DeMonaco sur sa chaise de scénariste pour nous offrir une nouvelle purge, 8 ans après les événements du troisième film. C’est donc après deux mandats présidentiels que les pères fondateurs reprennent le pouvoir en Amérique, et réinstaurent la purge. On prend les mêmes et on recommence donc ? Plus ou moins, et la première demi-heure nous fait bien penser à tous les précédents. Rien de neuf sous le soleil donc. Sauf que voilà, la purge se passe comme prévu, la sirène sonne au petit matin, on n’a rien vu, la fin ? Non, car partout dans le pays, des gros fanatiques psychopathes (ou des Américains moyens, au choix) veulent que la purge dure pour toujours, afin de purifier l’Amérique. Et par purifier l’Amérique, on veut bien évidemment dire flinguer tous ces méchants étrangers, tous ces noirs et ces Mexicains qui vont chez eux pour voler leur travail. Non mais oh ! Oui, subtilité toujours.
Et donc, ça vaut quoi ce cinquième film ? Ben, c’était pas terrible, mais c’était toujours meilleur que le quatrième. Le souci, c’est qu’en soit, The Forever Purge ressemble à un film d’action assez lambda, puisque se déroulant majoritairement après la purge. Alors, on comprend bien les intentions du scénariste, intentions pas nouvelles du tout, à savoir faire du social et de la politique, d’autant plus que devant au départ sortir en 2020, le film a du être tourné en 2019, en plein mandat de Trump, et donc, le Mexique, le mur, tout ça tout ça. Les idées du film en soit ne sont pas mauvaises, mais leur exploitation à l’écran laisse souvent à désirer. Oui, l’idée de mettre l’intrigue au Texas, non loin de la frontière Mexicaine, ce n’est pas une mauvaise idée en soit. Tout comme l’idée finalement de faire cohabiter dans les personnages principaux plusieurs visions de l’Amérique. L’Amérique terre d’opportunités pour les immigrants, l’Américaine conservatrice qui a peur du changement, et l’Américain moyen qui s’en moque un peu, tout le monde vivant comme il le souhaite et basta. Mais voilà, le message est clair et net, manque de subtilité, et parfois même d’ampleur. Car après tout, ce qui compte le plus ici, c’est la fuite de nos personnages, qui doivent atteindre le Mexique avant la fermeture des frontières (ironie du sort tout ça). De ce côté là, niveau efficacité, le nouveau réalisateur, Everardo Gout n’a pas à rougir. Sa mise en scène n’est pas géniale, mais se montre dynamique, lisible, et il livre parfois quelques beaux plans, même si on sentira lors de certains plans larges quelques éléments sonnant faux dans le décor, sans doute du numérique pour étendre ou détériorer certains éléments. Mais voilà, ce n’est pas honteux, et le côté guérilla urbaine lors de certaines scènes rend plutôt bien.
Mais malgré des idées, un propos, des pistes, The Forever Purge prend souvent la voie de la facilité, et ne se résumera finalement qu’à des gentils très gentils qui sont poursuivis par des méchants psychopathes très méchants. On ne pourra pas faire plus manichéen que ça, vu que finalement, à part leur envie de révolte, ou de tuer tous les étrangers, le développement s’arrête là. Encore plus dommage quand on voit certaines pistes énoncées par instants, comme le système même de la purge qui pour le coup, se retourne contre ses créateurs. Oui, l’idée est là, elle est dite même, écrite noir sur blanc pour un dialogue, mais ça n’ira pas plus loin que de l’idée énoncée. Du coup, un peu comme toute la saga, c’est souvent bancal, maladroit, mais on sent bien qu’il y a de l’idée, une envie de dire quelque chose, même si pour se faire, ça y va avec la subtilité d’un rhinocéros. Ce que l’on retiendra, c’est qu’on a là un film d’action plutôt bien rythmé et bien mené, qui évite les giclées de sang numérique comme le quatrième opus, ne perds pas forcément de temps en bavardages inutiles, et donc se regarde plutôt bien, sans en attendre trop bien entendu, mais bon, cela fait bien longtemps que l’on n’attend plus grand-chose d’une production Blumhouse non ?
Les plus
Ça se suit bien
La mise en scène n’est pas dégueu en soit
Rythme bien géré
Action lisible
Les moins
Un scénario qui n’exploite jamais ses idées
Aucune grande subtilité ici
En soit, rien de vraiment neuf
En bref : Cette cinquième purge n’est pas une catastrophe, elle est même meilleure que l’opus précédent. Mais la saga a atteint ses limites depuis longtemps et n’a plus forcément grand-chose de neuf à raconter, malgré des bribes d’idées ci et là, jamais vraiment développées.