OUTRAGE CODA (アウトレイジ 最終章 ) de Kitano Takeshi (2017)

OUTRAGE CODA

Titre original : アウトレイジ 最終章 – Autoreiji Saishūshō
2017 – Japon
Genre : Policier
Durée : 1h44
Réalisation : Kitano Takeshi
Musique : Suzuki Keiichi

Scénario : Kitano Takeshi

Avec Kitano Takeshi, Nishida Toshiyuki, Ômori Nai, Taki Pierre, Matsushige Yutaka, Osugi Ren et Shiomi Sansei

Synopsis : Cinq ans ont passé après la guerre entre les Sanno et les Hanabishi, les deux grandes familles du crime organisé japonais, à laquelle l’ancien chef yakuza Otomo a survécu. Aujourd’hui, il travaille maintenant en Corée du Sud pour M. Chang, un intermédiaire respecté dont l’influence s’étend jusqu’au Japon. Lorsque la vie de M. Chang est en danger, le dévoué Otomo reviendra au Japon pour régler les choses à sa façon et surtout pour achever définitivement le conflit contre les Hanabishi.

Kitano ne nous avait jamais habitué à faire des suites de ces films. Pourtant, en 2012 débarquait Outrage Beyond, suite de son polar Outrage. Le film avait divisé le public, autant le premier que le second, puisque Kitano prenait en quelque sorte à contre-pied son cinéma, habituellement peuplé d’individus, même si dans le milieu des Yakuza, avec un code d’honneur, et que l’on pouvait donc apprécier. La saga Outrage balaye tout ça d’un revers de main, l’heure est au réalisme donc, le code d’honneur, les Aniki et j’en passe non quasi pas de raisons d’être ici. Et c’est ainsi que Kitano nous livre en 2017 une nouvelle suite, intitulée Outrage Coda, venant boucler l’intrigue, et donc, faire d’Outrage une trilogie. Est-ce que Kitano a encore quelque chose à raconter arrivé au troisième film ? Et surtout, est-ce qu’il parvient à maintenir la qualité, car si la saga divise, j’avais énormément aimé le premier film, et beaucoup aimé également le second, même si l’humour y était un peu moins présent. Et bien Kitano n’a pas perdu de sa superbe pour filmer ses prises de becs entre truands de bas étages, ces jeux de pouvoirs, ces coups dans le dos, et ses fusillades aussi sanglantes qu’expéditives. Outrage, la trilogie, peut être vue comme la destruction du statut du Yakuza, point par point, et le cheminement du personnage d’Otomo, joué par Kitano lui-même, qui passe d’homme ayant des valeurs et obéissant aux ordres dans le premier à ange exterminateur dans le dernier, qui n’obéit plus qu’à sa propre logique et sa propre soif de vengeance. Un cheminement dans le fond assez classique dans le genre, mais qui, étalé finalement sur une trilogie entière, permet le développement de ses rouages et des différents clans peuplant l’aventure. Et si l’on pensait que les différents carnages des précédents films auraient pu mettre un terme à toutes ces guerres, oh il n’en est rien.

Dans Outrage Coda, l’on retrouve Otomo, exilé en Corée, et travaillant pour son ami Chang. Tout pourrait aller pour le mieux, sauf que tout ne va pas très bien au Japon, avec le clan Hanabishi dirigé par Nomura, joué par l’énorme Osugi Ren (RIP), qui est tout sauf un Yakuza. Premier point, et pas des moindres, et celui-ci fait débat, Nomura n’a rien mais vraiment rien d’un Yakuza. Il n’a pas fait de prison, il n’a pas de tatouage, c’est un homme d’affaire plus qu’un Yakuza, qui profite de la moindre occasion loin des bas gradés du clan pour se la couler douce en survet et planifier des jeux de pouvoirs en montant tout le monde les uns contre les autres. Otomo est loin de tout ça, mais la présence d’Hanada (Pierre Taki) en Corée et un léger différent avec son clan va venir tout faire déraper, et sera le point de départ d’une guerre bien sanglante qui s’annonce dévastatrice. Otomo va donc devoir revenir au Japon, pour venger un de ses hommes, tout faire pour protéger, de près ou de loin, son chef, Chang, et bien faire comprendre une bonne fois pour toute au clan Hanabishi qu’ils font n’importe quoi. Rien de nouveau sous le soleil levant dans les faits, mais Kitano filme tout ça comme souvent avec application et rend parfois jubilatoire son nouveau jeu de massacre, que ce soit dans ses rares et expéditives effusions de violence, ou dans ses manipulations avant tout verbales, où tout le monde tente de prendre le dessus sur les autres, en mentant, proposant de l’argent, faisant des alliances cachées, dans le but de monter en grade. Un certain talent pour trouver un équilibre fragile dans une formule qui a déjà fonctionné durant deux métrages. Oui, les Yakuzas n’ont plus de vrai code d’honneur, ceux de la pire espèce parviennent toujours à trouver manière à grimper les échelons du clan avec leurs coups bas, tandis que les rares hommes encore « bons » n’ont pas franchement cette chance.

Pourtant, et malgré une mise en scène aussi simpliste dans les faits que maitrisée (pas d’effets de styles inutiles), une musique discrète mais qui parvient à faire par moment énormément monter la sauce, Outrage Coda se permet de mettre du temps à démarrer. Non pas dans ces jeux de pouvoirs, mais dans son jeu de massacre, se faisant très bavard durant toute sa première heure. Peut-être un peu trop ? Oui c’est vrai, même si comme souvent, Kitano s’est entouré d’acteurs doués qui font passer l’ensemble comme une lettre à la poste, ou comme une balle de pistolet dans la tête. Voir en effet dans le même film Kitano, mais aussi Ôsugi Ren, Pierre Taki, ou même retrouver dans un petit rôle Ômori Nao (le fameux Ichi de Ichi the Killer) qui avait déjà tourné plusieurs fois pour Kitano (Dolls et Achille et la Tortue), ça fait toujours plaisir. Et quand nos Yakuzas sortent enfin les armes, ça ne plaisante pas, et ça retrouve l’énergie et le côté jouissif des deux premiers métrages. En allant sans doute même un peu plus loin, c’est après tout la dernière aventure d’Otomo, et il n’a plus vraiment grand-chose à perdre après un tel cheminement. Il n’écoute après tout même plus les ordres, comme le prouve le carnage lors d’une soirée. Et si l’humour est un peu en retrait, comme dans le second film, le film ne l’oublie pas pour autant, et nous ressortira, bien que tardivement, quelques scènes ou mises à mort assez grotesques qui feront assurément sourire. Comme je le disais, la formule était déjà là, ce troisième opus n’invente rien, mais conclut plutôt bien la trilogie, et pour les fans de Kitano, et bien, cela fait toujours plaisir à voir, surtout qu’il n’a rien réalisé depuis, et que Outrage Coda date déjà de 2017.

Les plus

Le dernier opus de la trilogie
Un jeu de pouvoir et de massacre toujours passionnant
De grands acteurs
Aussi simple qu’efficace

Les moins

Rien de nouveau
Un peu trop bavard au départ ?

En bref : Outrage Coda vient clore la trilogie, de manière plutôt logique d’ailleurs. La formule reste inchangée : coups bas, jeux de pouvoirs et massacres. Mais si l’on apprécie l’auteur et sa façon de faire, cela reste du tout bon, porté en plus par un gros casting.

8 réflexions sur « OUTRAGE CODA (アウトレイジ 最終章 ) de Kitano Takeshi (2017) »

  1. J’avais bien aimé « Outrage », vu en salle à sa sortie. J’ignorais qu’il y avait une suite, et encore moins une suite de la suite. Une trilogie qui semble bien tenir le choc en tout cas.

    1. Sa première suite pourtant, OUTRAGE BEYOND, bon, elle n’a pas eu les honneurs d’une sortie en salles (le cinéma Japonais ne passionne plus autant que lors de la première partie des années 2000), contrairement à ces nombreux polars Coréens qui finissent d’ailleurs par tous se ressembler, mais a malgré tout eu droit à une belle sortie en Blu-Ray toujours chez HK Vidéo chez nous. Qui s’était déjà occupé du premier opus. Ce troisième par contre est passé inaperçu, n’ayant droit qu’à une sortie e-cinema totalement discrète, sans pub, et peu importe ce qu’est le e-cinema, je l’ai vu en import.
      Et c’est dommage, car la trilogie oui se tient, et ce dernier opus, je l’ai même trouvé supérieur au second. Même si finalement, mon préféré reste le premier, qui avait cette facilité à marier l’humour très noir aux règlements de compte. L’on retrouve cette formule dans les deux autres, mais avec un humour noir un peu en retrait je trouve. Mais en tout cas, si tu aimes bien Kitano, et est curieux, je conseille la trilogie dans son ensemble.

      D’autres Kitano sont à prévoir en ces petits murs virtuels, je me suis refais en magnifique copie HD son ZATOICHI, j’ai enfin trouvé un de ces derniers métrages (même si les avis sont peu flatteurs sur la toile), et une furieuse envie de revoir mon préféré de lui se fait sentir (HANA BI).

        1. Alors je vais pas faire le con et tenter de le planifier début Octobre, que je ne fasse pas comme à chaque fois, promettre un film ou un article mais qu’il se perde pendant 1 an ^^ Surtout que j’aime beaucoup le film (et compte me faire l’intégrale ZATOICHI, mais doucement là).

  2. 15/20 ! Yeah ! J’adore cette trilogie. A mon sens, les meilleurs films de yakuzas récents avec les films de Shiraishi Kazuya. Aaaaah… C’était l’époque où j’allais encore pas mal au ciné. J’avais pu voir les trois films. Toujours une émotion spéciale, de découvrir un Kitano sur grand écran. Et très heureux que Kitano ait proposé un rôle à Ôsugi Ren, son vieux compère, qui allait alors bientôt nous quitter…

    1. Et oui, je l’adore aussi cette trilogie, même si ici en France elle divise énormément. Ce qui explique sans doute le côté passé inaperçu de ce dernier opus d’ailleurs.
      Par contre du coup vu aucun au cinéma 🙁 Pas même le premier que l’on a eu en salles ici, et ce alors que j’avais vu les précédents de Kitano en salles (en gros, ZATOICHI, ACHILLE ET LA TORTUE, tout ça j’ai vu en salles, l’avantage de bosser dans un petit cinéma art et essai qui passait ce genre de films en vost).

      Et oui j’y avais pensé, surtout que lorsque je l’ai découvert ce troisième opus, il nous avait déjà quitté…. Je l’ai revu récemment dans MPD PSYCHO de Miike, en me refaisant le premier épisode de cette mini série que j’adore, même si la revoir sur une grande TV HD (tournage en mini DV), ça pique un peu les yeux à quelques moments. Je me suis d’ailleurs dit, il a énormément tourné pour Kitano, Miike, dans quelques séries B (le second HIGURASHI tiens de mémoire), mais a-t-il tourné pour Sono avant son décès ?

  3. Ôsugi Ren chez Sono Sion ? Il a beaucoup tourné pour Kitano, Miike, Kurosawa, mais Sono j’ai un gros doute. Du coup j’ai tapé une recherche sur mon blog et là, magie : son nom est ressorti dans le film EXTE. ^^

    J’adorais cet acteur… Il est parti alors que sa série, BYPLAYERS où il jouait son propre rôle, passait à la télé – et je la dévorais (sur Amazon je crois, je ne sais plus). Ça a fait bizarre… A la fin du dernier épisode, il y a même eu un hommage…

    1. Ah mais oui je suis con, il avait un rôle taillé sur mesure en plus dans ce film haha. Que j’aime bien, mais, sans plus, trop bancal, mais la proposition est assez osée pour sortir de habitudes de la Jhorror.

      Je l’adorais aussi, j’étais toujours content quand je m’apercevais qu’il était dans un film alors que je l’ignorais, et ce depuis pfiou, des années, car je me souviens qu’en découvrant CRAZY LIPS en dvd zone 1 il y a bien 20 ans, j’étais tout content de le voir dedans haha.

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