Titre original : Murphy’s Law
1986 – Etats Unis
Genre : Policier
Durée : 1h40
Réalisation : J. Lee Thompson
Musique : Marc donahue et Valentine McCallum
Scénario : Gail Morgan Hickman
Avec Charles Bronson, Carrie Snodgress, Robert F. Lyons, Richard Romanus, Kathleen Wilhoite et Angel Tomkins
Synopsis : L’inspecteur Jack Murphy, de la police de Los Angeles, se remet mal de son divorce, d’autant que son ex-femme exécute chaque soir un numéro de strip-tease dans le cabaret de son amant. Une nuit, il est assommé par un individu qui « emprunte » sa voiture et abat le couple avec son revolver, lui faisant porter le chapeau. Le policier inconscient est ramené devant son domicile mais un témoin a noté son numéro d’immatriculation. Lorsqu’il revient à lui, Murphy est aussitôt arrêté par la police, et se retrouve enchaîné à Arabella McGee, une délinquante qu’il avait arrêté plus tôt dans la journée…
Je ne sais pas pourquoi je reviens sans cesse au cinéma de la Cannon Films, alors qu’avant l’année dernière et la découverte quelque peu accidentelle de quelques opus de Chuck Norris et Charles Bronson, je ne m’y intéressais absolument pas. Mais depuis, j’ai plongé dedans, et si ce cinéma reste ce qu’il est, il y a néanmoins quelque chose de touchant dans ces métrages filmés à la chaine, produit par deux boulimiques fans de cinéma, mais qui en avaient une vision quelque peu étrange, entre envie de toucher un large public avec des œuvres tout sauf subtiles (les films de Chuck, Bronson, Cobra avec Stallone), mais envie de reconnaissance et de livrer du vrai cinéma de l’autre (Runaway Train, avoir réussi à signer et produire un film de Godard, Pokanski, Cassavetes). Une société totalement contradictoire, et donc, forcément, fascinante. Et aujourd’hui, attaquons nous à La Loi de Murphy, réalisé par nul autre de J. Lee Thompson (réalisateur d’opus pour La Planète des Singes ou de l’excellent les Nerfs à Vif), et avec ce bon vieux Charles Bronson, en 1986, alors qu’il paraissait vraiment de plus en plus vieux, et que les doublures sont donc de plus en plus voyantes. La Loi de Murphy, c’est un polar, un film noir tout ce qu’il y a de plus classique, mais qui a assez d’atouts dans sa poche pour ne pas pencher du côté des nanars de la Cannon, mais qui en porte malgré tout les marques, comme une vulgarité gratuite et affichée fièrement, et une certaine façon de proposer un spectacle classique et déjà vu ailleurs, mais rythmé et compétent, ce qui l’empêche clairement d’être vus comme un réel bon film. Thompson avait déjà travaillé à de maintes reprises avec Bronson, bien avant que les deux ne rejoignent la Cannon, et d’ailleurs, leur premier film pour le studio, c’était le très sympathique Justicier de Minuit (10 to Midnight) en 1982. Ici, ils livrent un produit tout à fait potable, fonctionnel, présentable, mais néanmoins inférieur, tout en étant donc divertissant, et supérieur à certaines de leurs futures collaborations (l’année suivante déjà, avec Le Justicier Braque les Dealers).
On y suit, attention originalité, un flic un brin alcoolique après le divorce de sa femme, qui bosse dans un club de striptease, et qui va être la proie d’un tueur sauvage qui fait passer chacun des meurtres pour ses actes à lui. Notre super flic devient donc la proie de tout le monde, de ses collègues, des mafieux qui lui en veulent, et le film prend des allures de Buddy movie violent et assez surprenant dans les petits détails, et beaucoup moins dans les grandes lignes. Car au final, oui, tout est prévisible ou presque, du début à la fin, tant on enchaîne les clichés. Et ce dés le début, avec notre flic qui se réveille, va dans la salle de bain prendre une petite gorgée de Jack Daniels, avant de retourner la photo de mariage, de partir au bureau, puis d’utiliser la force quand il s’agît de procéder à une arrestation. Oui, tout est prévisible lorsqu’il prendra la fuite, quand tout lui tombe sur la gueule, avec la prisonnière qu’il a lui même arrêté plus tôt, menottée à lui, et que les deux se retrouvent à devoir bosser ensembles, le flic et la voleuse, un peu à la manière de 48 Heures de Walter Hill, la subtilité en moins, puisque croyez moi, les dialogues sont fleuris, ça n’arrête pas, c’est vulgaire, et autant parfois, oui, c’est juste vulgaire, autant parfois, ben ça fait mouche malgré tout. Cannon Films oblige donc, c’est vulgaire, un peu facile, pas subtil, Bronson joue le rôle qui lui colle à la peau depuis des années, on a droit à plusieurs exécutions sommaires et violentes, et mine de rien, ben oui, ça fonctionne. Dans une certaine mesure hein. Nous n’avons pas là un monument de cinéma ou de film noir, mais un film qui se fait compétent, rythmé, va à l’essentiel, amuse par moment, surprend à quelques rares moments, et voilà, 1h40 plus tard, on a passé un bon moment. Le plus surprenant dans tout ça finalement, ce sera le rôle du tueur. Car il ne s’agît pas d’un tueur, mais d’une tueuse, jouée avec sadisme et finalement, avec brio par Carrie Snodgress.
Elle est clairement une des réussites du métrage, tant elle semble habitée par son rôle, et passe pour une sadique presque flippante à certains moments. Il faut bien ça d’ailleurs, ce genre de petites surprises, pour élever un peu le métrage, beaucoup trop classique dans son déroulement, avec tous les proches de Jack, notre flic, qui y passent. On suit malgré tout l’ensemble sans jamais s’ennuyer. Autre point à retenir malgré tout du métrage, son final, qui se transforme alors en scène de tension dans un lieu clos, le tout en étant d’une certaine noirceur qui fait plaisir à voir, et parvient donc à instaurer une tension, tardive certes, au sein du métrage. En soit donc, un film très sympathique, mais clairement n’ajoutant rien de neuf à une formule déjà vue ailleurs, mais qui sait, à quelques rares moments, tirer son épingle du jeu pour surprendre un minimum, et donc s’avérer être un divertissement aussi musclé qu’improbable. Improbable ? Oui, car malgré tout, il faut avouer que ce scénario, en plus d’être déjà vu, il accumule les facilités, avec cette tueuse toujours là où il faut pile quand il faut, ce duo flic/voleuse qui parvient parfois de manière beaucoup trop facile à tendre des pièges à un parrain de la mafia, et où forcément, deux tirs de revolver sur une voiture à l’arrêt au loin la fera exploser. Il faut accepter ce côté série B assumée, se laisser porter par Papy Bronson qui fait de la résistance un an après Le Justicier de New York, se laisser aussi porter par les nombreuses vulgarités sortant de la bouche de Kathleen Whilhoite, qui débutait alors, et que l’on reverra dans des films aussi variés et subtils que Dream Demon, Road House ou Color of Night. Moi en tout cas, j’ai déposé le cerveau, je me suis posé en état d’esprit Cannon Films, et dans cette optique, La Loi de Murphy est même un film noir plutôt recommandable. Pas d’inquiétudes, d’autres films Cannon rejoindront le site !
Les plus
Le duo formé par Bronson et Whilhoite
Carrie Snodgress, excellente en tueuse
Le final, noir et tendu
Un film divertissant qui se suit bien
Les moins
Une intrigue classique et plutôt prévisible
Des facilités
Par moment, malgré tout trop vulgaire
En bref : La Loi de Murphy, c’est un mélange entre le film noir classique et le Buddy movie improbable aux dialogues parfois bien vulgaires. Mais contre toute attente, c’est plutôt bien mené et prenant, et on passe un bon moment.