Titre original : Kamen Byôtô – 仮面病棟
2020 – Japon
Genre : Thriller
Durée : 1h54
Réalisation : Kimura Hisashi
Musique : Yamada Yutaka
Scénario : Kimura Hisashi d’après le roman de Chinen Mikito
Avec Sakaguchi Kentaro, Nagano Mei, Uchida Rio, Eguchi Noriko, Otani Ryohei, Takashima Masanobu, Asakura Aki, Maruyama Tomomi et Kasamatsu Show
Synopsis : Hayami Shugo commence son travail comme docteur dans un hôpital qui fut autrefois un hôpital psychiatrique. Alors qu’il s’apprête à travailler de nuit, un homme avec un masque de clown débarque, après avoir braqué un konbini, amenant une jeune femme qui fut blessée lors du dit braquage. Le braqueur va prendre le personnel de garde en otage.
Avec un budget probablement confortable, la Warner derrière qui distribue au Japon, un réalisateur bien plus habitué à filmer des drama depuis 2004 que des films de cinéma, des acteurs et actrices à la belle gueule pour attirer son public fan d’idoles en tout genre (ça marche autant au Japon qu’à l’international, allez comprendre), Masked Ward, Kamen Byôtô au Japon, ne partait pas forcément bien, mais pas forcément mal non plus. Un film de studio classique en fait. Adaptant un roman de Chinen Mikito, qui participa d’ailleurs à la production du film, Masked Ward, ou Mask Ward, difficile à savoir quel titre international est réellement officiel avec ces films maintenant, avait ce petit quelque chose qui pouvait attirer le spectateur un brin curieux. Un braqueur avec un masque de clown (classique je sais), un hôpital isolé, des mystères… mystérieux, le tout pour un huis clos sur une seule nuit orageuse. Oui, ça ne sentait pas le chef d’œuvre, mais il y avait assez d’éléments pour, en cas de petite réussite, passer un bon petit moment en se prenant au jeu, et en cas de gros ratage, de rire un bon coup en passant un bon moment aussi. Sauf que Masked Ward est pile entre les deux. Pas assez bon pour que l’on soit content d’avoir perdu 1h54 de notre vie devant le spectacle, mais pas assez mauvais pour en rire. Alors, si l’on regarde un peu sur le net, on comprend rapidement que j’avais totalement raison par contre vis-à-vis du public du film. Car oui, même sur des sites répertoriant le film à l’international, et donc, en Anglais, pour des spectateurs Anglais, on voit tout de suite qu’une grosse partie du public, dés que l’on met deux ou trois idoles beaux et belles gosses en avant, courrons voir le film, et même si c’est mauvais, leur avis sera « Nice Cast » ou « Kentaro and Mei !!! » (oui, j’ai été fouiller le net pour vous trouver ces commentaires). Même un avis modéré citant ouvertement quelques défauts véritables du film rajoutera un « besides the actors… the movie is average ». Oui, donc, voilà, ça a été vu pour les acteurs.
J’épilogue longuement, je le sais, mais ce n’est pas mieux en ce qui concerne le cinéma Américain, puisque là le public courra voir un film pour un acteur, parfois sans connaître son nom, mais car il a joué Iron Man ou Captain America. En bref, un acteur ou une idole apprécié fera perdre toute objectivité au public. Au grand public en tout cas. Ce n’est pas mon cas, car même si j’apprécie certains acteurs et actrices, certains réalisateurs, et ben quand c’est raté, c’est raté, point barre. Quand on regarde un film, c’est pour le film. Masked Ward donc, on y arrive. Le film avait du potentiel, et si je vous disais qu’il n’était pas assez bon pour faire passer un bon moment, et pas assez mauvais pour en rire, c’est car j’ai eu cette sensation que malgré la médiocrité générale, le film était coupé en deux parties. Deux parties d’une heure chacune. La première met en place les personnages, l’intrigue, les mystères de cet hôpital de nuit. Et si les défauts sont présents, et bien, personnellement, j’arrive à les accepter et à prendre le film pour ce qu’il est. La première heure est, en ce sens, regardable, et disons même plutôt efficace par moment. Oui la mise en scène n’est pas fameuse, oui la photographie est bien trop lumineuse et trahit encore une fois le background du réalisateur, habitué aux dramas. Mais ça se regarde, on se demande où tout cela va nous amener, même si un de ses twists, on le grille immédiatement. Comment ne pas se douter qu’il y a un souci quand un braqueur, armé, qui n’hésiterait pas à tuer (il menace plusieurs fois le personnel hospitalier), amène sa propre victime à l’hôpital pour qu’elle se fasse soigner, alors qu’il sort d’un braquage dans un konbini, et est donc recherché par la police. On s’en doute, le film n’est de toute façon pas subtil une seule seconde, mais en fonction du pourquoi du comment, ça pourrait passer, ou presque en tout cas. La frontière entre le bon et le mauvais, le ridicule et le mouerf. Du coup, la première heure, je l’ai suivie avec un petit intérêt, celui de savoir la raison, de voir si le château de cartes va s’écrouler sur la table d’opération ou pas.
Et dans la seconde heure, tout s’écroule. Déjà car la fin du second acte, qui se décide à se bouger, est totalement foiré, avec des twists qui font sourire, mais jaune, mais aussi un rythme qui veut se bouger mais n’arrive jamais à être crédible. Oui, quand on voit un acteur donner un coup, on rigole, tant ça sonne faux. Ces rebondissements sont un peu foirés, ça ne fonctionne pas vraiment, les acteurs ne sont pas crédibles. Sauf que le film dure 1h54, et qu’il reste plus de 20 minutes au compteur. Car Masked Ward ne va pas se contenter d’être un huis clos dans un hôpital, non, il lui faut un dernier acte à l’extérieur pour nous dire clairement le pourquoi du comment. Et c’est clairement catastrophique et tiré par les cheveux…en plus de tirer en longueur le récit qui n’avait clairement pas besoin de ça. On passe de film moyen dans un hôpital à un film qui se croit malin alors que, et bien, pas spécialement. Et finir ce troisième acte devient clairement pénible, surtout quand le ridicule pointe le bout de son nez avec une morale finale qui m’aurait presque fait rire, si elle ne venait pas achever un métrage de quasi deux heures. Sans oublier cette petite scène finale, que j’ai vu venir à des kilomètres, et qui était dans tous les cas sans doute de trop. Masked Ward rate donc la coche. Trop long, trop sérieux, peu crédible dans ses twists, par moment bien trop prévisible, mais dans le genre, ironiquement pas si mal joué que ça la plupart du temps. Une déception de plus ? Pas vraiment vu mes attentes. Mais sans doute une preuve de plus que le système se sert des goûts déraisonnés du public, et que ce même public oublie clairement que de base, il est censé regarder un film, plutôt qu’un véhicule pour mettre en avant des personnalités qu’il apprécie. Et au final, je ne suis pas certain que ça fasse du bien à leur carrière, ni ne donne une bonne vision de leur possible talent au public qui les découvre (ce fut mon cas).
Les plus
La première heure se regarde
Beaucoup d’éléments qui présagent un film sympathique
Certains acteurs finalement plutôt bons
Les moins
Une seconde heure catastrophique
Des twists tirés par les cheveux pour certains
Des twists prévisibles pour les autres
Des moments ridicules
En bref : Masked Ward, ce n’est clairement pas un grand film. Blindé de défauts, avec des twists ratés, un manque de subtilité évident (et un manque de talent ?), c’est dommage car en soit, la première heure se regarde malgré ses défauts, mais tout s’écroule bien vite et ça devient interminable sur la fin.