V/H/S/94 de Jennifer Reeder, Chloe Okuno, Steven Kostanski, Simon Barrett, Timo Tjahjanto et Ryan Prows (2021)

V/H/S/94

Titre original : V/H/S/94
2021 – Etats Unis
Genre : Found Footage
Durée : 1h40
Réalisation : Jennifer Reeder, Chloe Okuno, Steven Kostanski, Simon Barrett, Timo Tjahjanto et Ryan Prows
Musique : Greg Anderson
Scénario : Jennifer Reeder, Chloe Okuno, Simon Barrett, Timo Tjahjanto et Ryan Prows

Avec Kimmy Choi, Nicolette Pearse, Anna Hopkins, Christian Potenza, Brian Paul, Conor Sweeney, Kyai Legend, Devin Chin-Cheong, Shahabi Sakri, Budi Ross, Daniel Ekaputra, Donny Alamsyah, Christian Lloyd, Thomas Mitchelle Barnet et Cameron Kneteman

Synopsis : Lors d’une descente faite par une unité du SWAT dans un entrepôt abandonné, les membres découvrent un culte et de nombreuses VHS entreposées là…

Ceux qui me connaissent le savent bien, le found footage et moi, on n’a jamais été potes. Souvent une manière de justifier une incompétence technique et de filmer du vide sous l’excuse du réalisme et de l’immersion. Et bien désolé, mais quand je regarde un film, ce n’est pas une migraine qui va m’immerger dans l’histoire, mais plutôt une bonne histoire. Et j’ai donc forcément une relation plutôt épineuse avec la saga V/H/S. Déjà car en faisant le choix du film à sketchs, forcément, l’éternel défaut de la qualité variable est présente. Mais ici, encore plus du coup, puisqu’outre la qualité des histoires, on a aussi la qualité des réalisateurs qui joue énormément. Entre ceux qui s’amusent et savent filmer malgré les contraintes du dit genre, et ceux qui rentrent dans la catégorie de l’esbroufe et de l’incompétence, car de toute façon, le style même excuse les défauts. Du premier V/H/S, je ne retiens que le premier sketch, signé David Bruckner, qui signa par la suite le bon Le Rituel. Le reste était au mieux bancal, au pire mauvais et donnant la migraine. Un peu la même chose pour V/H/S/2 en fait. Je retiens évidemment le sketch Safe Heaven signé Gareth Evans et Timo Tjahjanto, gore, jouissif, sans concessions, tandis que j’ai littéralement oublié tous les autres. Le troisième opus, nommé Viral, j’ai fais l’impasse, puisque même les fans du genre furent déçus, alors imaginez le carnage pour quelqu’un comme moi. L’annonce d’un nouvel opus, tant d’années après le précédent, ne me faisait rien, et j’admet que je serais simplement passé à côté si le nom de Timo Tjahjanto ne figurait pas encore dans la liste des réalisateurs. Oui, le coréalisateur du meilleur sketch du second film, mais aussi le réalisateur de The Night Comes for Us, ou encore May the Devil Take You et sa suite. Du coup, je devais voir ce V/H/S/94. 94 pour bien dire que ça se passera dans les années 90, et y ajouter un grain d’image dégueulasse comme à l’époque. Verdict ? C’est sans surprise très inégal.

Mais on remarque immédiatement que ce nouveau V/H/S semble faire un choix qui ne plaira certes pas à tous, mais qui est sans doute le bon choix. Terminé donc le réalisme, ou les simples histoires de zombies ou autres, on n’hésite pas ici à aller dans le grotesque le plus total. 4 sketchs et une fausse pub, le tout relié par un sketch signé Jennifer Reeder, incroyablement mauvais d’ailleurs, qui débute le film, le clôt et vient se continuer doucement entre chaque sketch. Oui, je l’ai dit, et ça fait d’emblée du mal, mais l’histoire reliant le tout est mauvaise. C’était déjà souvent le cas dans les précédents, mais là en plus, ça joue extrêmement mal. Le métrage ne va pas être aidé au final par les deux premiers sketchs. Si le premier, signé Chloe Okuno, n’est pas véritablement mauvais, arrivant même au départ à poser une ambiance agréable, enfin, horrifique, il se plante lors de son final, justement lorsqu’il se décide à partir dans le grotesque, avec une créature improbable et des effets gore dégoulinants. Par contre, et on le remarque très vite, l’aspect années 90 voulu par le métrage fonctionne plutôt bien. L’image a subie un traitement, plus ou moins abusif suivant les sketchs, mais qui parfois, rend plutôt bien. Malheureusement, après ce premier sketch qui s’écroule sur la fin et une fausse publicité signée Steven Kostanski (The Void, Psycho Goreman), on débarque dans le second sketch, tout simplement mauvais, et qui en plus peine à intégrer le concept de found footage. Oui, normalement, on a des journalistes, ou des jeunes qui s’éclatent avec une caméra, ou même des caméras de sécurité ou autres pour faire passer la pilule. Rien de tout ça ici, mais juste des caméras disposées dans une pièce car la famille d’un défunt veut filmer la veillée. Oui, c’est risible, et le problème, c’est que même sans tiquer sur cet élément, tout le sketch est risible et la sauce ne prend pas. Jamais passionnant, jamais stressant, jamais vraiment sanglant, c’est l’ennui qui pointe dés ce sketch. C’est là en quelque sorte que débarque le messie !

Oui, le troisième sketch signé Timo Tjahjanto vient dynamiter la formule, de manière parfois maladroite certes (l’abus de CGI) mais de manière généreuse, outrancière, gore. Un peu comme si le réalisateur avait voulu faire un Tetsuo hyper gore, avec ce scientifique fou voulant créer un humain évolué grâce à des pièces et armes mécaniques, et, pour rendre le tout encore plus couillu, en plaçant la dite caméra dans la tête d’une des créatures. Si bien que si tout commence doucement et que l’on pourrait sourire en pensant au Robocop du pauvre (la création de la créature vue par ses yeux), on part très rapidement dans un carnage gore où les corps sont éclatés, explosés, tranchés, mitraillés et j’en passe. Dommage pour les CGI, lors des tirs d’armes à feu ou les explosions, car pour le reste, le sketch fait ce qu’il peut pour nous réveiller, et il y parvient. C’est encore plus dommage du coup que l’on doive enchaîner sur le dernier sketch signé Ryan Prows, qui, s’il n’est pas le plus mauvais, et semble être le seul à vouloir un vrai rendu visuel de caméscope des années 90, peine à convaincre. Il y a quelques idées, des moments gore qui font mouche sur la fin, mais la sauce ne prend pas, on a du mal à être surpris et à s’investir dans cette histoire de groupe extrémiste retranché dans un fort pour « reprendre l’Amérique », alors que le sujet est vraiment d’actualité. Un peu comme V/H/S/2, on a là un film véritablement déséquilibré de bout en bout, avec un sketch un peu bancal mais hyper généreux, d’autres totalement foirés, d’autres sympathiques mais qui se plantent soit sur la fin, soit ont du mal à démarrer. Certains dirons un film à sketch tout ce qu’il y a du plus banal donc. C’est le cas dans le fond, et c’est dommage, même si on ne passe pas forcément un mauvais moment non plus.

Les plus

L’ambiance du premier sketch dans les égouts
Le sketch Indonésien, gore, fou, sans concessions
L’esthétique années 90 souvent réussie

Les moins

Le sketch liant le tout, proprement raté
Le second sketch, moyen et dispensable
Des CGI clairement ratés

En bref : V/H/S/94 est une suite que personne n’attendait, mais 2021 semble l’année des résurrection (un nouveau Paranormal Activity que je m’empresserais de ne pas voir). En soit, le spectacle n’est pas honteux, bien qu’il ai les défauts à la fois du found footage et du film à sketch. Parfois bon, parfois mauvais, très inégal, parfois trop timide, parfois hyper généreux et gore.

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