Titre original : Matchstick Men
2003 – Etats Unis
Genre : Comédie
Durée : 1h56
Réalisation : Ridley Scott
Musique : Hans Zimmer
Scénario : Ted Griffin et Nicholas Griffin
Avec Nicolas Cage, Sam Rockwell, Alison Lohman, Bruce Altman, Bruce McGill, Sheilla Kelley, Beth Grant et Melora Walters
Synopsis : Deux professionnels de l’arnaque à la petite semaine – Roy, le vétéran du tandem, et Franck, son jeune et ambitieux émule – fourguent à des coûts prohibitifs des « systèmes de filtrage d’eau » bas de gamme, assortis de lots alléchants : voitures, bijoux ou croisières tropicales, que leurs victimes ne collecteront bien sûr jamais. Ces opérations sont juteuses, mais la vie privée de Roy est moins reluisante. Agoraphobe et sujet à des tics obsessionnels compulsifs, il consulte un psy pour continuer à fonctionner. C’est alors qu’il découvre avec horreur qu’il a une fille – une enfant dont il soupçonnait l’existence, mais qu’il n’avait jamais cherché à rencontrer. Pis, Angela, 14 ans, n’a qu’une envie : retrouver son père. L’arrivée impromptue de l’adolescente bouleverse les routines névrotiques de Roy, mais passé le choc initial, celui-ci commence à prendre goût à sa tardive paternité…
Étrange film que ces Associés, dénomination Française pour Matchstick Men, film que Ridley Scott réalise en quelque sorte entre deux gros projets qui lui tenaient probablement bien plus à cœur. Pourquoi ? Est-ce si voyant ? Le produit final est-il si mauvais et entouré de films cultes que l’on doit oublier les Associés ? Alors, on se calme tout de suite. Si je ne suis pas un film des Associés et qu’en effet, mon avis penche plus d’un côté ou de l’autre de la balance au fur et à mesure des années et surtout des visions, sans jamais être un avis totalement définitif (quel bordel), Les Aossociés n’est clairement pas un film qui a été torché et qui devrait être oublié. Loin de là même. Même si coincé entre deux films qui devaient probablement bien plus intéresser Scott, puisque deux films parlant d’histoire, et donc, d’histoires vraies, que celles-ci soient récentes (La Chute du Faucon Noire, réalisé juste avant, en 2001, et parlant d’un fait de guerre de 1993) ou bien plus éloignées (Kingdom of Heaven qu’il réalise donc ensuite, en 2005, et qui se déroule au XIIe siècle), le métrage a malgré tout bénéficié du soin habituel de Ridley Scott, dans son enrobage visuel (photographie signée John Mathieson, habitué des films de Scott depuis Gladiator), son enrobage technique tout court même (Zimmer à la musique), et ce malgré un budget bien moins élevé que d’habitude (62 millions de dollars environ). Les Associés donc, c’est un film léger, une sorte de comédie policière, mais où l’aspect à la fois comique et policier sont légers. On sourira parfois devant notre écran, sans pour autant rire des situations, et les twists sont finalement peu nombreux, l’intrigue préférant prendre son temps pour mettre en place doucement son scénario et son ultime twist, sans que celui-ci ne s’avère, au final, renversant.
Le film a ce petit quelque chose d’assez étrange. Il est compétent à tous les niveaux, que ce soit son scénario, pas plus mauvais que d’autres films d’arnaques, la mise en scène de Scott est carrée, la photographie de John Mathieson tend vers les teintes bleutées collant à merveille avec son personnage principal, maniaque de la propreté passant son temps à tout nettoyer (donc, le bleu pour le côté aseptisé), le thème principal d’Hans Zimmer s’écoute très bien, et puis, le casting s’en sort à merveille. Le trio principal fait en effet bien plaisir. Nicolas Cage trouve un rôle qui lui va comme un gant, où il peut cabotiner de manière justifiée, avec ce personnage maniaque, agoraphobe, avec ses nombreux tics. À ses côtés, on trouve Sam Rockwell a une époque où l’acteur était, en quelque sorte, dans son pic de popularité (on la trouvait en méchant dans du blockbuster façon McG, avec Charlie et ses Drôles de Dames, mais aussi dans des films plus intimistes et intéressants, comme chez George Clooney et ses Confessions d’un Homme Dangereux), et une jeune mais pas si jeune Alison Lohman (Jusqu’en Enfer de Sam Raimi), qui ici se fait passer pour une jeune de 14 ans, la fille de Cage, alors qu’elle avait 24 ans lors de la sortie du film, et l’illusion est parfaite, chapeau. Roy (Cage) et Frank (Rockwell) sont donc des arnaqueurs, et alors que rien ne semble aller dans la vie de Roy, il apprend l’existence d’Angela (Lohman), sa fille, qu’il va vouloir rencontrer, apprendre à connaître, et par la force du destin, amener avec lui dans ses petites magouilles, allant jusqu’à lui apprendre les ficelles, puis la faire participer à un gros coup. Gros coup, qui, on s’en doute, monde du cinéma oblige, ne va pas se passer comme prévu, et venir, très tardivement, compliquer l’intrigue.
Tardivement car les Associés prend son temps la plupart du temps, préfère nous exposer ses situations et développer ses personnages. Ce n’est pas un mal dans le fond, cela pourrait donner une version de petits arnaqueurs d’un film comme Ocean’s Eleven de Soderbergh, avec une équipe plus réduite, et le glamour de Vegas en moins. Sauf que non, le métrage de sir Ridley Scott a parfois bien du mal à s’en sortir, sans, encore une fois, ne jamais être désagréable à regarder, loin de là. Le film se savoure comme un petit bonbon légèrement acidulé, qui une fois consommé, aura été apprécié, mais laisse sur notre faim, comme si ces différentes saveurs étaient là, mais pas assez bien dosées, ou juste pas assez mise en avant. Ce qui est d’autant plus étonnant quand on jette un œil au scénario du film, signé par les frères Griffin, dont le plus connu, Ted, a justement signé le scénario en 2001 d’un certain Ocean’s Eleven (et aussi du génial et oublié Vorace en 1999). Assez étrange donc, mais venant valider ma théorie d’un Ocean’s like plus intimiste et posé, mais dont les ingrédients fonctionnent pour le coup un peu moins. En résulte un film de Scott mineur même si sa mise en scène est bonne, un Cage mineur même s’il est très bon dans son rôle également. Un film qu’on ne peut pas détester, qui fait passer un bon moment, mais qui pour le coup est sans doute beaucoup trop léger pour marquer, surtout que finalement, il demeure assez prévisible sur pas mal de points.
Les plus
Techniquement soigné
Casting principal appliqué
Un film léger qui se suit bien
Les moins
Mais finalement, beaucoup trop léger et oubliable
Peu de moments marquants
Assez prévisible dans les grandes lignes
En bref : Les Associés, ça a beau être sympathique et plaisant à voir, c’est un film avec peu de surprises, et un film mineur de la part de Ridley Scott.