ADRIFT IN TOKYO (転々) de Miki Satoshi (2007)

ADRIFT IN TOKYO

Titre Original : Tenten – 転々
2007 – Japon
Genre : Comédie Dramatique
Durée : 1h41
Réalisation : Miki Satoshi
Musique : Sakaguchi Osamu
Scénario : Miki Satoshi et Fujita Yoshinaga

Avec Odagiri Joe, Miura Tomokazu, Koizumi Kyôto, Yoshitaka Yuriko, Asô Kumiko, Fuse Eri, Hiraiwa Kami, Matsushige Yutaka, Hirata Tomoko et Hirota Leona

Synopsis : Un étudiant endetté reçoit la visite d’un créancier, qui lui propose un étrange marché : il effacera ses dettes s’il accepte de marcher avec lui, à travers Tokyo, pour se rendre au commissariat afin de confesser un crime qu’il regrette… N’ayant pas d’autre option, le jeune homme accepte.

Je dois me confesser, je n’avais strictement jamais entendu parler de Adrift in Tokyo, ni du réalisateur Miki Satoshi d’ailleurs, également scénariste, qui a pourtant bien plus d’un film derrière lui, et dont un rapide coup d’œil sur sa filmographie me fait plutôt envie, et me fera remarquer également qu’il est possible que l’on reparle de lui prochainement, ayant également son Instant Swamp de 2009 en stock. Adrift in Tokyo, c’est très loin d’être son premier métrage, et ça a apparemment fait pas mal de bruit lors de ses passages en festival (gagnant quelques prix, comme meilleur scénario, meilleur second rôle, prix du public), en plus d’avoir eu droit à une sortie Française en DVD chez Spectrum Films. Ce qui me fait clairement dire que ces dernières années, j’ai totalement délaissé les sorties Françaises, pour une raison qui se remarque assez rapidement en jetant un coup d’œil général aux catalogues des gros éditeurs ; si le cinéma Japonais et de Hong Kong étaient tous les deux à la mode au début des années 2000, les années passant, l’industrie et les éditeurs semblent se focaliser avant tout sur le cinéma Coréen. Mais bref, parlons un peu du film, et donc, du voyage proposé au sein de la métropole Japonaise qu’est Tokyo, sans doute le troisième personnage principal du film, qui nous est présenté de manière bien plus subtile que prévue. Car quand on pense à Tokyo, qu’est ce qui nous vient à l’esprit ? Le carrefour de Shibuya, la gare de Shinjuku bondée, le quartier rouge de Kabukicho, ses nombreux salarymen… Les clichés de la capitale Japonaise. Clichés que le film cherche à éviter, nous montrant alors un autre visage de la ville. Nous y suivons dans un premier temps un jeune étudiant endetté, Takemura Fumiya, joué par Odagiri Joe, dont je connais également peu la carrière malgré que celle-ci soit souvent parsemée de grands films ou de films intéressants du moins (Azumi, Hazard, Retribution, Air Doll et j’en passe).

Endetté, et en mauvaise posture, puisqu’en guise de scène d’ouverture, Fukuhara (génial Miura Tomokazu) débarque chez lui pour le manquer et lui faire comprendre qu’il est l’heure de payer. Sauf que Adrift in Tokyo n’est pas un polar, ni un drame social quoi qu’un peu parfois, mais plus un portrait doux amer de ses deux personnages. Tout les oppose, mais Fukuhara va proposer à Takemura un deal qu’il ne peut refuser. Sa dette sera effacée à condition qu’il accepte de marcher pendant plusieurs jours avec lui à Tokyo, traversant la ville de toute part, jusqu’à atteindre la destination souhaitée : le commissariat d’un certain quartier, où Fukuhara compte se rendre afin de confesser un crime qu’il ne se pardonne pas, et qui nous sera révélé au fur et à mesure de l’avancement de l’intrigue, et des liens qui se tisseront entre nos deux personnages. Durant leur périple, forcément, de nombreux petits quartiers, des boutiques, des temples, des restaurants, et des personnages rencontrés, le temps d’une scène ou deux. Un sans abri, une gérante de restaurant, le propriétaire d’une boutique de montres, une peintre, un guitariste de rue, un acteur célèbre venu jouer son propre rôle le temps d’une scène, où une femme s’étant fait passer pour la femme de Fukuhara lors d’un lointain passé, la galerie est impressionnante, et chaque personnage amène un petit plus au métrage finalement, que ce soit un petit moment étonnement doux, un moment décalé. Nous voyageons en fait aux côtés de nos deux compères à travers Tokyo, allant de rencontre en rencontre, souriant face aux situations, se prenant d’affection pour les personnages sans pour autant que le trait ne soit forcé. C’est d’ailleurs là la première grande réussite du métrage, nous faire nous intéresser à ses deux héros que tout oppose et qui vont apprendre à se connaître durant quelques jours seulement, sans jamais que le réalisateur n’appuie ses effets ou n’en fasse trop.

Seule ombre au tableau, qui n’en est pas vraiment une, la présence dans le métrage de plusieurs scènes tournant autour de trois employés de bureau, qui permet certes quelques moments amusants avec des acteurs que l’on connaît (Matsushige Yutaka et Iwamatsu Ryo par exemple) et avec la femme même du réalisateur, l’actrice Fuse Eri. Ces moments ne sont pas ratés, ils amusent parfois via certains gags, mais ils semblent trop déconnectés du reste, puisque contrairement aux autres personnages du métrage, Fukuhara et Takemura ne les rencontreront pas. Oui, il y a bien un lien évidemment, mais il semble plutôt léger, et le film n’aurait pas grandement changé sans eux. Mais à côté de ça, chaque rencontre est un grand moment, parfois doux, parfois attendrissant, parfois insignifiant, parfois très drôle… Un peu comme la vie en fait, passant d’un extrême à un autre, d’une situation à une autre. Et dans cette longue galerie de personnages, qu’elle ne fut ma surprise de retrouver pour ce que l’on pourrait considérer comme le dernier « sketch » du film la alors débutante Yoshitaka Yuriko, charmante comme toujours, et donc peu connue à l’époque, puisque n’ayant quasiment jouée que dans l’excellent Noriko’s Dinner Table de Sono Sion. Ce qui me fait penser que je dois toujours voir Snakes and Earrings avec elle, un autre film de ses débuts, avant qu’elle ne joue dans de grosses productions comme Gantz et sa suite, ou Kaiji 2. Mais je m’égare (et vous conseille). Bref, Adrift in Tokyo, c’est invitation à voyager, à marcher dans des petites rues moins fréquentées, à découvrir des petits restaurants méconnus aux côtés de personnages hauts en couleurs pendant 1h40. On passe un excellent moment devant le film, comme si on avait vraiment marché en ville en discutant. Miki Satoshi réussi un excellent film avec un concept aussi casse gueule, et qui méritait donc autant une finesse d’écriture que de grands acteurs. Pari réussi.

Les plus

Un film frais, rafraichissant même
L’ensemble du casting
Un film qui n’en fait jamais trop
Des situations, lieux et personnages variés

Les moins

Les passages dans le bureau

En bref : Adrift in Tokyo, c’est un voyage dans les rues de Tokyo en compagnie de deux personnages un peu perdus et qui vont apprendre à se connaître au fur et à mesure des rencontres. Amusant, doux, et finalement, excellent.

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